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Étudiants infirmiers - Fermez le rideau ! La MSP DE est finie

Publié le 24/03/2011

Dernière épreuve avant le diplôme ! Mickaël nous raconte comment il a préparé et vécu la mise en situation professionnelle (MSP) en s’inspirant du théâtre !

Plus de 3 ans que j’en entendais régulièrement parler comme l’aboutissement, le couperet d’une formation relativement intense : la mise en situation pratique (MSP) du Diplôme d’Etat (DE) … c’est aujourd’hui !

Nous sommes le 4 Novembre 2010 aux urgences ORL de l’Île de France dans un grand hôpital parisien, il est environ 13 heures et j’attends le jury.
Je parais assez décontracté selon mes collègues. Je suis en fait concentré, mais pas spécialement stressé, j’ai bien préparé et répété mon rôle : acteur principal d’une pièce de théâtre dont l’acte final se joue cette après midi et que je n’espère pas tragique.

Pourquoi une pièce de théâtre ? Tout simplement parce que, pour moi comme pour beaucoup, la mise en situation professionnelle et a fortiori celle du Diplôme d’Etat s’apparente à une mise en scène plus ou moins en rupture avec la pratique quotidienne du soin.

Préparation

Le tirage au sort des stages DE a eu lieu fin mai, j’ai donc eu 6 mois pour penser et préparer mon rôle. J’étais assez content de mon tirage : de la chirurgie - du soin propre, des préparations et des retours de bloc, de l’ORL ; pas ma spécialité préférée a priori, mais je n’en avais jamais fait donc c’était l’occasion d’apprendre et les patients sont plutôt autonomes, l’après midi : le rythme me convient parfaitement !

Après 6 représentations d’entrainement, j’avais construit au fur et à mesure un certain nombre d’outils pour m’aider et faciliter la préparation et le déroulement des spectacles : support pour les démarches et projets de soins, pour la planification des soins, pour les diagnostics infirmiers, pour les normes sanguines et urinaires, tableaux récapitulatifs de pharmacologie etc.

Ceci ajouté à un travail sur chaque pathologie prise en charge incluant la physiopathologie, les signes et complications possibles et les différents traitements actuellement disponibles.
Tous ces éléments ont été, je pense, déterminants dans la préparation et le succès de ces représentations et le seront, je l’espère, dans l’acte finale : la MSP DE.

Le mémoire et sa soutenance

Avant la MSP DE, il y a évidemment le mémoire ou travail de fin d’étude (TFE) que l’on travaille depuis un an et sa soutenance. Pour moi c’était le 8 Octobre 2010.
Mon sujet portait sur l’acceptation des soins par les SDF en état d’ébriété aux urgences et les compétences relationnelles de l’infirmière.
Le jury se composait de ma formatrice référente et d’une infirmière ayant une expérience importante dans de gros services d’urgence parisien.

La soutenance a duré environ une demi heure, je suis revenu rapidement sur le choix du sujet et de ma question de recherche, ensuite sur les erreurs ou omissions du mémoire après relecture à distance par moi-même mais aussi un certain nombre de professionnels et de proches. J’ai ensuite développé ou approfondi certains points qui méritaient de l’être et enfin ouvert sur un certain nombre de perspectives.

J’ai également précisé en quoi ce travail m’a servi et permis d’évoluer sur le plan professionnel mais aussi personnel.
La soutenance s’est faite à l’aide d’un support power-point très imagé avec peu de texte (juste les mots principaux).

Le jury m’a ensuite interrogé : comment j’évaluais mon travail, comment j’envisageais ma future pratique professionnelle en regard de mon mémoire et de ses conclusions ; il m’a aussi attaqué et provoqué sur quelques points d’éthique et poussé à justifier et argumenter mes choix au regard de la législation et des droits du patient (notamment le droit au refus de soins et ses limites).

Au final je ressors confiant de la soutenance pour la première partie (la présentation), mais mitigé sur le moment d’échanges avec le jury en ayant en également en tête que c’est leur rôle de nous pousser dans nos retranchements et dans nos limites pour qu’on y réfléchisse …

Déroulement : La pratique

Nous sommes donc le 4 Novembre 2010, avant dernier jour du stage DE. Je suis arrivé deux heures avant pour pouvoir prendre mon temps, prendre le pouls du service et me mettre doucement dans les conditions du « live ».
Je suis également arrivé plus tôt pour mettre à jour et/ou faire mes démarches : c’est un service d’hospitalisations d’urgence, il y a un turn-over important de patients qui viennent pour des motifs aussi variés que des traumatismes faciaux, des vertiges, des surdités brusques, des cancers de la sphère ORL, des plaies cervicales, des corps étrangers dans l’œsophage, des phlegmons ou encore des trachéo(s)tomies.

Pendant tout mon stage, j’avais pris en charge 10 à 12 patients chaque jour sur un service comptant 12 lits dont deux chambres seules où sont hospitalisés des patients plus « lourds ». En accord avec le cadre, aujourd’hui, je prendrai en charge 7 patients dont un patient en chambre seule (dans les textes réglementaires, c’est 6 à 10 patients en chirurgie).
Les transmissions commencent, je remplis ma grille de transmission qui se transforme en planification une fois la feuille retournée. Je pense que les supports sont des outils importants et sécurisants d’une bonne prise en charge.

Le jury arrive pendant les transmissions et commence à m’observer, je leurs souris et continue d’écouter mes collègues. Une fois les transmissions terminées, je précise à ma collègue infirmière, en m’assurant que le jury m’entende bien évidemment (pièce de théâtre oblige), quels sont les patients que je prends en charge et comment j’aimerais qu’on s’organise pour cette après midi un peu spéciale. Tout est scénarisé évidemment vu que tout a déjà été négocié « en coulisse » au préalable …

Je planifie rapidement mes soins de l’après midi au regard des dossiers de soins et de la prescription médicale (en n’oubliant pas de préciser le travail en collaboration) et en expliquant ce que je fais tout haut pour que le jury (et moi-même) puisse suivre et comprendre tout ce qui se passe. Si le jury est perdu, ce sont des points qui se perdent !
La formatrice me demande de lui faire un point sur mes patients : identité, âge, motif d’hospitalisation, caractéristiques, soins prévus, je lui fais un topo rapide et complet sur chaque patient : elle commence à m’attaquer et à me taquiner avec une rafale de questions auxquelles je réponds avec le sourire, toujours ! (courtoisie et pièce de théâtre oblige …)

Elle souhaite avoir des précisions concernant le motif d’hospitalisation, les circonstances, la prise en charge prévue … Il s’agit d’être relativement exhaustif dans ces explications, mais pas trop, pour laisser la place aux questions, en les ayant anticipées évidemment ;-)
Ensuite je prépare ma paillasse et mon espace de travail, organisation et hygiène, le jury aime ça (et moi aussi !!).

J’anticipe les soins que j’aurai à faire cette après midi en préparant le matériel et les traitements tout en expliquant au jury que c’est un service d’urgences où tout peut s’accélérer très rapidement et donc qu’il faut anticiper tout en vérifiant toujours sa prescription avant chaque soin, évidemment …
Le jury est à distance et discute mais je sais très bien que je risque d’être « flashé » à tout moment, tout est prévu, j’ai mon rituel que j’ai travaillé depuis 5 semaines … tout est rôdé !
Il est 14h45, je prépare ce qu’il me faut pour faire le tour de mes patients : dossiers, dynamap, thermomètre … c’est parti.

Je guide le jury par mes explications et cela pour plusieurs raisons : premièrement, le fait de dire ce qu’on fait à haute voix permet d’en prendre bien conscience, de réajuster et d’anticiper au besoin ; ensuite cela permet au jury de bien comprendre le déroulement, les liens et le sens de chaque action ; et enfin cela permet un dialogue avec le patient en lui expliquant le sens de nos gestes et actions et ainsi induire une éducation en regard.

Le jury se sent donc intégré et non à distance, moi je sens que je maitrise mon sujet, et le patient se sent considéré, comprend tout ce qui se passe et va se passer, ainsi tout le monde est plus à l’aise …
Au final je suis suivi pendant trois heures : tour des paramètres vitaux, pose d’antibiotiques et antalgiques, sortie de patients, 2 entrées en urgence de patients et 2 retours de bloc.

Déroulement : Projets de soins et argumentation

Vient ensuite le moment de la présentation et de l’argumentation des projets de soins qui a duré environ 30 minutes. Entre-temps, j’ai fait le point avec ma collègue infirmière sur mes soins et mes patients, ce qu’il reste à faire, et prévenu mes collègues AS (et l’ai précisé au jury évidemment, théâtre oblige !).

Pendant la présentation de mes projets de soins, le jury me posait directement ses questions et me demandait d’argumenter ; tout y est passé : physiopathologie, législation, droits du patient, éthique, aspects administratifs et sociaux, prise en charge médicale et infirmière, risques, devenir du patient etc.
J’ai dû faire deux démarches en « live » pour les deux patients que j’ai accueillis : l’entretien d’accueil complet que j’avais fait en présence du jury m’a permis de présenter ces patients de manière relativement exhaustive - motif d’hospitalisation, aspects sociaux, problèmes réels et potentiels du jour, prise en charge médicale et paramédicale, probable devenir …

Le jury m’a ensuite demandé de ramener les dossiers de soins pour les évaluer : transmissions ciblées, validation des soins, paramètres vitaux, signature et identification du professionnel.
La MSP se finit à 18h30 et je continue ma journée « normalement », il me reste des soins et des traitements à administrer avant le repas, hé ! oui, les patients ne sont pas partis avec le jury …

Ressentis

Je me sens soulagé, je sais que tout s’est bien passé, bien que le jury n’ait pas le droit de donner d’indications concernant ma « prestation », la communication non verbale ne se contrôle pas toujours et on le sent !
Ma collègue infirmière me confirme aussi que, selon elle, il n’y aura aucun souci. Je continue de prendre en charge mes patients et part à 21h30 après les transmissions, comme d’habitude.
Le lendemain, dernier jour du stage, mes autres collègues, curieuses, me confirmeront aussi mon ressenti après avoir « cuisiné » le cadre du service qui était le co-jury.
J’ai un rendez vous pour une prise de poste à 14h et ensuite je dois me rendre au Salon de l’infirmier avec accord du cadre de service, je passe donc juste dans le service pour remercier tout le monde, voir mes collègues qui passaient leur MSP ce jour là et apporter des petites sucreries aux collègues.

Attente des résultats

Il faudra maintenant attendre un mois pour avoir les résultats.
En attendant je vais prendre un peu de temps pour moi et faire les démarches que je n’ai pas eu le temps de faire pour préparer mon avenir professionnel et personnel.
Je vais aussi faire des vacations en tant qu’aide soignant dans différents services, notamment dans des spécialités que je ne connais pas tellement, pour apprendre et faire ce que j’aime : être auprès du patient.

Evidemment il y a aussi un aspect financier secondaire, mais on ne vit pas d’amour et d’eau fraiche dans ce bas-monde.
Ces vacations me permettent aussi de prendre vraiment conscience du travail des collègues AS et de leurs contraintes, et ainsi envisager au mieux mon travail en collaboration et en binôme pour la suite.
Le mois passera très vite bien que je sois très impatient d’avoir enfin mes résultats et de commencer à travailler !

Résultats

Nous y voici ! 2 Décembre 2010, jour des résultats. Je mange avec ma mère au restaurant le midi avant d’aller les voir.
Nous arrivons un peu en retard. Arrivé à l’entrée de l’IFSI, j’apprends tout de suite que j’ai mon diplôme par l’intermédiaire d’un collègue de promotion ; il me félicite aussi car il semblerait que j’ai été cité par la directrice, mais … pourquoi ?

Il y a du monde, beaucoup de monde, un petit buffet. Je croise la directrice qui me félicite rapidement, je vois ensuite le directeur adjoint qui me remet mon attestation provisoire de réussite et me donne mes notes : 56/60 à la MSP DE et 58/60 au TFE.
Je suis très content, j’avais travaillé pour cela, avoir le diplôme avec la manière était très important pour moi (et pour remercier et rendre fière ma mère également !).
Ces résultats sont aussi très importants pour mes projets futurs où les places sont chères …

Notre promotion a eu de très bons résultats, les 2/3 de la promotion a eu plus de 80 sur 120 au total et nous sommes trois à avoir eu plus de 110 sur 120. Je suis très fier d’avoir été le délégué de cette promotion pendant trois ans et souhaite à tous bonne continuation pour la suite !
Mon frère décrochera son doctorat de sciences politiques le lendemain avec mention et je prendrai mon poste en CDD le samedi 4 Décembre aux urgences d’un hôpital parisien en attendant de mettre en place d’autres projets.

Mickaël PERCHOC
Rédacteur Infirmiers.com
mickael.perchoc@infirmiers.com


Source : infirmiers.com