Flo & Yo - Finlande, épisode 1 !

Fidèles à leur promesse de partager leur aventure « Care Conception Through the World » avec la communauté d'Infirmiers.com, Flo et Yo, nous proposent aujourd'hui de découvrir le soin en Finlande. Grâce à la participation d'Helena, qui les a contactés pour les aider dans leur projet, et de ses collègues, Flo & Yo ont pu en savoir un peu plus sur la formation, le travail, le coût de la vie et le système de soin en Finlande. Dans ce premier épisode, nos « nurses trotters » abordent la thématique de la formation des infirmiers finlandais.

Le parcours d’Helena

Helena, d'origine française, débute sa carrière à Montpellier, en effectuant une formation d'aide-soignante. « Je suis issue d’une famille où le médical et le paramédical ont de l’importance. » Elle travaille alors au CHU durant une courte période puis dans une clinique où elle y apprend beaucoup techniquement. Elle décide ensuite d’entreprendre des études d’infirmière. « Malheureusement, j’ai échoué au passage du DE et, à l’époque, il n’était pas possible de redoubler. A la suite de cela, je suis partie en Angleterre, puis je suis revenue en France et au cours d’un voyage, j’ai rencontré mon Finlandais. »

Helena quitte donc la France pour la Finlande où elle travaille comme manutentionnaire, professeur assistante de Français, modèle... enfin, tout ce qui est possible et imaginable pour gagner son pain quotidien et apprendre la langue. « Une fois que j’ai su parler le finnois, j’ai fait des études de secrétariat mais très vite je me suis retrouvée au chômage, particulièrement lors de la récession de 1991 ». Elle en profite donc pour rester à la maison et s’occuper de ses enfants. Puis, Helena se sépare de son conjoint et se met à chercher du travail. Chaque fois qu’elle passait un test d’orientation, il s'avérait qu’elle serait excellente pour la profession d’infirmière. « Au début, je ne voulais plus en entendre parler, je considérais cela comme du passé. Finalement, mes tentatives de trouver du travail dans le secrétariat ayant maintes fois échoué, la profession de secrétaire évoluant… et après avoir tenté de rentrer dans des formations de secrétariat qui m’auraient remise à niveau, mais sans succès, je fus admise à l’école d’infirmière ! »

La formation des infirmiers

La durée des études

La durée des études est de trois ans et demi. Les étudiants disposent de deux mois de vacances scolaires l’été, deux semaines à Noël et une semaine à Pâques. Cela permet aux étudiants habitant dans d’autres contrées de rentrer chez eux, mais aussi, durant les congés prolongés, de travailler en tant qu’aides-soignants ou femmes de salles pour économiser et payer leurs études.

Les conditions d’entrée à l’école

Les conditions d’admission varient un peu en fonction des écoles. Elles sont ouvertes aux bacheliers ou aux titulaires du DE d’aide-soignant dont les études en Finlande durent deux ans et demi avec une expérience de trois ans de travail. D’après une étudiante d'Hämeenlinna, dans la province du Kanta-Häme, pour entrer à l’école d’infirmière, il faut se soumettre à un test psychologique et passer des examens de calcul et d’écrit dont le sujet diffère en fonction de l’école et du profil d’étudiant recherché. En plus des tests, il faut lire un livre d’environ 200 à 300 pages concernant l’éthique infirmière et un livre sur l’anatomie-pathologie puis répondre aux questions durant une épreuve. Et enfin, il y a un entretien.
Les aides-soignants ont la possibilité d’étudier tout en travaillant soit en cours du soir, soit en cours dans la journée avec une semaine de cours/mois ou bien trois jours de cours/semaines selon les écoles. Le contenu de ces cours est le même que pour les étudiants à plein temps sauf que pour ces derniers, le travail personnel à fournir est plus intense.

Nombre de crédits

Le nombre de crédits est de 210. Pour celles qui choisissent d’enchaîner avec une formation ”Officier de Santé”, il est de 240. Cette formation complémentaire se fait soit directement après la formation d’infirmière, soit indépendamment et dure six mois. Elle permet de travailler dans les dispensaires, les associations sociales, les PMI, les écoles… mais il est difficile de parler de cette spécialité car elle est propre à la Finlande et ne se retrouve qu’au Canada sous le titre d’Officier de Santé.

Le contenu des études (ce cursus est celui d’Helena et il peut y avoir quelques changements depuis 3 ans)

• 1. Activités de recherche et de développement en soins infirmiers (30 crédits)
  • Développement basé sur l’apprentissage (10 crédits)
  • Méthodologie de la recherche (10 crédits)
  • Compétence et connaissance du patient (10 crédits)
• 2. L’environnement humain (35 crédits)
  • Le point de départ pour les soins infirmiers (10 crédits)
  • Formation pratique (15 crédits)
  • La langue finnoise (5 crédits)
  • Finnois parlé et écrit (5 crédits)
• 3. Connaissance du patient et apprentissage de son environnement (30 crédits)
  • Éthique infirmière (5 crédits)
  • Aptitudes sociales et apprentissage de la coopération en équipe (5 crédits)
  • Formation pratique 2 (15 crédits)
  • Anglais (5 crédits)
• 4. Interventions pour la promotion de la santé (30 crédits)
  • Processus pour le savoir-faire professionnel (5 crédits)
  • Évaluation des capacités des clients au cours du processus d’évolution et de changement entraîné par sa maladie (10 crédits)
  • Formation pratique (10 crédits)
  • Mise en pratique des méthodes de compétences en soins infirmiers (5 crédits)
• 5. Promotion de la santé et procédure pour l’orientation du patient (20 crédits)
  • Procédures d’orientation et de conseils spécialisés (5 crédits)
  • Formation pratique (10 crédits)
  • Entrepreneuriat (5 crédits)
• 6. Soins centrés sur le besoin du client (20 crédits)
  • Approfondir la connaissance des soins infirmiers (5 crédits)
  • Formation pratique (10 crédits)
  • Nursing Management (5 crédits)
• 7. Développement de services en vue d’améliorer les soins aux patients (15 crédits)
  • Formation pratique (10 crédits)
  • L’innovation dans le service et le développement (5 crédits)
• 8. Infirmiers de santé publique (30 crédits)
  • Travail de l’infirmier de santé publique sur la protection individuelle, familiale et communautaire (20 crédits)
  • Formation pratique (10 crédits)
• 9. Etudes au choix (15 crédits)
  • Russe ;
  • Cultures étrangères ;
  • L’abus de substances et la maternité ;
  • Études sur les pays en voie de développement ;
  • Études sur l’Asie, test linguistique en anglais ;
  • Rédaction des travaux universitaire ;
  • Bases pour la recherche fondamentale.
    Ces crédits sont à choisir par les étudiants mais ils doivent néanmoins correspondre à des critères donnés par l’école. Il faut pouvoir prouver que les crédits choisis ont un rapport avec la profession…
• 10. Mémoires de fin d’études (15 crédits)
  
  • Sujet imposé par l’école la plupart du temps

L’allocation d’aide aux études

L’allocation d’aide aux études est destinée à assurer la subsistance des étudiants pendant la durée de la scolarité. Le versement de l’allocation d’aide aux études incombe à l'Institut d’Assurance Sociale (IAS). Pour les études en Finlande, une allocation d’aide aux études peut être accordée à un citoyen Finlandais, à un travailleur en provenance d’un Etat de l’UE ou de l’EEE, à sa conjointe et à son enfant à charge. L’allocation est aussi accordée aux personnes ayant résidé en Finlande au moins deux ans dans un but autre que celui d’étudier si le logement peut être considéré comme permanent. L’allocation d’aide aux études est accordée aux études à plein temps après l’école de base: pour le lycée, pour la formation professionnelle de base et supplémentaire et pour passer un diplôme universitaire.

L’allocation d’aide aux études se compose d’une bourse d’études, d’une allocation complémentaire d’aide au logement et d’une garantie accordée par l’Etat au prêt pour études ainsi que d’une aide aux repas, d’une aide au transport scolaire et d’une aide à l’intérêt du prêt pour études. Le montant d’une bourse d’études dépend de l’âge de l’étudiant, des éventuels liens de parenté entre le locataire et le propriétaire du logement, de l’établissement d’enseignement et de la situation économique. La bourse étudiante est d’environ 300 euros brut/mois. Elle peut être augmentée si l'on a des enfants de moins de 16 ans à charge.

Point de vue d’Helena sur la qualité de la formation

« Personnellement, avant de reprendre le cursus infirmier, j’ai repris quelques cours pour la formation d’aide-soignant. C'était une sorte de remise à niveau après de longues années de pause, et je trouve cette formation excellente même s'il y a toujours quelques critiques à faire. Par exemple, je pense que la formation des infirmières finlandaises est trop théorique et manque considérablement de pratique. Si je compare ce que fait une infirmière française par rapport à une finlandaise, l’infirmière finlandaise est, techniquement parlant, nettement « inférieure » à l’infirmière française. L'infirmière finlandaise n’apprend notamment pas à piquer durant ses études. Les études en labo pratique sont d’un niveau trop faible, comportent trop peu d’heures, et sont trop peu encadrées. En fonction de son parcours de stages, on apprend à faire des choses plus ou moins techniques… c’est très inégal.

D’autre part, il arrive parfois que si l’étudiant est étranger, dans certains endroits, il n’aura pas droit aux même égards que ses collègues finlandais. Un certain racisme caché/xénophobie en est la cause... La Finlande n’est pas un pays particulièrement accueillant … et les finlandais ont une réputation non exagérée de xénophobie.

Mais dans l’ensemble, la qualité des soins en Finlande est excellente. Une chose m’a tout de même marquée : les Finlandais sont persuadés d'avoir les meilleures formations au monde. C’est une attitude assez suffisante. La Finlande a un bon niveau de formation dans l’ensemble mais ils ont tendance à dénigrer les DE obtenus dans les autres pays pour se considérer comme les meilleurs. »

Après les études, une fois que l’infirmière est affectée à un service, elle doit s’inscrire à un cours de pharmacologie d’une durée d’une journée. On y traite la bactériologie, les transfusions, les soins du cathéter CV, les soins du cathéter IV, comment placer un cathéter veineux, l’hygiène des mains durant les soins, l’hygiène des mains durant la préparation des perfusions et la distribution des médicaments. En un mot, la formation que l’école devrait pourvoir durant les trois années d’études mais qui est résumée sur un jour !

Certes il y a des informations intéressantes qui sont données par des praticiens ou des infirmières mais encore une fois c’est trop court, donc trop succinct. Une fois que le cours est terminé, il faut passer un examen. Il se compose d'une série de questions sous forme de QCM (50 au total) où il faut répondre correctement à au moins 40 questions pour valider la théorie. Il y a aussi dix calculs de dosages à effectuer. Pour la partie concernant les transfusions sanguines, il y a un test spécifique.

Une fois que cet examen que l’on appelle ”le permis de piquer en IV” est réussi, il faut ”pratiquer dans son service” et faire cocher par une collègue la case correspondant à la pose d'un cathéter IV, à une perfusion ou au mélange d'antibiotiques. Il faut avoir pratiqué un certain nombre de fois pour que lorsque toutes les cases sont cochées, le médecin du service appose sa signature qui donnera enfin le droit de faire tout cela… Ce permis n’est valable que cinq ans et dans tous les hôpitaux depuis peu. Toutefois, certains services très spécialisés comme les urgences, les maladies infantiles ou l’hématologie exigent d’autres garanties. »

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Florence et Yohan MAUVE
Rédacteurs Infirmiers.com
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