Alors que la Semaine du Goût, qui s'est déroulée du 10 au 16 octobre 2016, vient de s'achever, le Collectif de lutte contre la dénutrition appelle les Français à se mobiliser contre un fléau qui touche deux millions de la population.
Lancé le 18 octobre 2016, le Collectif de lutte contre la dénutrition a élaboré dix propositions pour combattre ce problème majeur de santé public. Il appelle ainsi les Français à signer un manifeste afin que la dénutrition devienne la Grande cause nationale du prochain quinquennat. La pétition sera soumise à François Hollande, président de la République, ainsi qu'aux candidats à la prochaine élection présidentielle. Initié par le professeur Éric Fontaine, président de la Société francophone de nutrition clinique et métabolisme (SFNEP), ce collectif se compose d'associations de patients, d'aidants, de professionnels de santé ou encore de personnalités politiques. Eric Fontaine explique avoir voulu créer ce collectif « parce qu’aujourd’hui, dans un pays d’abondance comme la France, la dénutrition tue. Parce que l’on dispose dans l’absolu de tous les savoirs et de toutes les solutions pour empêcher cela, mais que rien n’est fait, ou trop peu, faute de moyens et de prise de conscience. Parce que ce sont quelque deux millions d’enfants, d’adolescents, d’adultes atteints de maladies « chroniques » et de personnes âgées, à l’hôpital comme à domicile, qu’on laisse dépérir en détournant le regard ».
10 propositions pour lutter contre la dénutrition
- Faire de la dénutrition la Grande Cause nationale du prochain quinquennat.
- Lancer un Plan de lutte contre la dénutrition 2018-2021 pour enrayer la progression de la maladie et faire face à ses conséquences médicales, sociales et économiques.
- Se fixer pour objectif « Zéro personne âgée tuée par la dénutrition ».
- Nourrir correctement 100 % des patients malades.
- Peser 100 % des patients dénutris de l'hôpital jusqu'à leur domicile.
- Imposer la présence d'un médecin nutritionniste et de 10 diététiciens pour 600 lits d'hôpital.
- Doter les établissements de soins d'un référent dénutrition.
- Créer un Comité national de vigilance chez l'enfant permettant un meilleur accompagnement vers la guérison.
- Former les futurs médecins, le personnel médical et soignant, les professionnels de santé ainsi que les malades, leurs proches et les aidants au risque nutritionnel.
- Prendre soin de chacun en valorisant le goût et le plaisir.
Les personnes âgées particulièrement touchées par la dénutrition
La dénutrition touche deux millions de personnes hospitalisées en France, 400 000 patients âgés à domicile et 270 000 résidents d'Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Les personnes âgées sont ainsi particulièrement frappées par ce fléau. 40 % d'entre elles sont hospitalisées pour des problèmes liés à la dénutrition et 50 % des patients âgés hospitalisés sont dénutris. Par ailleurs, 40 % des malades d'Alzheimer et 40 % des personnes atteintes d'un cancer sont concernés par la dénutrition. Soulignons également qu'un enfant hospitalisé sur dix est dénutri, dont 50 % ont moins de trois ans. Le Collectif de lutte contre la dénutrition craint une augmentation du nombre de personnes dénutries si de réels moyens ne sont pas alloués à cette cause.
Des conséquences gravissimes
La dénutrition est le résultat d'apports alimentaires insuffisants par rapport aux besoins quotidiens d'un malade ou d'une personne fragile. Elle se traduit par une perte de poids involontaire de 5 % en un mois ou de plus de 10 % en six mois et par un indice de masse corporelle (IMC) au-dessous des courbes minimales des carnets de santé.
La dénutrition peut avoir de graves conséquences sur les personnes touchées. Elle favorise le développement des infections et des complications postopératoires, retarde la guérison, augmente la durée des hospitalisations, est responsable des chutes chez la personne âgée et peut même conduire à la mort. Comme le souligne le professeur Éric Fontaine, « la dénutrition joue souvent un rôle majeur dans la diminution des défenses et dans le dysfonctionnement des organes vitaux responsables du décès ». Il est donc grand temps de se mobiliser. D'autant qu'une mesure simple permettrait d'éviter le pire : peser systématiquement les malades chaque semaine à l'hôpital de manière à faire un diagnostic précoce. Peut-être faut-il également donner envie de manger aux patients hospitalisés et résidents d'Ehpad au travers de repas savoureux et pas uniquement le temps d'une journée dédiée...
Un congrès sur l'alimentation pour les aides-soignants
La Fédération Nationales des Associations d'Aides-Soignantes (FNAAS) organise un congrès les 1er et 2 décembre 2016 sur l'alimentation. Il sera notamment l'occasion de sensibiliser les AS sur la nutrition des personnes âgées.
Aurélie TRENTESSE
Journaliste Infirmiers.com
aurelie.trentesse@infirmiers.com
@ATrentesse
IDEL
Vidéo - "Avec un enfant, il faut savoir être enveloppant"
INTERNATIONAL
Infirmiers, infirmières : appel à candidatures pour les prix "Reconnaissance" 2025 du SIDIIEF
HOSPITALISATION A DOMICILE
Un flash sécurité patient sur les évènements indésirables associés aux soins en HAD
THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES
Hypnose, méditation : la révolution silencieuse