Frédéric Routens, aide-soignant au sein d'une unité de soins palliatifs, a réalisé un travail sur "L'impact de la religion et de la spiritualité sur le vécu de la mort" dans le cadre de son diplôme universitaire (DU) accompagnement et fin de vie (2012-2013). Il souhaite aujourd'hui le partager avec la communauté d'aide-soignant.com et nous l'en remercions.
Frédéric introduit ainsi son travail : Je suis aide-soignant en unité de soins palliatifs (USP) au centre hospitalier Victor Dupouy d'Argenteuil dans le Val d'Oise (95), depuis son ouverture en 2010. Le sujet que j'ai choisi et que je vais essayer de mettre en forme est « L'impact de la religion et de la spiritualité sur le vécu de la mort
.
J’ai remarqué, pendant ces trois années, que les familles avaient beaucoup de difficultés à faire face à la mort d'un proche. Les difficultés des familles face à cette mort plus ou moins attendue, me paraissent être le plus souvent :
- le déni de la maladie qui ne sera plus guérie, de la séparation à venir ;
- la culpabilité de ne pas avoir fait le maximum pour ce proche ;
- le refus de faire face à cette mort, car ils se l'interdisent, peut-être par peur d’oublier tous ces souvenirs, peur d'anticiper la mort et peur de la rupture et de la vie "après" sans l’autre.
J'ai pu noter que certaines familles mettaient leur religion ou certains rites en avant pour faire face à leur deuil ou simplement relativiser leur propre mort ou celle d'un proche.
J'ai travaillé en unité de pneumologie pendant plusieurs années et nous avions des Lits Identifiés Soins Palliatifs (LISP) parmi les 28 autres patients du service. J’étais alors aide-soignant référent accompagnement et fin de vie. J’avais pris conscience à quel point il est complexe de s'occuper des personnes en fin de vie dans un tel service et de suivre les familles. Cela m’avait aussi fait beaucoup réfléchir aux rites que les familles mettaient en place pour faire vivre leur deuil. En USP, nous nous occupons différemment des patients et de leurs familles, nous suivons le rythme de chacun, et sommes plus à l'écoute des familles. Nous essayons au maximum de respecter les croyances et les rites, mais pourtant cela n’empêche pas qu'une séparation soit toujours difficile.
L'attitude soignante à adopter m'a beaucoup interpellé au regard des attitudes familiales face à cette souffrance psychologique. Quand l'entourage exprime une vive détresse au moment du décès, quelle posture faut-il avoir ? Que faut-il en faire ? Faut-il laisser faire ? Asséner la vérité ? Dire les choses de manière crue ? Est-ce aidant ? violent ?
En tant qu'aide-soignant, il y a souvent des situations difficiles à gérer. Il m'est ainsi déjà arrivé de :
- faire une projection sur une situation de ma vie privée ;
- m'identifier aux familles et de partager leurs émotions (tristesse, pleurs...).
De mon point de vue le risque serait alors une banalisation des soignants face à ces angoisses de mort ou au contraire, une intellectualisation de celles-ci. Quand les réactions familiales sont violentes, les soignants peuvent vite se sentir menacés et mettre en place de telles attitudes défensives.
Il est vrai que la mort est considérée de plusieurs façons selon les cultures, les croyances. Les sentiments sont différents. Bien que semblables, ils sont exprimés différemment, voire réprimés.
Ce travail m'a demandé un investissement personnel et un grand travail de réflexion. J'ai le sentiment d'en retirer beaucoup d'éléments positifs qui me font penser différemment mon rôle. Ma pratique professionnelle s'est déjà modifiée, je me pose plus de questions sur certaines situations, ou certaines pratiques, mon regard a évolué. Et j'espère devenir un bon référent aide-soignant en accompagnement et fin de vie auprès de mes collègues ».
Lire le mémoire "L'impact de la religion et de la spiritualité sur le vécu de la mort"
Aurélie TRENTESSERédactrice aide-soignant.comaurelie.trentesse@infirmiers.com
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