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Infirmière aux USA, un statut de liberté !

Publié le 19/09/2013
claudie Ghalambor infirmière française aux Etats-Unis

claudie Ghalambor infirmière française aux Etats-Unis

Diplômée de l’Institut de formation en soins infirmiers nimois (Gard), Claudie Ghalambor travaille aux États-Unis depuis 2006. Cette française de 37 ans, originaire du sud de la France, raconte son rêve américain. Merci à la Fédération nationale des infirmiers (FNI) pour ce partage d'article paru dans Avenir & Santé de mars 2013.

Claudie Ghalambor, infirmière française, vit son « rêve américain »

Je n’aurais jamais imaginé partir aux États-Unis. Après avoir travaillé à la clinique de La Seyne-sur-Mer (Var), puis au Centre hospitalier de Nîmes, et effectué plusieurs missions en intérim en milieu hospitalier et libéral, Claudie Ghalambor s’est envolée pour Long Beach (Californie) puis Boston (Massachusetts). Grâce à des lois sur l’immigration encore assez souples en 2003, elle a suivi son mari, un médecin désireux de s’expatrier au Pays de l’Oncle Sam, puis obtenu un permis de travail.  Il m’aura quand même fallu trois ans pour faire reconnaître mon diplôme français d’infirmière et commencer à exercer  !, explique-t-elle. Elle s’est en effet un peu perdue dans les méandres des modes de reconnaissance des diplômes étrangers. J’ai aussi dû reprendre des cours car il me manquait des notions en obstétrique, indispensables pour une infirmière aux États-Unis. J’ai également dû passer l’examen du diplôme d’Etat américain. Cela m’a coûté plus de 10.000 dollars.

Soins infirmiers et coordination des soins

Elle ne regrette pas. J’ai commencé à travailler dans un hôpital catholique à but non lucratif à Long Beach. Les deux premiers mois, une infirmière me supervisait et m’aidait à accomplir les soins et les tâches administratives. Il y a eu de nombreux protocoles à intégrer. Car à l’hôpital, les registered nurses, qui ont les mêmes compétences que les infirmières françaises, alertent les médecins traitants de leurs patients puis coordonnent les soins dispensés par les chirurgiens, anesthésistes, endocrinologues ou encore aides-soignants. Je m’occupais de cinq patients par jour, maximum, mais je devais travailler avec une trentaine de professionnels de santé. C’était un gros travail de gestion. Mais elle ne faisait aucune prescription. En effet, seules les nurse practitioners, ou infirmières aux pratiques avancées, peuvent prescrire tous les types de médicaments sous la supervision d’un médecin.

En déménageant à Boston, Claudie Ghalambor a rejoint un centre hospitalier puis un centre de rééducation. Aux États-Unis, la plupart des infirmiers travaillent en établissement. Il n’existe pas d’infirmiers libéraux ayant leur propre cabinet et les soins à domicile sont peu courants. Les patients ayant, chose assez rare, des soins à domicile dispensés par une infirmière voire une aide-soignante, sont généralement très dépendants ou très malades. Ils sont atteints d’un cancer, par exemple. Ceux qui ont besoin d’une aide ponctuelle, d’injections ou de pansements, se rendent au cabinet de leur médecin traitant. Ce dernier a une ou plusieurs infirmières salariées, chargées de  réaliser ces soins. Sachant que les hôpitaux organisent aussi des formations, pour apprendre aux patients ou à leurs proches comment changer eux-mêmes un drain ou un pansement, à la suite d’une opération, par exemple.

Travailler aux USA : mission difficile

Pour être infirmier aux États-Unis, il faut passer le CGFNS Qualifying Exam, lequel est destiné à évaluer les connaissances infirmières des infirmiers étrangers. Plusieurs États américains, comme la Californie, se passent toutefois de cette formalité. Il faut donc se renseigner auprès du Board of nursing - l’Ordre infirmier - de l’État dans lequel on souhaite exercer. Les candidats doivent par ailleurs  réussir les épreuves du NCLEX (le diplôme infirmier américain) et du TOEFL-IBT (évaluant votre niveau en anglais). Ces étapes peuvent être satisfaites depuis la France.

Le Board of nursing de l’État en question examine ensuite le dossier. Le relevé des empreintes, pour vérifier le casier judiciaire, nécessite en revanche un déplacement aux États-Unis. Surtout, on obtient une License, précieux sésame pour exercer aux USA, que si l’on possède un social security number, numéro de Sécurité sociale requis pour toute démarche administrative. Et pour avoir un tel numéro, il faut, à défaut d’être américain, être détenteur de la fameuse Carte verte (carte de résident permanent) ou d’un visa, délivrés au compte-goutte. Ainsi, sauf à gagner la Carte verte à la loterie organisée tous les ans par le Gouvernement des États-Unis, ou encore à avoir un conjoint ayant la nationalité américaine ou un permis de travail américain, le plus sûr est de contacter un avocat américain spécialisé sur les questions d’immigration. Mais cette procédure est coûteuse, prévient Claudie Ghalambor. Des organismes tels que European Medical Staffin, chargés de placer des infirmiers étrangers dans des hôpitaux américains, peuvent aider à trouver des solutions personnalisées.

Système libéral à l’hôpital

Toutefois, au sein même d’un établissement, les infirmiers peuvent bénéficier d’un régime relativement libéral. Ainsi, à l’hôpital de Boston, Claudie Ghalambor a renoncé au statut de salariée pour garder son indépendance : si elle souhaite s’en aller, elle n’a qu’un préavis de quinze jours à donner. Et si l’établissement désire qu’elle parte, le travail ne manque pas ailleurs. L’intérêt du contrat de travail, c’est de bénéficier d’une assurance santé et invalidité. Or, j’étais couverte par l’assurance de mon mari, justifie-t-elle. Sans les cotisations, les revenus sont logiquement plus élevés à la fin du mois. Et plus encore, en multipliant les heures supplémentaires ou en travaillant les jours fériés. Une année, j’ai gagné 100.000 dollars, reconnaît Claudie Ghalambor. A Long Beach, en tant que salariée, elle gagnait déjà 4.000 $ par mois, nets d’impôts et de charges, pour trois jours de travail par semaine tandis que son mari, chirurgien, gagnait dix fois plus qu’en France. 

Aujourd’hui, elle a changé d’activité. Mon mari a ouvert une clinique et, depuis un an, je m’occupe de la coordination des infirmières. Elle réunit également des fonds pour financer des services infirmiers à domicile à l’intention des toutes jeunes mamans. En effet, aux États-Unis, les mères venant d’accoucher sont renvoyées chez elle au bout de deux jours, sans conseils particuliers…

Cet article est paru dans la revue Avenir et Santé, revue de la Fédération nationale des infirmiers (FNI) , n°412, mars 2013.

Laura CHAUVEAU


Source : infirmiers.com