L’idée fausse selon laquelle il faut avoir un bac pour aller à la fac est trop répandue ; si répandue que beaucoup d’aides-soignants n’imaginent même pas que des diplômes universitaires puissent leur être ouverts. L’histoire de Nadine nous montre ce qui est possible !
Nadine est peut-être ce qu’on peut appeler une « vieille » aide-soignante. Elle travaille dans son hôpital depuis 1992 d’abord comme ASH faisant fonction d’aide-soignante puis depuis 1999 comme professionnelle diplômée. Elle occupe un poste de nuit dans une unité de soins palliatifs depuis 10 ans. Et elle a fait un diplôme universitaire (DU) !
Un cheminement atypique
La logique aurait voulu qu’elle s’oriente vers un DU douleur ou un DU soins palliatifs1 mais tel ne fut pas le cas. C’est au travers d’une activité extra-professionnelle dans la troupe de théâtre de son CHU que le long parcours vers le diplôme universitaire a commencé.
Un jour, en 2012, le cadre supérieur de santé en charge de la formation, notamment par le biais de la simulation en santé, lui demande si elle serait d’accord pour « jouer » un patient. Elle a le rôle d’un patient avec un mécanisme de défense dans le cadre d’une formation par simulation d’annonce de diagnostic en oncologie ; une formation destinée à des médecins et des internes. L’expérience est un succès, la formation est primée (1er prix ANFH 2012 pour l’innovation dans la formation) et Nadine, conquise et intéressée, part en congrès sur la simulation à Chambéry en 2013 (2e colloque francophone de simulation en santé – 24 et 25 janvier). Ce fut, pour elle, une vraie découverte et une adhésion à cette méthode pédagogique.
Pour approfondir son investissement dans ce domaine d’activité, son cadre supérieur l’encourage à partir se former en DU. Elle signale que lui croit beaucoup plus en elle qu’elle ne s’en sent capable elle-même. Il insiste et elle se décide à faire la demande.
Pour la faculté, il n’y a pas de problème. Pour l’encadrement de proximité, ce fut plus compliqué mais Nadine put malgré tout partir en formation sur la base d’un projet institutionnel plutôt que sur un projet de service. Qu’importe, l’essentiel était d’y aller ! Par la suite, sa cadre fut nettement plus arrangeante pour ses absences (2 jours par mois tout de même). Par ailleurs, Nadine bénéficie des encouragements nombreux de ses collègues AS et IDE.
L’épreuve de la formation
La formation en elle-même a été une autre épreuve. Se décrivant comme effacée et timide dans ses prises de parole, Nadine a souffert d’un sentiment d’infériorité au sein d’une promotion composée de médecins, de cadres et des quelques IDE mais dont elle était la seule représentante AS ! Cela ne l’empêche pas de s’intégrer au groupe. Lors des cours, elle a eu le sentiment d’avoir plus de choses à apprendre que les autres. Elle sous entendait qu’elle partait de plus loin. Elle s’est tout de même rendu compte que son expérience comme patient simulé lui était bénéfique et elle a pu la faire partager aux autres.
La dernière angoisse à surmonter fut l’examen. Elle a dû, pour le rendu du support écrit, beaucoup travailler. « De plus je suis loin d’être l’excellence en Français ! », nous dit-elle. Lors de l’épreuve de mise en situation, elle était très stressée et a travaillé sa confiance en elle, avec la réussite au bout.
Un bilan exceptionnel
Aujourd’hui, un an après la fin de son DU, Nadine témoigne de l’importance de continuer à se former : « Ce DU m’a redonné du dynamisme dans mon travail quotidien d’AS. Par exemple les cours sur la psychologie cognitive m’ont permis d’avoir une meilleure compréhension des autres, une tolérance plus grande. Ce DU m'a apporté une RENAISSANCE dans ma profession d’AS, un total ÉPANOUISSEMENT personnel, et beaucoup de CONNAISSANCES. C’EST QUE DU BONHEUR !! »2.
Les mots sont forts et le bilan est gratifiant. Au-delà de tout cela, ce sont des perspectives de carrière qui s’ouvrent pour Nadine. À ce jour elle est toujours aide-soignante de nuit à temps plein mais elle a déjà participé à une séance de formation en simulation non plus en tant qu’acteur mais en tant que formateur désormais. En outre, sa cadre l’a aussi sollicitée pour un projet de formation par simulation au sein de sa propre unité de soins. Enfin, elle rêve que ce DU lui permette d’aller vers une reconversion partielle. Elle exercerait alors à 50% comme formatrice et à 50% comme AS.
Par son expérience, Nadine nous montre à quel point les DU sont une plus-value :
- plus-value pour l’aide-soignante qui retrouve un surplus de motivation dans son travail associé à de nouvelles connaissances ;
- plus-value pour l’hôpital et le service qui bénéficient d’un réinvestissement des nouveaux apprentissages des agents qui sont partis se former.
N’hésitez pas à saisir ces formidables opportunités !
Notes
- Ça aurait pu car ces 2 DU, dans certaines facultés, sont aussi ouverts aux professionnels aides-soignants.
- Mise en forme telle quelle par Nadine.
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