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L'aide-soignant face à la fin de vie

Publié le 20/05/2014
homme lit

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Mary-Agnès Clermont, aide-soignante et présidente de l'Association Présence, a effectué un mémoire sur le thème "L’aide-soignant face à la fin de vie" dans le cadre de son diplôme inter-universitaire de soins palliatifs et d'accompagnement. Elle souhaite aujourd'hui le partager avec la communauté d'aide-soignant.com et nous l'en remercions.

Mary-Agnès Clermont, aide-soignante et présidente de l'Association Présence (bénévoles d'accompagnement auprès des personnes en fin de vie et des personnes en deuil), a soutenu, avec succès, son mémoire sur le thème « L'aide-soignant face à la fin de vie » en novembre 2013. Elle a réalisé ce travail dans le cadre de son diplôme inter-universitaire de soins palliatifs et d'accompagnement et explique que « ce mémoire aborde le rôle de l’aide-soignant dans sa mission d’observation et de transmission des signes cliniques de la phase terminale des personnes âgées en institutions gériatriques. Une enquête auprès de cinq aides-soignants exerçant en EPHAD a permis d’identifier comment les signes cliniques annonciateurs de la fin de vie étaient repérés et par quels moyens ils étaient transmis à l’équipe soignante. L’aide-soignant élabore une relation de proximité avec les personnes âgées et le regard qu’il porte sur les modifications physiques et psychiques inhérentes à la fin de vie contribue à une prise en soin globale. »

Mary-Agnès débute ainsi son travail de recherche : « Vous pourrez dire à la famille, que Mme L. n’est pas morte seule ». Cette réflexion de la directrice de la maison de retraite dans laquelle je travaillais, en tant que soignante de nuit, m’avait laissée très interrogative. Je n’en comprenais pas le sens, moi qui avais passé la nuit à surveiller les moindres souffles, les moindres modifications de position de cette vieille dame parvenue au seuil de sa vie. La plus seule des deux avait été peut-être moi, qui à l’époque étais moins formée à l’accompagnement de la fin de vie. En fait, cette phrase m’a conduite durant toute ma carrière de soignante, d’aide-soignante, à rechercher le plus dans la relation soignant-soigné afin que ni l’un ni l’autre n’éprouve ce sentiment de solitude face à la mort. Une idée très utopique, parfois en décalage avec les équipes soignantes, les médecins, et les directions. Mourir vieux est normal, une évidence, une logique dans le parcours de la vie.

Néanmoins, mourir vieux c’est aussi mourir avec son histoire, son parcours de vie unique. Ce parcours de vie reconnu et écouté m’a permis d’être à côté de ces personnes vieillissantes et mourantes, tentant ainsi de ne pas être devant ni derrière, juste assez proche et assez loin, la juste distance.

Sans doute que ma prise de conscience d’un tout, où la vie et la mort se rencontrent, où la joie et la tristesse se mêlent, a été le fil conducteur de ma ténacité à demeurer aide-soignante et à me former toujours plus. Ces formations successives, pas comprises ou vues comme aléatoires, n’apportant rien à mon ascension professionnelle, ou à mon salaire, ont été toujours riches d’enseignements, d’évolutions personnelles et de rencontres passionnantes. Du premier stage dans le service du Professeur Albarède à aujourd’hui, il me semble logique d’être arrivée en DIU soins palliatifs, non seulement pour une légitimité professionnelle, mais également pour une crédibilité dans mon engagement associatif. Je suis depuis deux ans présidente de l’Association Présence, qui regroupe les bénévoles d’accompagnement auprès des personnes en fin de vie, et des personnes en deuil. Cette implication a été révélatrice dans la compréhension des enjeux de notre société au devoir d’accompagner ceux qui souffrent, fragiles et vulnérables. Formée moi-même à cet accompagnement bénévole, non soignant, je pense que nous ne pouvons pas faire l’économie du savoir et de la connaissance de l’approche palliative ; le temps de la mort ou du deuil sont des temps à vivre, à partager et à accompagner. La difficulté est de demeurer vigilant à ne pas faire du bénévole un professionnel, mais de lui donner quelques clefs pour rejoindre l’autre, un temps donné et ajusté. Poursuivre en deuxième année de DIU a été sans doute un aboutissement de ma volonté à dire également que les aides-soignants peuvent aller toujours plus loin, à condition qu’ils ne considèrent pas comme le bas de l’échelle, ceux qui font et qui ne savent rien, ils ont des connaissances qui ne demandent qu’à être reconnues et transmises.

Lire le mémoire de Mary-Agnès Clermont sur "L'aide-soignant face à la fin de vie"

Aurélie TRENTESSERédactrice aide-soignant.comaurelie.trentesse@infirmiers.com


Source : infirmiers.com