KPMG France, leader de l’audit, du conseil et de l’expertise comptable en France, publie l’édition 2021 de son baromètre des EHPAD*. Créé il y a près de dix ans, ce baromètre met en lumière les atouts et les difficultés protéiformes des EHPAD
. Le problème du recrutement et plus généralement de l’attractivité du secteur reste criant.
La crise sanitaire a touché de plein fouet les Ehpad, on le sait. Malgré tout, ces établissements connaissent des difficultés structurelles, liées notamment à l’absentéisme et au manque d’attractivité globale du secteur.
Mutualisation et coopérations dans le fonctionnement quotidien des EHPAD
En Ehpad, les fonctions soignantes sont assurées principalement par trois corps de métier : les infirmiers, les aides-soignants et les aides médico-psychologiques,
qui représentent à eux-seuls en moyenne près de 50 % des effectifs totaux des établissements
, selon l’étude. La mutualisation de postes en EHPAD n’est pas très fréquente
, précise l’enquête, puisqu’elle ne concerne, au mieux, qu’un EHPAD sur cinq
.
- Les coopérations entre établissements sont fréquentes en matière de Ressources Humaines et de Formation (61,7 %), d’Animation (26,7 %), de Soins (25 %), de Restauration (23,3 %) et de Blanchisserie (20 %).
- Les établissements mutualisent leurs fonctions correspondant pour l’essentiel aux métiers de direction-administration : c’est plus particulièrement le cas des fonctions de Direction (21 %), des fonction Qualité (19 %), des fonctions Comptabilité (17 %), et des fonctions juridiques (7 %).
- 14 % des EHPAD optent par ailleurs pour une mutualisation du poste de médecin coordonnateur.
30% des Ehpad déclarent entre 0 et 5 postes vacants en 2019
Le 3e chapitre du baromètre met en avant les difficultés organisationnelles des Ehpad et celles-ci sont particulièrement liées aux absences des personnels ou aux postes vacants, réel casse-tête quotidien pour les directions. Souvent protéiformes, le contexte sanitaire que nous connaissons accentue (ces difficultés organisationnelles), conséquence d'une crise plus générale de vocation des métiers soignants
, lit-on dans l’introduction du document. 25% des établissements recourent à des CDD et près de 19% d’entre eux ont recours aux effectifs en repos. Plus de 30% des établissements ont un poste de médecin coordinateur vacant, engendrant nécessairement des désorganisations de la prise en soin
.
Dans le détail, près de 30 % des établissements déclarent avoir entre 0 et 5 postes vacants de soignants et 5 % déclarent avoir plus de 5 postes soignants vacants
. Sur l’ensemble, 65 % des Ehpad déclarent en 2019 n’avoir aucun poste soignant vacant
. A noter tout de même que la déclaration de postes vacants ne traduit pas à elle seule les difficultés liées à l’absentéisme
: en effet, un établissement peut n’avoir aucun poste vacant mais être confronté à un absentéisme important
, précise le baromètre, le recours aux dispositifs qui permettent de répondre aux absences imprévues étant multiples
: CDD, réaffectation des effectifs présents, intérimaires, pools de remplaçants.
Démissions, arrêts maladie ou abandon de poste, inquiétude constante des directions
L’étude souligne une organisation mise à mal
par les difficultés au niveau des ressources humaines. En 2019 (...) force est de constater que les indicateurs traduisent un niveau de perte d'autonomie moyen et un besoin en soins plus important des résidents accueillis en Ehpad (par rapport à 2013)
. Pourtant, le recrutement et l’organisation ne répondent pas aux besoins. Depuis 15 ans, la situation RH n'a jamais été aussi difficile. Elle est parfois catastrophique dans certains établissements et ne s'est pas améliorée depuis l'été 2021. Les leviers de rémunération et d'organisation du temps de travail ne suffisent plus à garantir la présence des salariés en Ehpad. Les démissions, arrêts maladie ou abandon de poste sont une inquiétude constante des directions (...)
souligne Annabelle Vêques, directrice de la Fédération Nationale des Associations de Directeurs d'Etablissements et Services pour Personnes Agées. (FNADEPA). Une campagne nationale de recrutement, comme l'a fait l'armée par exemple, serait nécessaire pour le secteur du grand-âge, au-delà de la question de revalorisation des salaires
, préconise-t-elle.
L'investissement réalisé pour la mise en place d'infirmiers/ères de nuit est une mesure importante à moyen terme mais à court-terme et de manière prioritaire, les établissements ont besoin de soignants de jour ! - Annabelle Vêques, directrice de la FNADEPA.
Amélioration notable de la communication au profit des résidents
Prouvant leur adaptabilité, les Ehpad se sont beaucoup améliorés sur le plan de la communication pendant la crise sanitaire, révèle le baromètre, démultipliant les moyens de communication
afin de maintenir le lien et les échanges entre les résidents et leurs proches. Un quart des EHPAD ont ainsi organisé des échanges vidéo (Skype, Zoom…), un quart des établissements se sont dotés de tablettes numériques, 14 % d’entre eux ont permis une communication individuelle hebdomadaire, 7 % une communication individuelle journalière, 10 % ont développé le recours aux réseaux sociaux, 7 % ont créé un journal hebdomadaire
et 5 % des établissements
ont même désigné un référent communication
.
Nouveaux points de vigilance
Durant la crise sanitaire, 44,86 % des établissements du panel déclarent avoir eu recours à un dispositif de télémédecine ou de téléconsultation
. Toutefois, la transformation numérique met en lumière de nouveaux points de vigilance, notamment ceux liés à la cybersécurité : 53 % des EHPAD n’ont pas hébergé leurs données sur des systèmes externes alors qu’il s’agit d’une mesure préventive pour se prémunir des cyberattaques
, note le baromètre. Les établissements ne semblent pas encore s’être pleinement saisis de cet enjeu
.
Note :
*Données collectées auprès de 3240 établissements du secteur public et des Ehpad privés non lucratifs (sur un échantillon de 46 établissements).
Retrouvez l’intégralité du baromètre 2021 des Ehpad sur ce lien : KPMG Baromètre des EHPAD 2021
La Rédaction d'infirmiers.com
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