AU COEUR DU METIER

Florence Nightingale - La guerre de Crimée (5)

Publié le 31/08/2017

Florence Nightingale, née le 12 mai 1820 à Florence, morte le 13 août 1910 à Londres, est une infirmière britannique, pionnière des soins infirmiers modernes et de l'utilisation des statistiques dans le domaine de la santé. Alex Attewell en dresse le portrait au travers de différents articles. Celui-ci est consacré à la guerre de Crimée.

Source : commons.wikimedia.org - Florence Nigthingale durant la guerre de Crimée.

Florence Nightingale se demandait en 1854 quel nouveau défi elle pourrait relever — devenir surveillante générale d’un hôpital de Londres par exemple — lorsque éclata la guerre de Crimée.

L’organisation des hôpitaux britanniques durant cette guerre n’était sans doute pas pire que lorsqu’ils avaient été mis à l’épreuve pour la dernière fois pendant les guerres napoléoniennes, quarante ans plus tôt, mais la société attendait maintenant davantage, la population étant mieux informée du déroulement des conflits par les reportages sur le front publiés dans les journaux. Grâce à un grand courant de sympathie du public, soucieux du bien-être des soldats, le secrétaire d’État à la guerre, Sydney Herbert, put prendre une mesure radicale. La nomination de Florence Nightingale à la tête d’un groupe d’infirmières était un fait sans précédent. Aucune femme n’avait auparavant occupé un poste officiel dans l’armée et le choix de Florence comme infirmière en chef était intéressant car si elle possédait une expérience professionnelle et une grande intelligence, elle n’était guère encline à accepter les ordres d’une hiérarchie qui multipliait les bourdes.

Elle comprit immédiatement la situation à Scutari, où se trouvait le principal hôpital militaire britannique. Ne tenant pas à compromettre la réforme en s’aliénant les médecins, elle commença par placer ses infirmières sous leurs ordres et à organiser une blanchisserie. En un mois, elle était parvenue à améliorer l’entretien des salles, à obtenir une nouvelle literie et des vêtements neufs pour les soldats et à améliorer la nourriture.

Non contente de superviser les soins donnés aux hommes, elle trouva le temps d’écrire des lettres sous leur dictée, d’organiser l’envoi de mandats à leur famille et de prévoir des salles de lecture et des jeux pour les convalescents. Bataillant avec les autorités militaires et le service de l’intendance, elle était une véritable épine dans le flanc du directeur des services médicaux de l’armée. L’intérêt croissant que suscitaient ses efforts dans le grand public donnait à son action un écho dont étaient privés les réformateurs issus des rangs de l’armée. Beaucoup des recommandations faites par l’infirmière en chef au secrétaire d’État à la guerre figurèrent très vite dans le règlement de l’armée.

Si son génie administratif lui valut le respect de la reine Victoria et celui de nombreux membres du gouvernement, ce sont les soins et l’attention dont elle entourait chaque malade et chaque blessé qui lui valurent l’affection du peuple britannique. On prétend qu’elle parcourait les six kilomètres de couloirs de l’hôpital toutes les nuits et un soldat reconnaissant raconte qu’il embrassait l’ombre de la « dame à la lampe » lorsqu’elle passait près de lui. Florence Nightingale devint un symbole d’espoir pendant toute cette campagne militaire, par ailleurs désastreuse.

En novembre 1855, alors qu’elle était au faîte de sa renommée acquise en Crimée, un groupe d’admirateurs de son action organisa une réunion publique à Londres en vue de réunir des fonds pour lui permettre de poursuivre la réforme des hôpitaux civils à son retour en Angleterre, en créant un centre de formation d’infirmières et d’aides-soignantes. Le Fonds Nightingale fut créé sans grande participation de la porteuse du nom, encore submergée par les soucis de la guerre. Elle ne devait commencer à s’en occuper qu’en 1860, mais, même alors, parallèlement à d’autres tâches pressantes.

Arrivée en Angleterre, elle constata avec horreur que le gouvernement était apparemment satisfait des enquêtes limitées qu’il avait diligentées sur la façon désastreuse dont avait été conduite la guerre, qui avait entraîné 16 000 décès pour cause de maladies contre 4 000 en raison des combats. Elle fit immédiatement campagne pour que soit créée une véritable commission d’enquête dont les travaux n’aboutirent vraiment qu’en 1860.

Selon Lytton Strachey, auteur d’une biographie qui n’a rien d’une hagiographie, Scutari lui avait permis d’acquérir un savoir, mais aussi un pouvoir. Sa formidable réputation — une force incommensurable — la portait (1918). En fait, son « pouvoir » était une force sans doute plus subtile que Strachey ne le donne à entendre, mais elle n’en était pas moins irrésistible.

Notes sur l'auteur : Alex Attewell (Royaume-Uni)

Après avoir occupé le poste de conservateur adjoint du musée d’un hôpital dans l’ouest de l’Angleterre, il est entré au musée Florence Nightingale de Londres en 1989. Membre associé de la Museums Association en 1993, il est nommé conservateur du musée Florence Nightingale en 1994. Il est souvent appelé à donner des conférences, à participer à des émissions de radio et de télévision et à organiser des expositions temporaires sur le thème qui lui est familier.

Ce texte est tiré de Perspectives : revue trimestrielle d’éducation comparée (Paris, UNESCO : Bureau international d’éducation), vol. XXVIII, n° 1, mars 1998, p. 173-189. ©UNESCO : Bureau international d’éducation, 2000 

Alex ATTEWELL


Source : infirmiers.com