À peine évoqué, le projet de loi sur la fin de vie tel que présenté dimanche 10 mars par Emmanuel Macron provoque une levée de boucliers au sein du monde de la santé. Un collectif formé d’organisations* de soignants (dont l'ANFIPA et le SNPI) fait ainsi part de sa « consternation » et de sa « colère », dénonçant une approche « bien éloigné[e] des besoins des patients et des réalités quotidiennes » des professionnels et qui va « à l’encontre du soin »
Un mépris des soignants
Le collectif pointe notamment une absence de consultation des soignants, alors que le chef de l’État vante « un cheminement démocratique ». Un reproche qui n’est pas nouveau et qui va de pair avec une autre doléance : « un mépris » de leur travail lorsqu’il évoque l’obligation, pour certains patients, d’entamer leur démarche de fin de vie à l’étranger. « Il emploie un procédé rhétorique visant à minimiser la capacité à accompagner la fin de vie dans la dignité qui justifierait le bien-fondé de l’aide à mourir, pour mieux masquer l’insuffisance de moyens en soins palliatifs », relève-t-il. Il se désole également des annonces jugées dérisoires sur l’accompagnement de la fin de vie. Si le chef de l’État a promis une augmentation du budget des soins palliatifs à hauteur de 6%, le collectif souligne que, parallèlement, la moitié des patients en besoin d’accompagnement, soit 500 personnes par jour, n’y ont déjà pas accès. « Mourir dans la dignité est une demande bien légitime, mais c’est précisément la mission des soins palliatifs notoirement sous-dotés, insuffisamment connus et trop peu disponibles en France », s’agace-t-il.
Et un manque de considération des patients et de leurs proches
Côté patients, les organisations signataires craignent d’une part un « modèle ultra-permissif ». Ciblée ici, la possibilité qu’un proche procède à l’administration du produit létal en cas d’incapacité du patient, et qui pourrait conduire à des dérives. De l’autre, elles mettent en avant « une méconnaissance de l’ambivalence du désir de mort ». Deux jours sont prévus pour tester « la solidité de la détermination » du patient, avec une réponse devant intervenir dans un délai de 15 jours maximum. Trop court, tranchent-elles, pour estimer son « discernement plein et entier », indispensable à la démarche. Enfin, elles perçoivent dans ce projet de loi un « manque de considération » pour les proches des patients et la société, entre impact de la mort provoquée chez l’entourage et possible sentiment de culpabilité chez ceux qui la provoqueront.
« Supprimer les malades pour supprimer le problème à moindre coût, voilà ce qu’en somme propose cette annonce », jugent-elles, affichant leur volonté de se mobiliser.
*AFSOS : Association Française des Soins Oncologiques de support, ANFIPA : Association Nationale Française des Infirmier.e.s en pratiques avancées, Claromed : Association pour la clarification du rôle du médecin dans les contextes de fin de vie, SMCG – CSMF : Syndicat des Médecins Coordonnateurs, EHPAD et autres structures, généralistes ou gériatres - Confédération des Syndicats Médicaux Français, Conseil National Professionnel de Gériatrie, FFAMCO-EHPAD : Fédération Française des Associations de Médecins Coordonnateurs en Ehpad, FNEHAD : Fédération Nationale des Établissements d’Hospitalisation à Domicile, M3P : Association des Psychologues Cliniciens et des Psychologues Psychothérapeutes, MCOOR : Association Nationale des Médecins Coordonnateurs et du Secteur Médico-social, SFAP : Société Française d’Accompagnement et de soins Palliatifs, SFGG : Société française de Gériatrie et Gérontologie, SMP : Société Médico-Psychologique, SNGC : Syndicat National de Gérontologie Clinique, SNPI : Syndicat National des Professionnels Infirmiers , 2SPP : Société française de Soins Palliatifs Pédiatriques.
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