Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

PORTRAIT / TEMOIGNAGE

Coup de gueule : elle est où ma licence d'infirmière ?

Publié le 12/12/2014
ifsi saverne etudiants

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Sur son blog, une infirmière libérale anonyme fait découvrir sa profession au travers de brèves de vie. Sa réflexion du jour porte sur le « fameux » grade licence attribué aux étudiants depuis 2012...

Les nouveaux diplômés de l'Ifsi de Saverne

Vous vous êtes peut-être surprise à dire aux nouveaux diplômés ou aux étudiants que vous encadrez En mon temps, on savait ce qu’était la peur de la MSP ! ou encore À mon époque, on jouait nos trois années et demi d’études sur une seule journée, le jour de notre diplôme !. Cette époque, ce diplôme, qu’on aime rappeler à la mémoire des nouveaux - au risque de nous faire passer pour des vieilles chouettes de soignantes - ne doit pas nous faire oublier un avantage qu’ils ont sur nous : ils pourront nous répondre Oui, mais nous, on a une licence !

Car oui, c’est une triste réalité : nous avons étudié pendant un peu plus de trois ans et nous ne sommes pas reconnus par l’éducation nationale comme ayant obtenu la licence en soins infirmiers, mais tout juste comme un Bac +2. Comment cela se passerait-il si je souhaitais passer un master nécessitant un Bac+3 alors que mon « vieux » diplôme n’est pas une licence ? J’ai donc fait mon enquête…

À vrai dire, j’ai eu du mal à trouver des sources, tant le sujet ne semble pas passionner les foules ! Je me suis donc tournée vers la loi et notamment le décret n° 2010-1123 du 23 septembre 2010.

Il est aussi clair qu’une ordonnance rédigée par un médecin presbyte hypotendu, et au-delà du fait  qu'il ait rappelé à ma mémoire mes cours de droit récités par un professeur tout aussi imbuvable que les textes qu’il nous lisait, j’y ai appris une chose : on ne parle absolument pas de l’ancienne réforme !  Clairement, selon les textes de loi, le grade de licence ne peut être donné qu’aux infirmier(e)s ayant eu leur diplôme après 2011. Bien, on est vachement avancé...

J’ai cherché d’autres textes de loi récents... C’est le seul. Mais ne nous avouons pas vaincu pour autant et voyons la perf' à moitié pleine et non à moitié vide ! Quel moyen donne-t-on aux « vieilles infirmières » -façon de parler-  restant pour le moment la très grande majorité des diplômées en cours d‘exercice et qui souhaiteraient passer un master ? Les universités voudraient-elles d’elles?
Alors j’ai cherché du côté de ces institutions et je me suis rendu sur le site du Registre National des Certifications Professionnelles (RNCP) auquel se réfèrent les universités françaises. Sur la fiche du métier d’infirmier(e) on se rend compte que la certification dépend encore du Ministère de l’intérieur et non de l’éducation nationale et qu’il n’est fait aucune distinction entre ancien et nouveau diplôme. Il semblerait donc que les universités pourraient accepter nos anciens diplômes... Mystère.

Il est vrai qu’il aurait été plus simple que les hautes instances nous pondent un texte officiel pour confirmer que les anciens diplômes sont à présent reconnus niveau II (Bac +3)… Du flou, encore du flou en provenance directe de ceux censés nous représenter… Et pourquoi ça ne m’étonne même plus ?

Il faut également noter une chose importante : on parle depuis le début d’obtenir un « grade » de licence… Pas de « diplôme » de licence, et ça, ça fait une énorme différence, notamment pour les infirmier(e) salarié(e)s. Pour le reconventionnement salarial, c’est le diplôme qui conditionne le salaire et non le grade. En gros, les infirmières salariées n'y gagnent pas grand chose... Comme l’explique le SNICS (Syndicat National des Infirmier(e)s Conseiller(e)s de Santé) dans l'un de ses articles : Un grade de licence revient à une universitarisation partielle de la formation infirmière : c’est une reconnaissance de niveau. [...] En outre, le grade ne permet pas de cohérence entre la licence et le master d’une part, et avec la filière de formation spécifique d’autre part. Il ne permet de fait que des choix individuels de poursuites d’études, et non une reconnaissance officielle de la filière et donc des spécialités.

... Alors on l’a dans l’os ou il serait possible de passer du grade à la licence ? Hé bien pour cela, il faudrait une filière en science infirmière. Une licence générale propre à la formation infirmière avec des passerelles d’accès à d’autres formations de santé ou universitaires. Comme l’explique le SNICS : Une licence générale inclurait les enseignements propres à la formation infirmière et des enseignements transversaux (communs à la licence des sciences de la vie, des sciences humaines…). Le programme des examens pour le diplôme infirmier serait inclus dans cette licence générale. Cette proposition lève l’obstacle de l’absence de sélection pour entrer à l’université, l’admission se faisant sur titre (BAC ou Equivalence). En effet du fait du numerus clausus, les étudiants devront avoir été reçus au concours d’entrée de la formation infirmière pour pouvoir bénéficier des unités d’enseignements qui sont propres à cette formation mais ils pourront s’inscrire aux unités d’enseignements transversaux. Cette proposition a l’avantage d’une inscription choisie d’emblée pour les études d’infirmières et non par échec au concours d’entrée (des études médicales par exemple) comme on aurait pu s’y attendre lorsqu’une première année commune pour toutes les professions de santé avait été envisagée. La formation infirmière « bi-diplômante » est donc possible : diplôme de licence et diplôme d’Etat.

Possible, mais non mis en œuvre pour l’instant. Voilà où nous en sommes : des propositions, et toujours beaucoup de questions sans réponses de nos institutions ! ... Affaire à suivre !

Merci à l'auteure du blog « C'est l'infirmière » pour le partage de son billet publié le 5 décembre 2014.


Source : infirmiers.com