Avec la loi de modernisation de notre système de santé promulguée le 26 janvier 2016, de nouvelles modalités de refus de prélèvement d'organes ont été définies et rentreront en vigueur au 1er janvier 2017. Avec elles, l’État espère voir augmenter le nombre de greffes. Pourtant les infirmiers coordinateurs se disent mal à l'aise avec ces nouvelles dispositions. Explications.
Simplifier le don d'organes . C'est le principal objectif de cette nouvelle législation sur le consentement présumé et le refus de prélèvement qui sera appliquée dès le 1er janvier 2017. Depuis 1976, chaque Français est considéré comme donneur d'organes présumé et consentant si aucune opposition n'a été exprimée de son vivant, mais les modalités de refus demeuraient abstraites pour beaucoup. Désormais, celles-ci, ainsi que le rôle que pourraient jouer les proches, seront clarifiées dès le début de l'année 2017. Un changement qui est loin de faire l'unanimité chez les soignants, notamment les infirmiers coordinateurs en charge des prélèvements d'organes et de tissus.
En 2015, Le nombre de greffes a augmenté de 7%
Exprimer son refus
Dès janvier 2017, les Français pourront faire connaître leur souhait en s'inscrivant en ligne sur le registre national des refus. Une modalité qui vient simplifier le consentement puisque le formulaire permet en outre de s'opposer au prélèvement de certains organes et tissus , et d'accorder son autorisation pour d'autres. De plus, l'inscription au registre est réversible et révocable, permettant ainsi à chacun de changer d'avis à tout moment et de consentir au don ultérieurement.
Toutefois, si l'inscription au registre national devient le principal moyen d'expression, il en existe d'autres puisque chaque personne opposée au prélèvement de ses organes peut faire un écrit qu'il devra confier à l'un de ses proches. Ce document pourra alors être transmis à l'équipe soignante en cas de décès et de prélèvement envisagé.
Le refus peut aussi être notifié oralement. Dans ce cas, il sera demandé au proche auquel l'opposition a été exprimée de retranscrire de façon manuscrite et signée les circonstances précises de son expression. Une solution éventuelle qui provoque une gêne chez les infirmiers coordinateurs chargés du prélèvement d'organes.
21 464 patients étaient en attente d'une greffe en 2015
Le malaise des infirmiers coordinateurs
Si le travail des infirmiers coordinateurs en charge du prélèvement d'organes n'a jamais été évident, ces derniers sont d'autant plus inquiets par la mise en application de ces nouvelles disposition. Moi, cela me donne la boule au ventre
, réagit Christine Marcoux, infirmière coordinatrice à l’hôpital Manchester de Charleville-Mézières. Les familles arrivent dans nos services dans des circonstances dramatiques. Elles sont parfois là durant des jours et des jours. Pour un accident cérébral, par exemple. Il y a d’abord un déni de la famille. Si les proches se sont positionnés sur le « non », cela me paraît difficile de leur demander de l’écrire
. Un sentiment partagé par Bruno Suan, également infirmier l’hôpital Manchester : Allez faire écrire [à la famille] un refus comme s’il s’agit d’une reconnaissance de dettes me met mal à l’aise
. Alors, pour éviter une telle situation désobligeante, les soignants espèrent que les Français ont été sensibles à la campagne menée par l'agence de la biomédecine du 19 novembre au 4 décembre dernier et qu'ils s'exprimeront de leur vivant dès le mois de janvier 2017 sur le registre national des refus.
Allez faire écrire [à la famille] un refus comme s’il s’agit d’une reconnaissance de dettes me met mal à l’aise.
(Bruno Suan, infirmier)
Télécharger le guide « Don d’organes, tous concernés » de l'agence de la biomédecine
Gwen HIGHT Journaliste Infirmiers.comgwenaelle.hight@infirmiers.com@gwenhight
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