Les difficultés d’accès aux soins entraînent de véritables pertes de chance chez les personnes atteintes de cancer. Voilà le constat que dresse l’étude confiée à BVA Xsight par la Ligue contre le cancer. Ses résultats démontrent, à quelques jours de la journée nationale de lutte contre le cancer, dimanche 4 février, que « les tensions majeures traversées par le système de santé français provoquent de nouvelles détériorations dans le parcours de soins des malades du cancer. » Celles-ci mettent en péril les acquis des différents plans successifs contre le cancer, alerte la Ligue.
Des délais trop longs de prise en charge
Première cause de pertes de chance : les délais qui s’allongent entre les différentes étapes de la prise en charge. Prenant l’exemple du cancer du sein, la Ligue rappelle que les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) et de l’Institut national du cancer (INCa) fixent un délai de 6 semaines entre la réalisation de la mammographie d’alerte et l’accès au premier traitement. Or l’étude révèle que « ce délai s’élève aujourd’hui à 11,5 semaines », contre 9,3 semaines lors de la précédente étude, effectuée par la Ligue en 2019. « Aujourd’hui, la situation ne fait que s’aggraver, tous cancers confondus, les résultats montrent en moyenne, un retard cumulé de deux semaines entre la suspicion et le début des traitements », s’alarme-t-elle.
Pénurie de médicaments
Côté traitement, la pénurie des médicaments frappent durement ceux destinés à réduire les effets secondaires ou complications des cancers : ils représentent 56% des pénuries déclarées par les professionnels. Curares (33%) et chimiothérapies (22%) sont également concernées. Ces tensions d’approvisionnement ont un fort impact négatif sur les malades, entre troubles anxieux, perte de temps en recherche de médicaments voire, plus critique, aggravation des symptômes ou du cancer. « 47% des professionnels estiment que les pénuries de médicament ont un impact négatif sur la survie à 5 ans de leurs patients », en conclut la Ligue.
Les personnes vivant déjà des situations complexes se retrouvent davantage fragilisés : inégalités d’accès aux dépistages, diagnostics tardifs, difficultés d’accès aux traitements, renoncement aux soins, non-accès aux essais cliniques...
3 patients sur 10 confrontés à une annulation de soins
Troisième difficulté : les reports ou annulation de soins, auxquels 3 personnes sur 10 seraient confrontées, avec des inégalités selon les territoires et le niveau de vie. Les patients habitant Paris et les Outre-mer et ceux dont les revenus ne dépassent pas 2 500 euros par mois sont ainsi particulièrement exposés à ce phénomène. « Les femmes et les personnes racisées seraient moins bien prises en charge », ajoute la Ligue. Et pour les personnes les plus précaires, la peine est double. 29% des répondants à l’étude déclarent ainsi être encore soumis à des restes à charge. « Ces dépenses non prises en charge sont liées aux soins de support, aux recours à des médecines douces, aux aides à domicile ou à des frais d’hébergement lorsque les traitements ont lieu à distance du domicile. » « Rien ne doit nous faire reculer pour lutter contre les inégalités. Ce sont en effet les personnes vivant déjà des situations complexes qui vont se retrouver d’avantage fragilisés face à la maladie : inégalités d’accès aux programmes de dépistage, diagnostics tardifs, difficultés d’accès aux traitements et à leur bonne observance, informations inadaptées, renoncement aux soins, non-accès aux essais cliniques » commente Daniel Nizri, président national de la Ligue contre le cancer.
Une hausse de 77% des cas attendue d'ici 2050
La dégradation des prises en charge est une question d’autant plus critique qu’avec le vieillissement de la population et une exposition de plus en plus importante aux facteurs de risque, le nombre de cancers par an est amené à croître. Selon l’agence de l’Organisation mondiale de la santé spécialisée dans les cancers, une hausse de 77% des nouveaux cas de cancers est attendue entre 2022 et 2050 (soit 35 millions), avec une augmentation des décès estimée à 90%. En moyenne, une personne sur cinq développera un cancer durant son existence.
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