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« Etre socio-esthéticienne, c’est apporter une bulle aux patients »

Publié le 25/06/2014
socio-estheticienne

socio-estheticienne

La réalisatrice Stéphanie Haski questionne la place de l'image de soi et du jeu des apparences... Pour ce faire, elle s'intéresse au travail des socio-esthéticiennes qui participe à programmes d'aide ou de soins par le biais de l'outil esthétique... Merci à Rue89 pour le partage de ce joli travail...

Socio-esthéticienne, c'est travailler au plus près de la personne malade ou en difficulté sociale...

Il y a quelques temps j’ai été marquée par deux vidéos directement liées aux questions de l’image de soi et ayant fait le buzz. Dans les deux cas il s’agissait de ces fameux « relookings extrêmes » qui changent en un clin d’œil et de façon radicale l’apparence d’un individu explique la réalisatrice Stéphanie Haski. Après Emmanuelle, j’ai eu envie de faire réagir Corinne, socio-esthéticienne, aux messages diffusés par ces films. Pour rappel, je travaille depuis quelques mois à la réalisation d’un documentaire pour lequel je vais suivre ces deux femmes dans leurs vies professionnelles. Elles sont socio-esthéticiennes : elles travaillent dans des structures (centres sociaux, hôpitaux, prisons, maisons de retraites...) et participent à des programmes d’aide ou de soin par le biais de l’outil esthétique.

"Canons de beauté" ou le point de vue de la réalisatrice Stéphanie Haski

Canons de beauté est un vidéo-blog. Parce que la vidéo est mon mode d’expression privilégié et parce qu’elle me paraît être le medium idéal pour révéler les gestes esthétiques et mettre en lumière des beautés différentes. Je proposerai des portraits de personnes dont l’activité, les préoccupations, la culture sont liées aux questions de l’apparence.

Corinne Chenet travaille trois jours sur cinq à l’hôpital des Diaconesses, à Paris, en oncologie et en unité de soins palliatifs. Je vais la filmer en oncologie. A Corinne, je montre ce teaser d’un événement créé par Mimi Ullens Foundation, une association belge venant en soutien aux malades du cancer. Des femmes et des hommes soignés contre le cancer y sont grimés à l’extrême, mais ne se voient qu’à la dernière minute. Un photographe est là, face à eux, derrière un miroir sans tain pour prendre la seconde pendant laquelle les patients vont se découvrir et oublier qu’ils sont malades. C’est le slogan : Ne serait-ce qu’une seconde, être insouciant.

Cette vidéo est le contre-pied de celle que j’ai proposée à Emmanuelle. Le changement est également extrême, mais si masque il y a, c’est un masque de fête et non de la poudre aux yeux. On ne nous fait pas croire que la vie de ces hommes et ces femmes a changé après la séance. Par contre, nous sommes témoins d’un moment de vie intense : cet instant où les patients échappent au cancer et oublient qu’ils sont patients. C’est ce qui rend le film très touchant

Accompagner dans la maladie

Corinne avait déjà vu cette vidéo qui lui a été envoyée de nombreuses fois par ses amis ayant pensé à elle et son activité. Ce n’est pas ce que je fais, même si je participe aussi à une certaine forme de légèreté dans la vie des patients. Mon rôle auprès des patients atteints de cancer, c’est de leur apporter une bulle, un espace à eux où je peux les accompagner dans leurs questionnements par le biais de l’esthétique, du bien-être, du contact, du toucher, du réconfort. C’est cette approche non-médicalisée que j’ai avec eux.

Dans les services de cancérologie, il y a souvent des socio-esthéticiennes parce que la maladie, les opérations, les chimiothérapies altèrent l’aspect physique de différentes manières et psychologique, évidemment. Notre rôle est cet accompagnement pour amener un malade à mieux accepter ces différents changements et à palier, parfois de manière très simple, les séquelles et les différentes altérations.

En oncologie, Corinne suit des patients en hôpital de jour (où ils passent de quelques heures à la journée entière pour recevoir leurs soins) et en hospitalisation. Elle leur propose des soins individuels pendant lesquels ils peuvent bénéficier de modelages, de soins des mains, du visage ou des pieds, et de conseils personnalisés. Une fois par mois environ, elle organise avec une spécialiste en foulards et prothèses capillaires un atelier pendant lequel elle prodigue des conseils en maquillage et soins. Mais la socio-esthétique, ce n’est pas que ça. Et c’est ce qui différencie la socio-esthéticienne de l’esthéticienne.

Le soin n’est pas le plus important : c’est tout ce qu’il va y avoir autour. C’est tout ce que ça va déclencher : mieux s’accepter physiquement, donc être moins dans le stress ou l’angoisse. [...] Le fait d’avoir cette bulle de douceur, de réconfort, d’approche différente, peut amener les patients à aller mieux.

Stéphanie HASKI Réalisatrice 

Cet article est paru sur rue89 le 18 juin 2014.


Source : infirmiers.com