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Fin de vie et précarités : une prise en charge inadaptée

Publié le 12/01/2015
homme rue précarité

homme rue précarité

L'Observatoire national de la fin de vie (ONFV) formule dix propositions pour améliorer la prise en charge de la fin de vie des personnes précaires, actuellement inadaptée, dans son rapport annuel remis le 7 janvier 2015 à la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, Marisol Touraine.

La fin de vie des personnes précaires inadaptée selon l'Observatoire national de la fin de vie.

Dans son rapport de 243 pages, l'Observatoire présente six parcours fictifs pour mieux connaître la réalité et comprendre les enjeux de la fin de vie des personnes en situation de précarité en France. Elle constate notamment que les structures et organisations destinées à l'accompagnement des personnes en situation de précarité sont en général inadaptées à la fin de vie. Pour y remédier, l'ONFV propose notamment de sensibiliser les décideurs et les structures gestionnaires d'établissements et services sociaux et médico-sociaux aux besoins existants et à venir d'accompagnement de fin de vie pour les personnes en situation de précarité. Il faudrait les inciter à prendre en compte cette problématique dans leur politique (notamment dans le programme régional d'accès à la prévention et aux soins) et dans leur projet d'établissement, suggère-t-il.

Il recommande d'expérimenter des actions territorialisées et intersecteurs (sanitaire, médico-social, social) permettant d'accueillir, dans des dispositifs existants ou par de nouveaux dispositifs, des personnes de moins de 60 ans, confrontées à la maladie grave évoluée et/ou en fin de vie et en situation de précarité (notamment liées à l'isolement ou l'épuisement de proches aidants).

Il préconise d'inciter au déplacement des structures ressources en soins palliatifs (réseaux et équipes mobiles) vers les personnes en situation de précarité et de maintenir des lits identifiés de soins palliatifs dans les services de soins de suite et de réadaptation (SSR) pour les personnes en situation de précarité et en fin de vie.

Il faudrait aussi sensibiliser les associations de bénévolat d'accompagnement de fin de vie aux spécificités de l'accompagnement des personnes en situation de précarité, aux ressources existantes et proposer des formations aux bénévoles.

L'observatoire propose de développer des actions de formations interdisciplinaires pour permettre aux acteurs accompagnant des personnes en fin de vie et en situation de précarité de se connaître et de repérer les ressources disponibles "pour pouvoir travailler ensemble de manière efficiente".

Il recommande de mettre en place des outils de repérage des fragilités sociales dans le champ du soin à l'hôpital et à domicile à l'attention des équipes soignantes et d'engager une réflexion commune avec le Comité national de lutte contre l'exclusion notamment sur le droit à un enterrement digne pour les inhumations d'indigents.

Il faudrait aussi laisser la possibilité à la personne sous tutelle de désigner une personne de confiance parmi les membres de sa famille ou ses proches lorsque le tuteur est un mandataire judiciaire à la protection des majeurs.

Enfin, l'observatoire plaide pour la conduite de travaux de recherche sur l'équilibre socio-économique des personnes en fin de vie de moins de 60 ans précarisées par la maladie afin d'adapter l'offre aux besoins et de mieux prévenir dans l'avenir ce risque de précarisation.

Il propose de développer et suivre, comme indicateur national de précarités invisibles, le nombre de personnes indigentes décédées et inhumées par les communes gratuitement.

Quelques points-clés sur la réalité de la fin de vie des personnes en situation de précarité

  • Les personnes sans domicile en situation d'extrême précarité ont en moyenne une espérance de vie inférieure de 28 ans sur la période 2008-2010 (49 ans vs 77 ans).
  • En 2014, en moyenne 1,5 résidents par Centre d'hébergement et de réinsertion sociale étaient en fin de vie (maladie grave en phrase avancée ou terminale connue de l'établissement), dans des locaux souvent inadaptés.
  • La durée de séjour à l'hôpital est plus longue de 61 % chez les patients dits précaires que les non précaires. Cet allongement de la durée de séjour est davantage lié à des raisons sociales que médicales.
  • Un patient en fin de vie et en situation de précarité sur deux, accompagné par les assistants des services sociaux hospitaliers, vivait une situation de précarité engendrée par la maladie.
  • Les équipes ressources en soins palliatifs interviennent peu dans les structures sociales ou médico-sociales.
  • Seuls 1/3 des infirmiers et des aides-soignants d'Hospitalisation à Domicile (HAD) sont formés à l'accompagnement de fin de vie ou aux soins palliatifs alors qu'un patient sur quatre est concerné par une prise en charge « soins palliatifs ».


Source : infirmiers.com