Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

INFOS ET ACTUALITES

Grippe, rougeole, méningite : trois mauvaises nouvelles

Publié le 29/10/2010

Alors que l’automne dernier a été marqué par la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1, celui-ci pourrait bien l’être par la résurgence de maladies infectieuses due à l’insuffisance de la couverture vaccinale contre elles.

Et la mise en veilleuse des craintes à l’égard des vaccins.

L’actualité de cette fin d’octobre donne l’occasion de vérifier une donnée bien établie, mais ignorée de la plupart des gens : dans l’immense majorité des cas, l’élément déterminant pour décider quelqu’un à se faire vacciner contre une maladie n’est pas ce qu’il pense du vaccin, mais ce qu’il pense de la maladie. « Est-elle dangereuse ou pas ? si oui, ai-je une chance de l’attraper ou pas ? »

Ça n’est qu’ensuite que ce quelqu’un se demande : « Le risque lié à la maladie est il plus ou moins important que celui lié au vaccin ? » Autrement dit, qu’il évalue le fameux rapport bénéfice/risque vaccinal.

Ce mois-ci (octobre 2010), il y a eu un semblant de début de polémique sur le vaccin contre la grippe saisonnière, parce que cette année, il inclut aussi celui contre la grippe A/H1N1. On a failli voir ressurgir les vieux démons de l’aluminium vaccinal, les savantes dissertations sur la réticence de la population à se faire immuniser et les indignations contre la nullité de la communication gouvernementale. Et puis non ! la ministre n’a pas été aussi mauvaise que ça : les grenades ont été dégoupillées à temps. Il s’avère que la proportion de population vaccinée (la couverture vaccinale) est grosso modo la même que d’habitude.

C’est-à-dire pas terrible et c’est bien ça le problème. Pourquoi ? parce que les gens ne croient pas que la grippe soit une maladie grave. En France, elle tue tout de même plus de 6 000 personnes par an, mais la plupart sont âgées … et pas vaccinées. Quant à la grippe A/H1N1, elle a tué plus de 300 personnes, dont tous n’étaient pas des vieux (27 enfants de moins de 15 ans) ou n’avaient pas de facteur de risque (49).

Jusqu’à présent, le vaccin semble n’avoir tué, ni même gravement endommagé (ah ! le Guillain Barré !) personne. Bien entendu, on peut toujours répliquer que les données officielles ne sont pas fiables (tous vendus à l’industrie !) ou que ça fait cher pour quelques morts. Terrain dangereusement glissant ...

Deuxième exemple : la rougeole. La couverture vaccinale a dépassé les 90 %, ce qui est un progrès incontestable.

Mais l’ensemble de la population, et surtout les enfants et les jeunes adultes, ne sera vraiment protégé qu’avec une couverture à 95 % au moins, qui est le seuil à partir duquel le virus a du mal à circuler, donc à infecter des personnes non vaccinées. Résultat : en 2006, 44 cas déclarés ; 40 en 2007 ; 604 en 2008 ; 1 544 en 2009 ; 3 094 cas fin août 2010. Soit au total, plus de 5 000 cas depuis 2008, dont 34 % ont dû être hospitalisés et 4 sont décédés. Sur l’ensemble de ces cas, 82 % n’étaient pas vaccinés et 14 % n’avaient reçu qu’une seule dose au lieu de deux.

Il est très difficile de savoir pourquoi la France ne parvient pas à une couverture vaccinale suffisante, au contraire de nombreux pays européens (mais pas tous). Il est vraisemblable que la majorité de la population a compris que la rougeole n’est pas toujours une maladie bénigne.

L’OMS-Europe insiste sur les populations ayant un accès difficile aux soins, autrement dit sur un aspect important des inégalités sociales de santé, dont chacun sait qu’elles sont une priorité de santé publique, comme le psalmodient tous les responsables politiques. Au lieu de se limiter au compassionnel (ah ! quelle misère ! quel scandale !), il serait sans doute plus judicieux d’expliquer que la santé des plus démunis, c’est aussi la nôtre : les microbes se contrefichent des catégories sociales et des frontières.

Quatre étudiants de l’Université catholique de Lille ont été récemment hospitalisés pour méningite C invasive. L’infection est habituellement totalement inapparente, mais elle se complique 1 fois sur 10 000 d’une méningite grave (tous les infectés sont atteints de méningite, mais pas forcément grave) ou d’une septicémie qui, si elles ne tuent pas toujours, provoquent souvent des séquelles.

Malgré les vacances scolaires, on va tenter de vacciner ces 22 000 étudiants. La population ciblée par cette campagne est donc spécifique, urgence oblige. Il faut tout de même rappeler que le Haut conseil de santé publique (HCSP) a préconisé dans ses dernières recommandations vaccinales la vaccination systématique contre la méningite C des enfants et jeunes adultes jusqu’à 24 ans, notamment en raison de l’augmentation du nombre des alertes et de l’apparition d’une souche très virulente.

Surprise ! en dehors des opposants systématiques, personne ne s’offusque et ne s’inquiète à propos du vaccin, ni ne conteste un avis pourtant émis par le Comité national des vaccinations (qui s’occupent de celles-ci au sein du HCSP), que les bons esprits ont soupçonné de collusion avec l’industrie pendant la campagne de vaccination contre la grippe A/H1N1.

Serge CANNASSE
Rédacteur en chef IZEOS
serge.cannasse@izeos.com


Source : infirmiers.com