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IDEL

IDEL : vers une meilleure prise en charge des AES

Publié le 22/04/2015

Se piquer, se couper lors d’un soin, cela arrive très souvent. L’ultime danger est pourtant de banaliser l’accident d’exposition au sang, soit que l’on juge au vu des statistiques que c’est le lot de tout un chacun ou presque, soit que la probabilité d’être contaminé est bien mince. La mesure est maintenant connue, il faut aujourd’hui agir. C’est ce que la FNI a décidé de faire et voici les mesures qu’elle met en œuvre. Interview de son président. Merci à Avenir et Santé, revue de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), de partager cet article avec la communauté d'Infirmiers.com.

Une convention FNI-FHF mise en place pour mieux prendre en charge les IDEL victimes d'AES.

Avenir & Santé - Pourquoi choisir de lancer un plan d’action sur les AES ?

Philippe Tisserand, président de la FNI - Le crédo de la FNI, c’est l’action. Agir pour la reconnaissance de notre exercice libéral, agir pour nos conditions de travail, agir pour la sécurité dans les soins. Nous donner les moyens d’assurer notre sécurité, c’est une marque de reconnaissance, c’est dire : « Je fais attention à vous car votre travail est précieux ». Les chiffres parlent; il y a quatre fois plus d’AES en libéral qu’à l’hôpital. Nous avons fait deux sondages, le premier pour estimer l’ampleur du phénomène, le second pour connaître les mesures attendues. Maintenant, il faut agir.

A&S - Quelles sont les solutions pour diminuer le risque d’AES auquel les Idels font face  au quotidien, parfois même sans le savoir ?

P.T. - Eh bien je ne suis pas d’accord ! Les IDEL sont tout à fait conscientes de ce risque : notre sondage  le montre sans équivoque. Mais les contraintes du métier, son rythme, la nature de l’activité, centrée sur le soin dans toute sa composante relationnelle, parfois l’insalubrité des domiciles, font vivre dans l’immédiateté. Et puis il y a la conscience professionnelle et la tournée qui doit être faite. Tout cela fait que ce risque est difficile à arbitrer. Ajoutez à cela la possibilité ou non de disposer de matériel sécurisé... 96% des IDEL sont favorables à des mesures qui sécurisent leurs pratiques. La FNI n’a pas décidé de mesures, toute seule en suspension. Ce sont les infirmières qui ont plébiscité des mesures d’ordre organisationnel et pratique.

A&S - Concrètement quelles sont les solutions souhaitées par les infirmières ?

P.T. - Leurs  souhaits portent sur trois axes. Tout d’abord sur la  mise en  place d’un dispositif clair et simplifié de prise en charge des AES. Ensuite, elles attendent de disposer davantage de matériels sécurisés. Enfin, elles sont en demande d’informations pratiques. Avec ce constat, nous nous sommes rapprochés  de la Fédération hospitalière de France (FHF). Si celle-ci est très à l’écoute des questions de santé publique en général, elle l’est particulièrement sur ce sujet des AES. Nous avons été reçus par  la conseillère paramédicale, Cécile Kanitzer, qui s’est montrée pragmatique et enthousiaste, au-delà de nos espérances. Sa conviction a emporté la décision de Gérard Vincent, délégué général de la FHF. À l’heure où je vous parle une convention FNI/FHF est en passe d’être signée afin d’intégrer les IDEL à la filière de prise en charge spécifique des soignants au sein de chaque établissement public de  santé. C’est une révolution ! S’agissant des biologistes, nous espérons les convaincre malgré les contraintes économiques qui sont les leurs à promouvoir la sécurité dans le soin, ne serait-ce pour commencer en participant à la mise à disposition de fiches pratiques (conduite à tenir, filière d’élimination des déchets, protection sociale...). Enfin, nous comptons développer d’autres partenariats encore...

A&S - Projet de loi santé, vaccination... Les AES sont-ils vraiment un sujet porteur ?

P.T. - Il suffit d’observer les chiffres et les conséquences pour les Idels pour constater que ce n’est pas un sujet mineur. Nous recevons des témoignages d’infirmières qui perdent à la fois leur santé et leurs revenus. Nous ne pouvons laisser les choses en l’état. Et puis, traiter d’un sujet n’empêche pas d’en traiter un autre ! Au contraire, il s’agit d’apporter de la cohérence dans notre système en répondant aux attentes du terrain et en anticipant l’organisation de demain. Alors, bien sûr, il est plus facile de faire des effets de manche, de communiquer dès que l’occasion se présente sans agir ni proposer. L’action est beaucoup plus difficile ; elle demande rigueur et persévérance et cela ne donne pas forcément de notoriété. Sur la vaccination, la coordination, et en l’occurrence sur les AES, la FNI à des solutions concrètes à proposer.

Propos recueillis par Anne WEBER

Cet article est paru dans la revue de la FNI "Avenir et Santé", n° 433 d'avril 2015


Source : infirmiers.com