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Autisme : de nouvelles recommandations de prise en charge

Publié le 13/03/2012

Les recommandations de bonne pratique sur les prises en charge de l'autisme et les troubles envahissants du développement (TED), rendues publiques le 8 mars 2012, ont suscité très vite des réactions de satisfaction, de déception et de mécontentement parmi les associations de familles et les psychiatres.

La Haute autorité de santé (HAS) et l'Agence nationale d'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) ont recommandé des "interventions précoces, globales et coordonnées" pour les enfants et adolescents souffrant d'autisme et de TED. Elles classent aussi les approches psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle dans les "interventions globales non consensuelles" et s'opposent à la pratique du "packing"1 hors d'un cadre de recherche.

Le Collectif autisme, regroupant les associations de familles ayant obtenu le label "grande cause nationale 2012", se félicite que seules des approches éducatives ayant fait la preuve de leur efficacité soient recommandées et que les deux agences soient "formellement opposées" au "packing". Mais il "regrette" la timidité sur les approches psychanalytiques "alors qu'aucune étude scientifique ne valide ces pratiques et qu'elles ne correspondent en rien aux besoins des usagers".
Le collectif s'engage à veiller à ce que "seules les interventions recommandées fassent l'objet du financement public et qu'elles se développent rapidement" et à ce que la psychanalyse ou la psychothérapie institutionnelle ne subsiste pas "indirectement" via "des approches dites intégratives".

L'Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei), membre du collectif, a salué "un petit pas" pour la HAS et l'Anesm "mais un grand espoir pour les enfants autistes et leurs familles". Le double "label" HAS-Anesm "rend cette recommandation opposable" et va permettre aux familles "d'imposer une meilleure prise en compte des besoins de leur enfant autiste".

Résumant les constats (aucune méthode thérapeutique ou éducative n'est "une panacée" mais "les pratiques éducatives aident la personne à développer ses capacités dont ses compétences sociales"), l'Unapei estime que des "errements de certains traitements ou pratiques" vont pouvoir être évités.
L'Unapei demande le déblocage de moyens financiers pour la "mise en œuvre concrète de cette recommandation" (formation des professionnels, création de "places dédiées" et développement de la recherche).

L'association Vaincre l'autisme, très engagée contre le "packing" et la psychanalyse, voit "les prémices d'une évolution pour la France" et une confirmation de la validité de ses propres engagements. Mais elle regrette que "ce rapport ne puisse mettre définitivement fin au pouvoir de la psychanalyse sur l'autisme et craint qu'il reste à l'état de recommandations".

Sésame autisme fait part de sa déception pour une "occasion manquée". La recommandation sur la psychanalyse n'est "qu'un compromis de circonstance" résultant "de rapports de force entre lobbyings" car elle "ne bénéficie pas d'une véritable neutralité scientifique".
Son président, Marcel Hérault, soutient que les experts ont, sous la pression, changé son classement d'"interventions non recommandées" à "interventions non consensuelles" -une accusation rejetée jeudi par le président de la HAS, Jean-Luc Harousseau, note-t-on.

Marcel Hérault regrette que ce travail n'ait pas permis d'aboutir à un constat apaisé sur la non-pertinence de la psychanalyse dans l'autisme. Au final la recommandation est "peu lisible" et ne pourra jouer son rôle de référence, estime-t-il. Il souligne tout de même que "80% de la recommandation" est "intéressante".

Le député UMP Daniel Fasquelle (Pas-de-Calais), auteur d'une proposition de loi sur l'interdiction de la psychanalyse dans le traitement de l'autisme, a déploré que la HAS ait "reculé face aux pressions corporatistes du lobby psychanalytique".
Il se félicite en revanche que la HAS "donne enfin raison aux parents, qui revendiquent depuis de nombreuses années la possibilité de recourir à des stratégies éducatives ou comportementales".

Appel à la mesure à la FFP-CNPP

La Fédération française de psychiatrie-Conseil national professionnel de psychiatrie (FFP-CNPP) a appelé à la mesure dans "le contexte actuel de mise en cause de la pédopsychiatrie et de la psychanalyse", annonçant une conférence de presse pour le 12 mars 2012.

Rappelant que l'efficacité de toute thérapie devait être jugée sur la pratique dans la durée, elle affirme qu' "aucune approche ne peut prétendre restaurer un fonctionnement normal et répondre à la totalité des formes pathologiques d'un processus dont la définition est aussi large que le spectre autistique".

Le Pr Pierre Delion, chef du service psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent du CHU de Lille et initiateur de l'étude d'évaluation du "packing", a regretté "une catastrophe pour les enfants autistes".
"Cette décision prise par une autorité scientifique est contraire à la réalité scientifique, clinique et thérapeutique. (...) La HAS se disqualifie gravement et met les praticiens concernés par cette technique dans une difficulté supplémentaire vis-à-vis des parents des enfants actuellement pris en charge par la technique du 'packing' qui en réclament la prorogation".

Les promoteurs de la recherche sur le "packing" sont empêchés de poursuivre l'étude puisque la HAS "les oblige à demander à des parents l'autorisation d'inclure leur enfant dans une recherche visant à prouver l'efficacité d'une technique qu'elle interdit par ailleurs".

Note

1. Le packing, ou “programme des enveloppements”, est une méthode théorisée et développée par le Professeur Pierre Delion, chef du service de psychiatrie de l’enfant au CHRU de Lille. Selon P. Delion, “l’enveloppement vise à rassembler le corps du jeune autiste, qui manque de contenance. Il s’agit de lui procurer un sentiment sécurisant d’unité, au lieu de la sensation angoissante d’être en plusieurs morceaux”.
Concrètement, l’enfant est enveloppé dans de grandes serviettes mouillées d’eau froide. Après le saisissement initial produit par le contact avec les linges froids, le réchauffement progressif du corps est supposé apporter un apaisement à l’enfant.


Source : infirmiers.com