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Afghanistan : les études infirmières désormais interdites aux femmes

Publié le 06/12/2024

Les étudiantes en soins infirmiers et sages-femmes en Afghanistan ont reçu l'ordre de ne pas reprendre leurs études, a rapporté la BBC. Le Conseil International des Infirmières condamne fermement ce nouveau recul des droits des femmes. 

femmes afghanes

« Les informations selon lesquelles les écoles de formation d'infirmières et de sage-femmes en Afghanistan ont effectivement fermé leurs portes aux femmes sont extrêmement préoccupantes. Si cela est vrai, la vie des femmes et de leurs bébés sera extrêmement menacée dans un pays où les taux de mortalité maternelle et infantile sont déjà élevés», a prudemment réagi Pamela Cipriano, présidente du Conseil International des Infirmières, a réagi à cette nouvelle. «Il n'y a aucune justification possible à cette décision, qui anéantit les espoirs des étudiantes infirmières et sage-femmes de terminer leurs études et de continuer à fournir des soins holistiques aux femmes et à leurs bébés ».

Le CII s'adresse au gouvernement afghan 

«En outre, dans le monde entier, l'éducation est un moyen d'accéder à l'indépendance économique et un élément essentiel pour lutter contre la discrimination et l'inégalité entre les hommes et les femmes. Les femmes contribuent également à l'économie globale d'un pays, notamment les infirmières et les sage-femmes, dont la grande majorité sont des femmes. Cette contribution significative est soulignée dans le rapport de la Journée internationale des infirmières de cette année, intitulé « The Economic Power of Care » (Le pouvoir économique des soins)».

«Le CII demande instamment au gouvernement afghan de revenir immédiatement sur sa décision afin que les mères, les filles et les sœurs de leur pays puissent recevoir les soins fondamentaux auxquels elles ont droit pendant la grossesse, l'accouchement et au-delà, et que les femmes afghanes puissent continuer à recevoir les soins essentiels dispensés par les infirmières et les sage-femmes de leur pays». L'instance représentative appelle également l'Afghanistan «à respecter la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et la communauté internationale à s'unir pour soutenir et défendre les droits des femmes et des jeunes filles partout dans le monde».

La France condamne fermement cette nouvelle atteinte aux droits des femmes

La France a condamné jeudi 5 décembre «dans les termes les plus fermes l'interdiction faite par les talibans aux femmes afghanes d'accéder» aux écoles d'infirmières et de sage-femmes, jugeant cette décision «intolérable et injustifiable». Cette décision «s'ajoute aux innombrables violations des droits des femmes et des filles dont les talibans se rendent coupables depuis leur prise de pouvoir par la force il y a plus de trois ans en Afghanistan», a déclaré Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. Des responsables d'écoles de santé avaient indiqué mardi avoir été informés que leurs établissements ne pourraient plus accueillir de femmes dans un délai de 10 jours sur ordre du guide suprême, Hibatullah Akhundzada.

Précisant ne pas avoir eu de confirmation officielle à ce stade, la Mission d'assistance des Nations unies pour l'Afghanistan (Unama) a toutefois appelé le gouvernement à «repenser» le projet.

«La France continuera de condamner les violations graves et systématiques des droits de l'Homme par les talibans, qui visent à effacer la moitié de la population afghane», a souligné Christophe Lemoine, ajoutant que «la France exhorte les talibans à revenir sans délai sur toutes les restrictions imposées aux femmes et aux filles».

Le gouvernement taliban, qui a repris le pouvoir en 2021, a multiplié les mesures liberticides à l'encontre des femmes en Afghanistan, seul pays où l'éducation des filles est interdite après l'école primaire.

La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com