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PSYCHIATRIE

Handicap et maltraitance : un documentaire relance le débat

Publié le 22/01/2014
isolement handicap

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Un documentaire sur la maltraitance en établissements pour enfants handicapés mentaux, diffusé le 19 janvier 2014 sur M6, a suscité des réactions du gouvernement et d'acteurs du secteur du handicap, relançant le débat sur ce thème et sur celui du manque de places.

Handicap : un documentaire relance le débat sur la maltraitance en établissement

Intitulé "Enfants handicapés : révélations sur les centres qui les maltraitent", ce documentaire de 90 minutes réalisé par Nicolas Bourgouin a été diffusé dans l'émission Zone interdite. La production avait organisé une projection privée le 15 janvier 2014, en présence notamment de responsables associatifs et politiques, a rapporté La Dépêche du Midi sur son site internet. Le film se fonde sur une enquête de plus d'un an, a précisé M6 dans un communiqué. Il inclut notamment des plans tournés à l'Institut médico-éducatif (IME) Moussaron de Condom (Gers). Le nom de l'établissement n'est pas mentionné, mais des indications le rendent reconnaissable, note-t-on.

Des dysfonctionnements, voire de la maltraitance institutionnelle, avaient été signalés dans cet IME, établissement privé indépendant à but lucratif de 85 places en hébergement complet, destinées à des résidents handicapés mentaux profonds ou sévères et à des polyhandicapés. La ministre déléguée aux personnes handicapées et à la lutte contre l'exclusion, Marie-Arlette Carlotti, a nommé un administrateur provisoire début décembre 2013.

Dans le documentaire, les auteurs visitent certaines parties de l'IME avec la direction, qui refuse cependant de leur montrer l'aile du château qui accueille les polyhandicapés. Ils équipent ensuite un membre de l'équipe soignante d'une caméra cachée. Le film montre des enfants lavés dans la même pièce, garçons et filles mélangés, dont l'une est douchée dans un évier, tandis que d'autres sont assis sur des pots car seules deux toilettes (sans porte ni séparation) seraient accessibles à l'étage. Il apparaît qu'au sous-sol, plusieurs enfants sont enfermés dans des boxes de trois mètres carrés avec une porte en verre fermée à clé. Si l'un d'eux serait enfermé en raison de troubles psychiatriques, les autres le seraient par manque de place dans des chambres. Des enfants dorment attachés dans diverses pièces, dont une salle de bains et un local à provisions. Certains lits sont trop petits, ou superposés. Après le départ de l'équipe éducative, les enfants restent sans aucune surveillance de 19 heures à 20 heures, selon le soignant.

Le documentaire décrit aussi les démarches d'une famille de la Nièvre dont la fille de 18 ans est "autiste sévère". Ses parents expliquent qu'ils avaient obtenu une place pour elle dans une clinique psychiatrique mais l'en avaient retirée car ils l'auraient trouvée, lors d'une visite, attachée sur son lit, et qu'elle s'était vu prescrire des doses élevées de neuroleptiques. Cette famille s'est vu opposer plusieurs refus de prise en charge dans des établissements, soit en raison de longs délais d'attente, soit à cause de l'agressivité de leur enfant.

Le film aborde une affaire de maltraitance concernant un IME de Monchy-Le-Preux (Pas-de-Calais), qui a abouti en avril 2013 à la condamnation de la directrice et de deux éducatrices à des peines de prison avec sursis. Il revient sur les nombreuses structures d'hébergement privées qui accueillent des handicapés français en Belgique et sur le cas de certains parents qui ont tué leur enfant handicapé, ou tenté de le faire, à cause des difficultés qu'ils rencontraient.

La ministre promet « la plus grande fermeté »

Marie-Arlette Carlotti a réagi dès le 17 janvier 2014 à ce documentaire, dans un communiqué. Je continuerai à faire preuve de la plus grande fermeté avec les établissements dans lesquels des maltraitances auront été avérées. Comme je l'ai fait avec l'IME Moussaron, je n'hésiterai pas à ordonner des mises sous administration provisoire. Quand il s'agit de protéger l'intégrité des personnes, l'Etat doit intervenir avec autorité, a-t-elle assuré. Elle dit apporter des solutions : création de 4 000 places par an avec priorité aux handicaps lourds, transformation de l'offre pour une meilleure prise en charge, troisième Plan autisme, mise en place d'un dispositif d'urgence pour les situations critiques, mission en vue d'une réforme des règles d'admission et de sortie des établissements pour empêcher les ruptures brutales...

Des fédérations du secteur ont également réagi dès le 17 janvier. L'Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei) s'est réjouie du fait que le calvaire de trop nombreuses familles de personnes handicapées mentales en France soit enfin dénoncé par un média grand public. Elle salue également un documentaire d'Eglantine Emeyé intitulé "Mon fils, un si long combat" , centré sur son propre enfant polyhandicapé avec des troubles autistiques, que France 5 a diffusé le 21 janvier 2014.

"Attention à l'amalgame!", a pour sa part averti la Fédération nationale des associations gestionnaires au service des personnes handicapées et fragiles (Fegapei). Tout en notant que le reportage de M6 a le mérite de mettre en avant le sujet du handicap à une heure de grande écoute et d'évoquer certaines préoccupations clefs du secteur, elle assure qu'il ne faut pas oublier le travail de qualité réalisé par la grande majorité des 7 000 établissements et des services pour enfants handicapés aujourd'hui en France et par les professionnels qui les composent. Elle note que la qualité de l'accompagnement est étroitement liée aux marges financières dont disposent les établissements, et qui sont aujourd'hui de plus en plus restreintes.

Cité dans l'article de La Dépêche du Midi, Philippe Lacroix, chef de service à l'IME Moussaron, affirme que le reportage de M6 est un non-événement qui va rendre des gens encore plus en souffrance. Interrogés par Sud-Ouest dans un article paru samedi, les parents d'un enfant hébergé à l'IME, Brigitte et Jean-Luc Pflieger (pédopsychiatre à Agen) se sont dits blessés par la diabolisation de l'institution et le manque d'objectivité d'un traitement médiatique déséquilibré, même s'ils n'avaient pas encore vu le film. Des familles et tuteurs d'enfants de Moussaron ont averti courant janvier l'administrateur provisoire et M6 qu'ils se réservaient la possibilité de porter plainte contre X pour atteinte à la vie privée de personnes en situation de grande faiblesse, rapporte le quotidien.

Pour revoir le documentaire "Enfants handicapés : révélations sur les centres qui les maltraitent" (1h42)


Source : infirmiers.com