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AU COEUR DU METIER

Edito - "Si nous décidions simplement, tous ensemble, de faire Peuple"

Publié le 20/11/2020
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Le maitre du monde est dorénavant un virus qui dirige tous les domaines de nos vies, publiques, professionnelles, privées, intimes. Peggy, infirmière libérale "sur le pont" depuis neuf mois, le clame avec une détermination de soignante mais aussi de citoyenne : "le combat serait moins rude et moins dévastateur si nous décidions pour une fois de ne pas réagir égoïstement contre et si, dans cette adversité, nous décidions simplement, tous ensemble, de faire Peuple".

Neuf mois de soins réalisés la peur vissée au ventre de ne pas réussir à passer au travers des mailles de la contamination du SARS-COV-2, d’y laisser sa peau, celles de nos patients, de nos voisins, de nos connaissances, de nos amis, de nos proches.

Voilà neuf mois que les soignants du monde entier sont sur le front et luttent jour et nuit pour endiguer la pandémie covid 19. Neuf mois d’une pression extrême, sans relâche, sans repos, pour tous les acteurs de la première ligne, hospitaliers et libéraux. Neuf mois de disponibilité absolue pour les médecins, les infirmiers, les aides-soignants et tous les corps de métiers du soin, non confinés par obligation et par devoir. Neuf mois de soins réalisés la peur vissée au ventre de ne pas réussir à passer au travers des mailles de la contamination du SARS-COV-2, d’y laisser sa peau, celles de nos patients, de nos voisins, de nos connaissances, de nos amis, de nos proches. Et oui, parce que la mort est bien le coeur du combat et la force de ce virus est qu’il est un tueur hors pair, n’éprouvant de pitié pour personne, que l’on soit jeune ou âgé, en pleine force de l’âge ou affaibli par les accidents de la vie.

"Tuer n’est pas jouer", neuf mois que la covid-19 ne joue pas mais gagne

Neuf mois que les médias égrènent des chiffres ahurissants de morts sur le champs de cette bataille virale en oubliant de préciser que pour chacune des victimes tombées correspond des familles endeuillées dont les préoccupations ne sont malheureusement plus savoir s’ils pourront fêter Noël à Chamonix ou à Avoriaz  "comme l’année dernière" car malheureusement pour eux, plus ne sera jamais "comme l’année dernière"… Ces familles sont depuis neuf mois des dizaines de milliers, et leur nombre ne cesse de croitre dans l’indifférence générale souvent due à un manque d’humilité face à l’éventuelle infection, potentiellement mortelle. Et pourtant être humble face à l’épreuve est une qualité essentielle pour résister.

Ne dit-on pas souvent qu’il faut être touché par la maladie pour comprendre et réaliser ses implications et ses conséquences… Neuf mois que les soignants déclarent des centaines de décès par jour, inexorablement.  Leurs yeux épuisés dans ceux éplorés de femmes, de maris , d’enfants, de grands parents des petits enfants. Neuf mois de charge émotionnelle insupportable.  Cela fait neuf mois que nous entendons les annonces quotidiennes de milliers de victimes.

Nous le savons tous, l’excès en tout nuit et finit par empêcher de percevoir la réalité vraie, alors on ne fait plus vraiment attention aux annonces, on se convainc que les chiffres sont à "manipuler avec précaution", qu’ils "ne veulent rien dire".  Chacun y va de son avis d’expert de bar du commerce puisque le commun des mortels confinés ne connait pas la réalité du terrain, les dommages collatéraux et tout le reste.

Les médias de masse organisent des débats télévisés durant lesquels chacune des parties connait la solution miracle, on va même jusqu’à comparer les chiffres des domaines qui tuent et on réalise des palmarès indécents en se plaignant de ces mesures finalement liberticides qui nous empêchent de vivre au milieu des morts qui ne sont finalement pas si nombreux par rapport à ceux provoqués par untel ou untel phénomène.

Au nom de l’individualisme, au moment où le monde entier vacille, on ose tout !

Lorsque j’entends ces discours, je pense à ces dizaines de milliers de familles de victimes et aux soignants épuisés qui les entendent aussi. A la fois, j’ai honte et  je souffre pour eux .

  • Si nous décidions de ne pas tout remettre dans les mains des soignants qui luttent comme ils peuvent avec les minces moyens dont ils disposent.
  • Si nous décidions de participer activement à cette lutte contre le SARS-COV-2 en changeant nos comportements individuels.
  • Si nous décidions de  respecter un peu plus les gestes barrières, en limitant nos contacts, nos déplacements .
  • Si nous décidions de fêter Noël et la Saint Sylvestre différemment, si nous réinventions cette fin d’année pourtant si sombre.

Noël approche pourtant, pourquoi ne pas en profiter pour veiller les uns sur les autres.

  • Si nous décidions de lever les yeux, de nos écrans, de regarder autour de nous en préservant les nôtres et les autres.
  • Si nous décidions en cette fin d’année, de participer à l’action des soignants en instaurant « un prendre soin citoyen ».
  • Si nous décidions de prendre spontanément des nouvelles de la personne âgée seule qui vit dans notre immeuble, tout près de notre maison .
  • Si nous décidions d’appeler la voisine que nous n’avons pas vu sortir depuis plusieurs jours, alors que d’habitude nous la rencontrons chaque matin.
  • Si nous décidions de prendre des nouvelles plus régulières de nos ainés isolés.

Le combat serait moins rude et moins dévastateur.

  • Si nous décidions pour une fois de ne pas réagir égoïstement contre,
  • Si dans cette adversité, nous décidions simplement, tous ensemble, de faire Peuple.

Force et courage à tous !

Peggy, infirmière libérale , en 1ère ligne depuis 9 mois. Nous partageons avec la communauté soignante son billet, véritable appel à la citoyenneté résiliente.


Source : infirmiers.com