À l'origine de cette saisie : la survenue d'un nouvel événement indésirable grave, qui s'est déroulé dans la nuit du mardi 12 décembre au mercredi 13. « Un patient est arrivé à 04H30, il n'a pas pu être pris en charge et a dû rester dans le véhicule. A 06H30, ils ont dû l'intuber d'urgence dans le véhicule, et il a dû repartir en réanimation vers Saverne », raconte Christian Prud'homme, secrétaire du syndicat Force ouvrière aux Hôpitaux universitaire de Strasbourg (HUS). Comme nombre d'autres, l'établissement souffre d'une pénurie de personnels qui se répercute sur la prise en charge des patients. Et la situation n'est pas nouvelle. Selon le délégué syndical, 55 droits d'alerte ont été émis par les membres du Comité social et économique en 2022 et 36 en 2023.
Les professionnels sont en danger, que ce soit à cause des risques psycho-sociaux, la charge mentale ou les risques d'exercice
« En 10 ans, on a fermé 800 lits sur le CHRU, des lits armés, c'est-à-dire avec le personnel qui va avec », explique-t-il. Puis sont venues s'ajouter les difficultés liées au Covid et leur cortège de professionnels (médicaux et paramédicaux) qui choisissent de quitter l'hôpital et ne sont que trop rarement remplacés. Le manque de lits au sein des autres services empêche alors de libérer des places aux urgences.«Vu la situation, les professionnels sont en danger, que ce soit à cause des risques psycho-sociaux, la charge mentale ou même les risques d'exercice, comme un défaut de surveillance ou une erreur médicamenteuse liée à la surcharge de travail », poursuit Christian Prud'homme. «Et cette impossibilité de prendre en charge engendre des dangers sur les patients.»
Les tensions aux urgences, un enjeu majeur
«J'ai déposé un dossier de dénonciation de faits délictueux», a annoncé Matthieu Airoldi, avocat du syndicat. «Si ce signalement ne donne rien, j'ai le droit, au bout de trois mois, de porter plainte devant le juge d'instruction. Mais j'espère que le procureur va prendre avec sérieux le dossier qu'on lui a déposé ». Auparavant, les syndicats avaient réclamé des enquêtes de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), suite à deux premiers décès inattendus survenus aux urgences, mais qui n'ont, selon eux, pas été menées. De son côté, la direction du CHRU affirme que la prise en charge des urgences « est un enjeu majeur », qui fait l'objet d'actions spécifiques depuis 2015. À titre d'exemple, un gestionnaire de lits a été mis en place en juin 2023 pour vérifier, organiser et consolider les parcours des patients et les lits d'aval disponibles.
Les deux sites du service des urgences de Strasbourg accueillent en moyenne « 225 passages par jour, impliquant 80 à 90 hospitalisations quotidiennes », indique le CHRU.
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