Le porte-hélicoptères de la Marine nationale, le Dixmude, a achevé sa mission humanitaire le 27 janvier, après deux mois de déploiement au large de la bande de Gaza au Proche-Orient. Au cours de cette mission, le navire hôpital a pris en charge plus de 120 blessés gazaouis lourds, pour moitié des enfants, pour un total de plus de 1 400 jours d'hospitalisation cumulés et plus de 2 000 consultations et actes de soins (sans hospitalisation consécutive), selon le bilan du service de Santé des Armées.
Sur le terrain, la capacité hospitalière française a dû s'insérer dans le dispositif égyptien grâce à un gros travail de préparation afin de se coordonner sur place : «Il a fallu comprendre comment faire sortir les patients de la bande de Gaza. Les patients identifiés par l'Egypte étaient ainsi orientés soit vers les hôpitaux égyptiens soit vers le Dixmude. Il fallait aussi organiser un flux de sortie du Dixmude, là encore avec le partenaire égyptien, en charge de l'orientation secondaire des blessés», détaille le médecin-chef Vincent Bacquey, chef de l'état-major opérationnel du service de santé des armées.
Surtout des blessures par explosion
«Nous avons été confrontés à de nombreux patients qui présentaient des blessures classiques de théâtres de guerre, surtout des blessures par explosion, forcément de nombreux blessés des membres avec une prise en charge initiale déjà organisée. Certains patients avaient déjà été amputés, ou avaient bénéficié d'une première chirurgie de stabilisation orthopédique», rapporte le médecin-chef Vincent Bacquey. «Tous les patients qui présentaient des traumatismes psychologiques ont été également pris en charge».
L'appui psychologique a en effet constitué «un vrai sujet», a expliqué le médecin-chef Vincent Bacquey, avec la présence essentielle de traducteurs à bord pour amorcer cette gestion des troubles du stress post-traumatique, tenter de nouer une relation de confiance et lever la barrière de la langue, des aspects particulièrement difficiles dès lors qu'il s'agit d'enfants.
Après deux mois de mission en Égypte pour soutenir les hôpitaux de Gaza, quel est le bilan des personnels du Service de santé des armées embarqués à bord du Dixmude ?
➡️Réponse avec le médecin chef Vincent Bacquey, chef de l'état-major opérationnel du Service de santé des… pic.twitter.com/lDOB0z4f3O
— Ministère des Armées 🇫🇷 (@Armees_Gouv) February 1, 2024
Un plateau technique médical de 80 personnes
Pour remplir les fonctions d'un hôpital durant deux mois, le porte-hélicoptères amphibie a vu ses capacités natives d'hospitalisation renforcées sans être toutefois uniquement centrées sur les cas lourds. Le bloc opératoire a conservé sa taille standard avec deux salles mais le nombre de lits installés a approché la quarantaine, «tous assez régulièrement occupés». Il a également fallu installer des lits pour accueillir les proches des enfants hospitalisés.
Côté personnels, «c'est un plateau technique médical de 80 personnes qui a tourné durant deux mois», constitué d'une vingtaine de médecins, avec un peu plus d'une cinquantaine de personnels du Service de Santé des Armées (SSA), une vingtaine issus de la réserve sanitaire et une dizaine du ministère de l'Intérieur (pompiers et sécurité civile). Compte tenu du profil des blessures et de la masse de blessés, un radiologue a été d'emblée positionné pour absorber l'activité d'imagerie, particulièrement conséquente.
Les équipes tournaient également en fonction des besoins et des renforts nécessaires. Des marins-pompiers de Marseille sont ainsi venus prêter main-forte, en particulier en pédiatrie. Présents à bord avec des renforts belges, un élément de coordination anglais et une équipe médicale de Singapour, les Danois ont envoyé un masseur-kinésithérapeute pour renforcer la compétence sur certaines rééducations. «On formait une chaîne et on était tous des maillons importants de cette chaîne», résume un soignant embarqué à bord du Dixmude. La présence du bateau a été prolongée d'un mois sur place, mais il doit désormais assurer d'autres missions. Une aide humanitaire française va toutefois se poursuivre en Égypte, au bénéfice des malades gazaouis.
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