Pour son dernier plateau de discussion avant la rentrée de septembre, la Fondation Korian pour le bien vieillir a souhaité tirer les leçons de la crise Covid-19 de ce début d'année. Dans les récits des acteurs du grand âge, l'émotion reste vive.
La Fondation Korian pour le bien vieillir a donné début juillet la parole à ceux qui se sont retrouvés en première ligne de la crise sanitaire. Dans leurs différents témoignages, ils insistent tout particulièrement sur la soudaineté de la pandémie et les solidarités qui se sont imposées.
Annabelle Torquiau, infirmière coordinatrice en Ehpad à Thise (Doubs) — intervenant dans un des établissements touchés en premier par la maladie Covid-19 — rapporte ainsi qu'elle a tout particulièrement été marquée par la brutalité de cette crise. Elle dit s'être vite rendu compte de la gravité de l'événement. Nous avions des patients touchés en nombre et nous avions vu nos voisins italiens faire face au même problème... On a eu l'impression d'apprendre à la population qu'il y avait le Covid en France
.
Tous les Ehpad en crise
Autre situation à l'Ehpad de Nissan-lez-Enserune (Hérault), Audrey Alphonsine, ergothérapeute, souligne que personnellement, très vite, elle s'est sentie solidaire des professionnels des Ehpad les plus touchés estimant que son établissement était chanceux de ne pas avoir de cluster dès les premières semaines
. Pour autant, elle insiste sur le fait que son Ehpad n'a pas minimisé la pandémie. Pour elle, les familles ont également très bien compris les enjeux du confinement et ont remercié les professionnels. Elle résume ce qu'elle a vécu en une phrase : On a enchaîné et on s'est adapté
. Interrogée sur la probabilité d'une nouvelle vague, elle dit se poser des questions sur les capacités des établissements à faire face même si les professionnels disposent de masques et ont désormais tous été formés à l'hygiène. Le confinement du mois de mars semble avoir profondément fatigué l'ensemble des professionnels.
La musicothérapie en réponse
Pour sa part, Serge Lesueur, animateur en Ehpad à Marseille (Bouches-du-Rhône), souligne qu'il a pendant le confinement de son établissement déployé les animations musicales du type musicothérapie. Il fallait changer les idées des résidents et des personnels
. Il dit aussi avoir passé beaucoup de temps à appeler les familles pour maintenir les relations entre les résidents et leurs familles et, en quelque sorte, casser l'image médicale de cette crise
. Christelle Foissotte, psychologue en maison de retraite à Sarcelles (Val-d'Oise), indique que pour maintenir le lien social avec les résidents elle a mis en place des sessions Skype mais au départ ce n'était pas évident, certains proches particulièrement anxieux ont dû être appelés tous les jours
. L'objectif était de lever les angoisses des résidents et des familles.
Revivez la prise de parole d’Alain Tchapla, fils d'un résident en maison de retraite à Bures-sur-Yvette (91) lors du 15e plateau de la Fondation Korian « Le covid à huis clos, #ParolesDeSoignants » #fkbv > https://t.co/At299mFjLM
— Fondation Korian (@fondationkorian) August 24, 2020
Jean-Louis Martreux, directeur de maison de retraite à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), estime pour sa part que face à la crise, il n'a pas modifié son mode de management mais il a accentué la confiance qu'il avait en ses collaborateurs dans la mesure où face à la prise en charge du Covid-19, au départ il n'y avait aucune littérature sur laquelle se reposer, chacun faisant comme il pouvait
. Il estime que pour faire face à cette crise il était important d'avoir les bons objectifs, d'être omniprésent, dire ce qui va être fait et pourquoi et n'avoir de cesse que de trouver des solutions et avoir foi en la capacité collective
.
Quels que soient les dispositifs mis en place, Alain Tchapla, fils d'une résidente en Ehpad à Bures-sur-Yvette (Essonne), déclare que le confinement total a été très difficile à supporter pas tant pour lui ou ses filles mais surtout pour sa mère âgée de 100 ans. Elle n'a pas compris pourquoi elle ne pouvait plus sortir de sa chambre. Par la suite, ayant de moins en moins de forces physiques, elle ne répondait plus au téléphone
, explique-t-il. Par ailleurs, les essais de discussions par Whatsapp avec elle ont été des échecs car, sur l'écran, la centenaire ne reconnaissait pas son fils.
Lydie Watremetz, journaliste, Hospimedia.fr
Cet article a été publié sur hospimedia.fr le 25 août 2020. Merci de ce partage.
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