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CHU : une situation "explosive" selon FO santé

Publié le 24/10/2014

Des délégués FO santé venant des trois quarts des CHU et CHR doivent alerter le cabinet de la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, Marisol Touraine, sur la situation "explosive" de leurs établissements, liée à la dégradation des conditions de travail et à l'insuffisance de financements, a indiqué le secrétaire général de la fédération, Didier Bernus, le 23 octobre 2014 lors d'un point presse.

Conditions de travail délétères, insuffisance de financements... Pour FO santé, la situation des CHU est "explosive".

La fédération des personnes des services publics et des services de santé Force ouvrière (FO santé) a réuni le 23 octobre 2014 dans ses locaux une soixantaine de délégués de 25 CHU et CHR, donc ceux des CHU de Martinique, Pointe-à-Pitre et La Réunion. Ceux-ci ont centralisé et mis en commun l'ensemble de leurs revendications qui seront portées au ministère par une délégation comprenant un représentant par établissement. On pourrait penser qu'il s'agit de problèmes spécifiques à chaque établissement, liés à un management ou une organisation déficiente, mais tous les délégués disent la même chose, a souligné Didier Bernus. Les clignotants sont au rouge, ils sont en train de s'affoler.

Lors du point presse, des représentants des CHU de Clermont-Ferrand et de Martinique et de l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM) ont rapporté une augmentation du nombre d'heures supplémentaires et de jours déposés sur les comptes épargne-temps (CET), ce qui représentait par exemple 450 équivalents temps plein (ETP) en 2013 au CHU de Clermont-Ferrand. Ils ont dénoncé la mise en place de CET "virtuels", c'est-à-dire que les agents provisionnent en dehors du règlement car ils ont trop de jours ou d'heures supplémentaires à mettre sur leur compte officiel. Les délégués ont aussi déploré de forts taux d'absentéisme dans certains services et des conditions de travail dégradées par exemple pour les aides-soignants et infirmiers qui estiment ne plus avoir le temps de bien s'occuper des patients.

Didier Bernus s'est déclaré "effaré" par les remontées des établissements et estime que la tutelle doit se rendre compte de l'effet de ses politiques sur la qualité d'accueil, de prise en charge et de soins. La première revendication au ministère ne porte pas sur la création de nouveaux postes mais déjà sur l'arrêt des suppressions. On ne peut pas continuer à faire fonctionner les hôpitaux uniquement sur la conscience professionnelle des agents, a insisté le secrétaire général en mettant en garde contre une explosion de la situation et en appelant à l'arrêt des plans de retour à l'équilibre.

La fédération réclame par ailleurs que le ministère octroie aux hôpitaux les crédits nécessaires à leurs lignes de trésorerie, afin d'éviter que ceux-ci fassent appel à des banques privées qui leur appliquent un fort taux d'intérêt, payé au final par l'assurance maladie. On préfère que la sécurité sociale finance les hôpitaux!, a déclaré Didier Bernus. Les représentants du CHU de Martinique et de l'AP-HM ont observé que la situation financière de leur établissement était tellement dégradée que les banques ne veulent plus faire affaire avec eux.

Les deux autres revendications portent sur le respect de la réglementation sur la durée du temps de travail et sur l'urgence d'attribuer des crédits ciblés pour financer les remplacements.

Les délégués ont aussi déploré de forts taux d'absentéisme dans certains services et des conditions de travail dégradées par exemple pour les aides-soignants et infirmiers qui estiment ne plus avoir le temps de bien s'occuper des patients.

FO pas favorable à des journées de 12 heures

Didier Bernus a expliqué qu'il n'était pas favorable à l'organisation du travail en journées de 12 heures. Même si les agents peuvent la souhaiter pour faciliter leur organisation personnelle, il a déploré que cette modification soit motivée par des raisons d'économies de personnel et a insisté sur la fatigue générée par un tel rythme.

A Clermont-Ferrand, 60% des 12 services qui sont passés en 12 heures veulent, après trois ans, retourner à une organisation du temps de travail classique, a indiqué le délégué FO du CHU, Daniel Chalier. Le dispositif s'est accompagné d'un taux d'absentéisme de 25% dans un service en raison de la fatigue et des dépassements fréquents. Ca ne tient qu'un an, a-t-il observé. En Martinique, ça n'a pas tenu deux ans au service de néonatalogie, a observé Jean-Pierre Jean-Louis.

Dans un communiqué, FO santé résume l'appel des délégués des CHU et CHR au slogan stop à la destruction des hôpitaux publics. L'organisation réclame l'abandon du projet de loi de santé qui prévoit la territorialisation de la santé et l'adhésion obligatoire de tous les hôpitaux à un groupement hospitalier de territoire (GHT), prélude potentiel aux fusions et à des suppressions massives de postes. Pour Didier Bernus, un mouvement national spécifique aux hôpitaux, même s'il mobiliserait les professionnels, ne permettrait pas d'obtenir un résultat important car le problème est plus large que l'hôpital et découle du pacte de responsabilité et du plan de réduction des dépenses publiques et sociales. Il juge qu'une réponse intersectorielle aurait plus d'impact. Face aux attaques généralisées qui touchent les hospitaliers, comme tous les salariés il est nécessaire, conformément à la décision du comité confédéral national de FO, d'opposer une riposte d'ampleur pour contrer le pacte de responsabilité, en organisant dès que possible et au plus vite une grande manifestation nationale interprofessionnelle, déclare la fédération.

En avril, une vingtaine de représentants de la CGT dans les CHU et CHR avaient également été reçus au ministère afin d'alerter sur la situation extrêmement tendue de leurs établissements et l'inquiétude des personnels.


Source : infirmiers.com