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Grève illimitée au CHS de Jury-les-Metz : Les infirmiers remplacés par des aides soignants..

Publié le 24/09/2009

La direction du centre hospitalier spécialisé (CHS) de Jury-les-Metz est occupée depuis mardi par des grévistes qui manifestent contre des mesures d'économies, a-t-on appris mercredi auprès de la direction et du syndicat CGT.

L'assemblée générale du personnel a décidé d'appliquer une "grève administrative à partir de jeudi", en ne remplissant pas les tableaux de service et les relevés d'activité, a indiqué à l'APM Jean-Pierre Berton, syndicaliste CGT et secrétaire du comité technique d'établissement (CTE).

"L'occupation des locaux, de jour et de nuit, n'entraîne pas de perturbation pour le fonctionnement de l'établissement", a déclaré à l'APM le directeur du CHS, Michel-Léopold Jouvin. "Une dizaine de personnes ont dormi dans les locaux mais il y a seulement 26 grévistes déclarés dans l'établissement aujourd'hui contre 119 mardi".

Le directeur déplore des dégradations dans les locaux, notamment des serrures qui ont été collées et qu'il a fallu remplacer, en soulignant que le climat social est "très tendu" dans l'établissement.

Il s'agit de la 3ème grève depuis janvier contre les mesures d'économies annoncées pour 2009 et 2010 par la direction de l'établissement. L'hôpital (400 lits, 21 structures extérieures, 840 agents et médecins), couvrant la moitié de la Moselle, a un déficit de 200.000 euros en 2008, pour un budget total de 50 millions d'euros. "Le plan d'économies pour 2009 nous permettra de revenir quasiment à l'équilibre", souligne Michel-Léopold Jouvin, en ajoutant avoir le soutien de l'Agence régionale de l'hospitalisation (ARH) de Lorraine.

En 2009, la direction a mis en oeuvre une nouvelle politique de gestion des ressources humaines, comprenant le non remplacement des départs à la retraite (cinq cadres de santé, un adjoint de cadre et deux secrétaires) et des regroupements sur les structures extra-hospitalières, indique-t-il. Des cadres de santé sont ainsi affectés sur deux ou trois structures au lieu d'une "sans que cela porte préjudice aux soins car nous ne touchons pas aux effectifs soignants". De même, les dépenses de secrétariat dans ces structures sont davantage encadrées, avec un recours aux nouvelles technologies.

Le plan d'économies comprend également un contrôle plus rigoureux des frais de déplacement.

Pour 2010, la direction a annoncé la suppression de la prise en charge totale de la complémentaire santé, permettant d'économiser 500.000 euros, un avantage bénéficiant à tous les agents depuis la création de l'établissement en 1972.

"Nous sommes le seul hôpital de France à appliquer cette prise en charge totale qui est illégale et non conforme, car il n'y a eu aucune mise en concurrence pour le choix de la complémentaire", souligne le directeur. "Nous devons nous mettre en conformité".

Après avoir annoncé la mesure applicable au 1er janvier 2010, la direction a mis en place début 2009 une information pour aider les personnels à "faire un choix éclairé d'une nouvelle mutuelle".

LA CGT CONTESTE

Le syndicat CGT de l'établissement conteste vigoureusement la suppression de la prise en charge de la mutuelle et la gestion des effectifs. "La direction affiche clairement un objectif d'économies sur les coûts de fonctionnement mais cela se fait au détriment des patients et des personnels", a estimé Jean-Pierre Berton.

"30 infirmiers partis en 2008 ont été remplacés par 28 aides soignants. La direction des soins dit qu'il n'y a pas besoin d'infirmiers pour la toilette des patients mais en psychiatrie, des interventions de ce type sont des soins relationnels, il faut être formé pour les pratiquer".

Le syndicaliste déplore "une dégradation du dialogue social depuis l'arrivée de M. Jouvin en 2007". "Tout est fait dans l'opacité. Nous ne pouvons pas travailler dans un climat de sérénité et de transparence. Nous discutons des tableaux d'effectifs mais la direction nous dit ensuite que les chiffres ne sont pas exacts. Nous avons obtenu la nomination d'un médiateur, un administrateur ancien directeur d'hôpital, mais cela n'a rien donné".

La CGT demande également que l'ouverture d'un centre d'accueil et de crise (CAC) à Metz se fasse avec des moyens nouveaux et pas par redéploiement d'effectifs.

La CGT conteste en partie les arguments de la direction sur les cotisations de mutuelle.

"La prise en charge des cotisations de mutuelle a été votée par le conseil d'administration en 1972 en compensation d'une mesure nationale, la fourniture par l'hôpital des soins et des médicaments à ses agents, qui ne pouvait pas s'appliquer ici car nous étions un CHS", souligne-t-il.

"Nous ne sommes pas le seul établissement à en bénéficier, nous avons des exemples de prises en charge partielles aux Hospices civils de Lyon [HCL] à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris [AP-HP] ainsi que dans un institut médico-social".

L'impact financier de la mesure est très important pour les agents, souligne Jean-Pierre Berton. "Nous avons calculé que, pour des bas salaires, cela représenterait une perte de pouvoir d'achat de 6 à 7%".

Il souligne par ailleurs qu'un décret est en préparation pour 2010 pour "une participation financière des établissements hospitaliers à la protection sociale complémentaire des fonctionnaires". Il s'agit de la réforme de la participation de l'Etat au financement des mutuelles des fonctionnaires discutée depuis 2007, note-t-on.

PROPOSITION DE PRISE EN CHARGE REDUITE

La CGT a fait mardi une proposition, permettant de réaliser 180.000 euros d'économies, pour une prise en charge par l'établissement d'un "socle minimal" de complémentaire santé. "Nous avons transmis notre demande à l'ARH, ils doivent nous donner une réponse".

Sur les effectifs, "notre interlocuteur à la direction départementale des affaires sanitaires et sociales a fait une proposition de suivi des effectifs qui doit être validée par l'ARH".

Les grévistes ont rencontré mercredi la présidente du conseil d'administration, Nathalie Griesbeck, conseillère générale et députée européenne Modem. "Elle nous a dit qu'elle était favorable à un dispositif progressif de désengagement sur les cotisations de mutuelle. Elle estime aussi qu'il faut des moyens nouveaux pour ouvrir le CAC et que les économies ne servent pas à ouvrir la structure".

Interrogé sur la proposition de la CGT, Michel-Léopold Jouvin a indiqué "en avoir pris acte" mais l'estime "non réalisable".
JURY-LES-METZ (Moselle), 24 septembre 2009 (APM) -

PARIS, 21 septembre 2009 (APM)


Source : infirmiers.com