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MODES D'EXERCICE

Infirmier réserviste militaire : profil et missions

Publié le 23/03/2012
soins a un militaire etranger lors d’une opex à djibouti (credit : Frederic Noret)

soins a un militaire etranger lors d’une opex à djibouti (credit : Frederic Noret)

Vehicules sanitaires a disposition en OPEX – Kosovo juillet 2005 (credit : Benedicte Moncomble)

Vehicules sanitaires a disposition en OPEX – Kosovo juillet 2005 (credit : Benedicte Moncomble)

Pour répondre pleinement à ses besoins opérationnels d'aujourd'hui, le Service de Santé des Armées (SSA) intègre des réservistes à ses unités d'active. Plusieurs affectations sont possibles selon le professionnel de santé, ses spécialités et sa situation géographique : hôpitaux d’Instruction des Armées, centres médicaux des armées (CMA) et la possibilité de participer à des opérations extérieures.

Création de la nouvelle réserve militaire française

Soins à un militaire étranger lors d’une OPEX à Djibouti
(crédit : Frédéric Noret)

Après que l’Assemblée Nationale eut déclaré la « patrie en danger », de nombreux volontaires sont venus combattre avec l’armée révolutionnaire pour arrêter les Prussiens à Valmy le 20 septembre 1792. En 1933, dans son ouvrage « vers l’armée de métier » le général De Gaulle a évoqué une armée professionnelle adossée à des réservistes. Et c’est seulement en 1999 avec la suspension du Service National obligatoire (en 1997) et la création de l’armée professionnelle que la nouvelle réserve militaire, dénommée « réserve opérationnelle » est née.

Cette dernière intègre au sein du Service de Santé des Armées (SSA) les paramédicaux infirmiers1 spécialisés ou non, volontaires, issus du secteur civil, avec ou sans passé militaire.

Après une Formation Militaire Initiale des Réservistes (FMIR), ces infirmiers sont affectés selon leurs desiderata et en fonction des places disponibles, soit dans un Hôpital d’Instruction des Armées (HIA), soit au sein d’un Centre Médical des Armées (CMA). Après une expérience acquise en métropole et la réalisation de formations complémentaires, des missions en Opération Extérieure (OPEX) sont possibles.

L’infirmier réserviste en Centre Médical des Armées (CMA)

Depuis la création des bases de défense, les réservistes du Service de Santé des Armées ne sont plus affectés en régiment ou base aérienne, mais en CMA pour le soutien des forces. Cela implique des activités sur un plus grand territoire.

Les 5 domaines d’activité de l’infirmier réserviste en CMA :

- L’Antenne Médicale des Armées : visites médicales d’aptitudes (Biométrie, ECG, vaccinations, prises de sang) des incorporations des nouveaux militaires, du personnel d’active et de réserve. Les soins courants (pansements, strapping), la participation à la prise en charge des urgences médicales (gastro-entérite, lumbago…) et traumatologiques (entorses, traumatismes sonores lors de tirs…) pendant le service, avec les soins qui en découlent ;
- Le soutien des activités militaires ponctuelles : sportives (marches, courses, cross régimentaires), logistiques (embarquement de véhicules sur voie ferrée, manipulations d’engins dangereux), d’instruction à risque (navigation, rappel …) ou de tir (explosifs, parcours de tir…). La caractéristique principale de ce type de soutien est l’attente avec les moyens de secours et l’intervention immédiate en cas de problème avec l’aide de brancardiers-secouristes ;
- Le soutien sur le terrain : lors de manœuvres, stages d’aguerrissement ou de préparation opérationnelle, l’infirmier réserviste peut accompagner une unité sur le terrain, vivre et se déplacer dans les mêmes conditions qu’elle (bivouac, vie en situation tactique…). Pour ce type de soutien, il faut une connaissance de la vie militaire tant sur le plan humain que technique (topographie, transmissions), une bonne capacité d’adaptation et une certaine rusticité ;
- Les relations Armées-Nation : participation aux journées portes ouvertes, accueil du public : découverte des locaux, des matériels et du travail quotidien ;
- L’instruction personnelle sur le plan militaire et/ou professionnelle : journée de formation nationale, participation à des raids du SSA.

    Le quotidien au CMA

    Véhicules sanitaires à disposition en OPEX – Kosovo juillet 2005 (crédit : Bénédicte Moncomble)

    Les Antennes Médicales des Armées (AMA) adressent à l’infirmier réserviste par courriel les besoins en renfort nécessaires. Le préavis est très variable (de plusieurs mois à l’avance pour des visites médicales d’incorporations ou des vaccinations, à quelques jours pour des soutiens ponctuels).

    Les missions sont attribuées en fonction de la disponibilité du réserviste. En dehors du travail en salle de soins, où le réserviste pratique des soins infirmiers sur prescription, les autres activités réclament des notions d’urgence et de secourisme, des facultés d’initiatives et bien sûr beaucoup de patience, car le principe même du soutien médical est d’attendre l’hypothétique accident en espérant qu’il n’arrive pas.

    En contact permanent avec les militaires professionnels et porteur de la même tenue réglementaire, l’infirmier réserviste doit avoir une bonne connaissance du règlement de discipline générale des armées et adopter le même comportement.

    Le travail d’infirmier réserviste du SSA en centre médical des armées est passionnant, car les activités sont variées. Cela nécessite disponibilité, rusticité, capacités d’adaptations et initiatives. Des notions d’urgence, une connaissance de la vie militaire et des techniques spécifiques des armées, qui s’acquièrent par la formation militaire initiale de réserve donnée à toute nouvelle recrue réserviste.

    L’infirmier(e) réserviste en Hôpital d’Instruction des Armées (HIA)

    Le personnel "d’active" accueille le réserviste, le rôle de celui-ci est d’être un support pour l’équipe soignante. En effet, il allège la tâche quotidienne en venant renforcer les équipes "d’actives" dont certains personnels peuvent être partis en missions extérieures. Le même éventail d’activités s’offre à l’infirmier en HIA que dans un hôpital civil. Par contre en HIA, le réserviste est un militaire à part entière. Ses supérieurs attendent de lui un sens des valeurs affinés, un devoir de réserve, et le respect de la hiérarchie.

    Les périodes de travail sont établies en fonction des disponibilités du réserviste. Le programme prévisionnel est établi en début d’année il peut être de 5 jours à exceptionnellement 120 jours dans une année en métropole. En accord avec le service d’affectation il est possible d’être réserviste à deux endroits différents. L’emploi du temps est relativement souple en horaire et en fréquence. Il est possible d’effectuer des périodes de trois à cinq jours ou bien régulièrement un à deux jours par semaine.

    Les HIA ont pour rôle premier le soutien des forces, ce sont des hôpitaux à taille humaine ayant un haut niveau technique. On peut noter le savoir faire historique des services de reconstruction faciale, des maladies infectieuses et tropicales, des soins aux brûlés. Ces hôpitaux sont au nombre de 9 en métropole : à Paris les HIA du Val de Grâce, de Begin, de Percy ; à Marseille l’HIA Laveran ; à Bordeaux l’HIA Robert Piqué ; à Brest l’HIA Clermont Tonnerre ; à Toulon l’HIA Saint Anne ; à Lyon l’HIA Desgenettes et à Metz l’HIA Legouest.

    A ceux-ci s’ajoute l’hôpital militaire de campagne (HMC) Bouffard situé à Djibouti (Afrique de l’Est).

    Cette diversité des tâches et la richesse des rencontres offrent une dimension plus humaine du soin au réserviste et lui permet d’avoir un recul appréciable sur son métier.

    L'infirmier réserviste en Opération Extérieure (OPEX)

    L’infirmier réserviste partant en OPEX est un personnel réalisant des journées de Réserve pour le Service de santé des armées en HIA ou en CMA, qui en plus de son cursus de soignant a reçu une formation militaire initiale du réserviste et depuis quelques années une formation complémentaire avant le départ en mission. Cela lui permet d’appréhender le pays et le contexte dans lequel il devra évoluer. Une visite médicale d’aptitude à servir en OPEX est également obligatoire.

    Les infirmiers sont tous volontaires pour partir en mission extérieure. Ils sont affectés sur le terrain soit en infirmerie de campagne au profit de leur régiment soit dans un GMC (Groupe Médico-Chirurgical), un HMC (Hôpital Médico-Chirurgical) ou une ACA (Antenne Chirurgicale Aérotransportable). Pendant toute son OPEX, l’infirmier est disponible dans les 24 heures et prodiguera des soins au profit des militaires Français et/ou étrangers.

    Lors de missions sous l’égide de l’union européenne (EU), de l’Organisation des Nations Unies (ONU) ou de l’OTAN. Il existe des regroupements de différentes forces armées et chacune prend en charge une partie des activités sur le terrain (sanitaires, sécurité,
    ravitaillement, protection, formation). Il peut aussi exister une action auprès des populations civiles dans le cadre des CIMIC (Civil-Military Cooperation) ou AMP (Aide Médicale aux Populations).

    • L’infirmier en OPEX basé en infirmerie de campagne. Il est sur le terrain avec une unité militaire. Il prodigue les soins au jour le jour sous l’autorité du médecin des armées, au sein de la base vie, mais aussi pendant toutes les missions d’un régiment sur le terrain (en patrouille par exemple). Son activité est calquée sur l’ensemble des activités du régiment pour lequel il est en soutien sanitaire. Il peut donc travailler en extérieur ou dans les VAB (Véhicules Blindés de l’Avant). Il possède une arme et un équipement de combat complet en plus de son sac médical. Il peut être amené à « techniquer » un soldat blessé avant son évacuation vers une structure de soin (en hélicoptère par exemple).
    • L’infirmier en OPEX affecté à un hôpital de campagne (HMC ou GMC). Il a, quant à lui, a une activité qui ressemble plus à celle de l’activité hospitalière en HIA, avec un rôle très polyvalent, en tournant sur tous les postes. Il est donc tour à tour IAO (Infirmier d’Accueil et d’Orientation) au service des consultations, infirmier en service d’hospitalisation (médical et chirurgical) de jour et/ou de nuit, de garde pour les rapatriements sanitaires vers d’autres hôpitaux de la zone ou vers l’aéroport pour des évacuations sanitaires en Europe de patients ou soldats blessés. Il peut aussi aider dans leurs soins le dentiste, le pharmacien et le vétérinaire, à leur demande et selon l’activité.

    Hôpital militaire allemand – Kosovo juillet 2005
    (crédit : Bénédicte Moncomble)

    Pendant toute sa mission sur le théâtre d’opération, l’infirmier participe à des activités militaires en plus de son travail, accompagnement de convois militaires, cérémonie des couleurs, exercice de tir au fusil d’assaut ou pistolet automatique et bien sûr effectue des activités sportives.

    Le savoir-faire, le comportement et les connaissances demandées à l’infirmier réserviste du Service de Santé des Armées sont les mêmes que pour l’infirmier militaire d’active (militaire professionnel).

    Que l’infirmier travaille pour un régiment ou pour un hôpital de campagne, il est disponible 24 heures/24 pendant toute la durée de la mission (entre 2 et 3 mois).

    Les OPEX permettent à l’infirmier réserviste du SSA d’appréhender de manière concrète la vie militaire, de pratiquer des techniques nouvelles de soins et d’organisation, ainsi que d’être confronté à des situations de crise et d’afflux massifs de victimes. Voici une facette particulière du travail d’infirmier où servir son pays s’accorde avec un grand enrichissement personnel et humain.

    Comment intégrer la réserve du SSA ?

    C’est un acte de volontariat demandé par écrit à la direction régionale du service de santé des armées (DRSSA) dont dépend l’infirmier.

    • Exprimer ses souhaits dans une lettre de motivation.
    • Joindre CV + Diplômes.
    • Passer une visite médicale auprès d’un médecin militaire.
    • Signer un contrat d’Engagement à Servir dans la Réserve (ESR).
    • Prévenir son employeur pour obtenir ses jours de droit (5 jours par an sur son temps de travail) prévu par l’article 10 de la Loi n° 99-894 du 22 octobre 1999 portant organisation de la réserve militaire et du service de défense modifiée par la loi du 19 avril 2006.

    Précisions : les délais de constitution du dossier varient entre 4 et 6 mois avant d’être nommé dans la réserve du SSA.

    L’infirmier civil est recruté avec un statut de militaire infirmier technicien réserviste des hôpitaux des armées (MITRHA au grade de sous-officier) et obtient une carte d’identité militaire. L’employeur doit libérer obligatoirement sur préavis 5 jours par an l’employé sur son temps de travail sans perte de droit, pour rejoindre son affectation militaire, les jours supplémentaires sont généralement pris sur les congés ou repos.

    Durant ses périodes, le réserviste perçoit une solde par journées effectuées, non imposable. Les journées sous ESR peuvent être faites en une ou plusieurs journées consécutives. Les contrats signés vont de 1 à 5 ans renouvelables. Des médailles en fonction de son dévouement et des missions effectuées lui seront attribuées au cours de sa carrière de réserviste militaire.

    L’association AMITRHA (association des militaires infirmiers techniciens réserviste des hôpitaux des armées) regroupe, fédère et informe les réservistes tout au long de leur vie militaire.

    Note

    1. Lire partout infirmière/infirmier

    - Coordinateur de l’article : Boris Martin Le Pladec, IADE, CHU Lariboisière (AP-HP) et réserviste militaire à la Brigade de Sapeur Pompiers de Paris ; boris.martinlepladec@me.com
    - Auteurs : Boris Martin Le Pladec, IADE, CHU Lariboisière (AP-HP) et réserviste militaire à la Brigade de Sapeurs Pompiers de Paris (coordinateur de l’article) ; Christophe Lambert, infirmier puericulteur, urgences pédiatriques CHU Besançon et réserviste militaire au CMA Besançon ; Bénédicte Moncomble, infirmière manager HSE sur site pétroliers et BTP et réserviste militaire à la DRSSA, St Germain ; Elisabeth de Moulins de Rochefort, infirmière réserviste militaire à l’HIA Val de Grâce, Paris ; Frédéric Noret, manipulateur radio CH de Montereau-Fault-Yonne, réserviste militaire à l’HIA Bégin St Mandé.


    Source : infirmiers.com