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Encore des résistances concernant la prise en charge de la douleur de l’enfant.

Publié le 15/10/2005
actualité santé

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Communiqué de presse. A l’occasion de la journée mondiale de la douleur du 17 octobre 2005, l’association SPARADRAP pointe des résistances concernant la prise en charge de la douleur de l’enfant.

L’association SPARADRAP travaille depuis douze ans pour faciliter la rencontre des familles avec le milieu médical dans le souci constant de concilier les besoins des enfants, des parents et des professionnels. Un des objectifs prioritaires de SPARADRAP est de contribuer à ce que la douleur des enfants soit évitée et soulagée dans toute la mesure du possible.

Malgré des avancées incontestables et un cadre légal favorable , des résistances persistent sur la prise en charge de la douleur de l’enfant. A l’occasion de la 2ème journée mondiale de la douleur axée sur la douleur de l’enfant, nous avons choisi de pointer quelques exemples révélateurs afin de manifester notre inquiétude et nos interrogations.


Etre présent auprès de son enfant lors d’un soin douloureux : pas si évident !La prise en charge de la douleur et la présence des parents sont intimement liées : lorsque la prise en charge de la douleur est insuffisante, les soignants ne souhaitent pas que les parents en soient témoins ; à l’inverse, lorsque tout est mis en œuvre pour éviter ou soulager la douleur de l’enfant, les soignants non seulement acceptent, mais encouragent la présence des parents.
Les textes réglementaires et associatifs parus depuis 20 ans sont clairement favorables à la présence des parents à l’occasion d’un soin : « La présence des parents doit être possible lors de la réalisation des gestes douloureux et dans toutes les situations où l’enfant est susceptible de ressentir des douleurs, à chaque fois que l’enfant et sa famille le souhaitent » .
Pourtant, 60% des parents déclarent que leur présence est découragée ou interdite pendant les soins ou examens douloureux (ponction lombaire, myélogramme…), 30% pendant les soins courants (prise de sang, injection, perfusion…) et ces chiffres sont corroborés par les équipes soignantes .
Comment expliquer cette résistance - à l’hôpital comme en ville d’ailleurs ! - à réaliser des examens ou gestes médicaux en présence des parents ? Pourquoi certaines équipes ont-elles réussi à évoluer - avec satisfaction - dans ce sens et d’autres pas ? Comment admettre une telle disparité de pratiques au sein des services pédiatriques français, qui rend plus difficile encore le parcours de soins des enfants et des parents ?

Des prescriptions antalgiques toujours insuffisantes !- La douleur de l’enfant est encore trop souvent sous-estimée dans les situations d’urgence. En effet, selon une étude nationale , seuls 8% des médecins des Services mobiles d’urgence et de réanimation savent correctement définir une douleur aiguë sévère . Les morphiniques indiqués dans le cas de douleurs sévères ne sont utilisés en première intention que dans 47% des cas alors que les médicaments sont disponibles dans 93% des cas.
Pourquoi est-il si difficile de croire et de soulager un enfant quand il dit qu’il a mal ? Pourquoi à douleur équivalente, soulage-t-on beaucoup mieux les adultes que les enfants ?

- A la sortie de l’hôpital, après une opération, les parents sont souvent démunis devant la douleur de leur enfant. Les prescriptions antalgiques ne sont pas systématiques et n’envisagent quasiment jamais de solutions de rechange en cas d’échec du premier traitement : augmentation de la dose, réduction de l’intervalle entre les prises ou recours à un produit plus puissant.
Pourquoi ne pas devancer la question « Mais docteur, s’il a encore mal qu’est-ce qu’on peut faire ou lui donner ? ». Est-ce si compliqué d’anticiper cette prescription alors que la douleur est très souvent prévisible ? Pourquoi risquer de laisser des familles désemparées devant un enfant douloureux, la nuit, le week-end ?

Se procurer des réglettes d’auto-évaluation de la douleur : un parcours du combattant !
Pour prendre en charge la douleur de l’enfant de façon efficace, il faut pouvoir l’évaluer. Il existe des outils validés et préconisés par des sociétés savantes, spécialistes de la douleur et par des organismes publics. Deux réglettes permettent à l’enfant à partir de 4-6 ans d’évaluer lui-même sa douleur : une réglette dans laquelle l’enfant déplace un curseur entre « pas mal du tout » et « très, très mal » , une autre qui permet à l’enfant de choisir un visage représentant sa douleur parmi six visages d’expressions différentes. Les services pédiatriques sont de plus en plus nombreux à les utiliser mais c’est un vrai parcours du combattant pour les obtenir car seuls les laboratoires pharmaceutiques les fabriquent. Pour aider les professionnels à obtenir ces réglettes, SPARADRAP tente d’en assurer la diffusion en partenariat avec certains laboratoires, mais les difficultés d’approvisionnement sont récurrentes.
Pourquoi le personnel médical, déjà débordé, doit-il déployer autant d’énergie et de temps pour acquérir ce matériel pourtant indispensable en pédiatrie ? Pourquoi ces réglettes ne sont-elles pas en vente dans les catalogues de matériel médical, au même titre qu’un thermomètre, une balance ou un appareil à tension ?

En conclusion, on pourrait dire : « La douleur n’est pas une fatalité. Soulager la douleur de votre enfant, c’est possible. ». C’est justement le titre d’un feuillet d’information sur la prise en charge de la douleur de l’enfant qui existe depuis juin 2000 et auquel notre association a contribué . Ce document officiel devrait être remis à tous les parents d’enfants hospitalisés. Il insiste très précisément sur l’importance de l’évaluation, les différents moyens de soulager la douleur de l’enfant ainsi que sur le rôle essentiel des parents. Mieux informés, les parents peuvent ainsi rassurer et accompagner leur enfant.
Pourtant, aucune directive du Ministère de la Santé n’incite à une large diffusion de ce document et dans la pratique, seuls 10% des services pédiatriques le remettent aux parents5.
Encore une fois, pourquoi ce document est-il « mis de côté » alors qu’il donne des informations pertinentes aux parents sur la prise en charge de la douleur pédiatrique et qu’il pousse les équipes soignantes à s’engager dans cette démarche ?

Depuis sa création, notre association a toujours proposé des solutions concrètes d’amélioration de la prise en charge de l’enfant malade et hospitalisé . Aujourd’hui, nous avons choisi de dénoncer les blocages et les difficultés, de poser des questions, afin d’inciter les différents acteurs de la santé à une réflexion essentielle sur la prise en charge de la douleur de l’enfant.
Des solutions existent, il faut choisir de les utiliser.

Association SPARADRAP - http://www.sparadrap.org

Contact presse : Malka Jakubowicz
Tél. 01 43 48 76 48 - communication@sparadrap.org


Source : infirmiers.com