Quelle est la place de la femme dans nos sociétés ? A-t-elle les mêmes droits que son homologue masculin ? A-t-elle autant que lui accès aux soins de santé, la possibilité d’acquérir une éducation ou encore de bénéficier de revenus équitables, en France et dans le monde ? Chaque année, le 8 mars, la Journée Internationale des Droits des Femmes pointe les inégalités liées au sexe, dénonce le sexisme et célèbre les luttes féministes. La date, officialisée par l'ONU depuis 1977, est l'occasion de manifestations à travers le monde. Droits fondamentaux, santé des femmes… Cette journée du 8 mars est donc l’occasion de faire le point sur les nombreux progrès qui restent à faire.
Parce que le monde médical est encore très majoritairement féminisé, la Journée Mondiale des Droits de la Femme nous intéresse tout particulièrement ! Célébrée le 8 mars, elle a cette année pour slogan L’heure est venue : les activistes rurales et urbaines transforment la vie des femmes
. Cette Journée s’inscrit ainsi dans le sillage d’un mouvement mondial en faveur des droits des femmes, de l’égalité et de la justice. La mobilisation a pris la forme de marches et de campagnes mondiales, dont les initiatives #MeToo et #TimesUp aux États-Unis et les actions semblables menées dans d’autres pays, portant sur des questions allant du harcèlement sexuel et du féminicide à la parité salariale et à la représentation des femmes en politique, rappelle ONU Femmes.
Depuis 15 ans, les maladies professionnelles, les accidents de travail et de trajet sont en forte augmentation chez les femmes, en particulier dans les secteurs de la santé, du nettoyage et du travail temporaire
Santé : une plus grande précarité pour les femmes
S’il est souvent rappelé l’espérance de vie supérieure des femmes (85,4 ans en 2016) par rapport à celle des hommes (79,4 ans pour la même année), les spécificités des femmes concernant certaines pathologies et les obstacles, dans l’accès aux soins, rencontrés par celles traversant une situation de précarité, sont encore peu étudiées
, souligne le Haut Conseil à l’Egalité (HCE) dans un rapport daté du 29 mai 2017 et remis au gouvernement. L’instance constate pourtant que contrairement aux idées reçues, les femmes constituent aujourd’hui la majorité des personnes en situation de précarité
: celles-ci représentent ainsi 53 % des personnes pauvres, 57 % des bénéficiaires du revenu social d’activité (RSA)
, elles constituent 70 % des travailleur(euses) pauvres, occupent 82 % des emplois à temps partiel et 62 % des emplois non qualifiés
, elles représentent 85 % des chefs de familles monoparentales et 1 famille monoparentale sur 3 vit sous le seuil de pauvreté
. Enfin, les femmes représentent 64% des personnes qui reportent des soins ou y renoncent, soit près de 9,5 millions de femmes
en France. Face à ces constats, le HCE a émis 21 recommandations à l’attention des pouvoirs publics : parmi elles, il préconise notamment la formation des professionnels de santé à l’accueil des personnes en situation de précarité, au dépistage systématique des violences dans le cadre familial ou professionnel et aux symptômes spécifiques aux femmes pour certaines pathologies, cardiaques
par exemple.
Un peu d'histoire...
Rappelons que cette journée de mobilisation, officialisée par les Nations Unies en 1977, trouve son origine dans les luttes des ouvrières et suffragettes du début du XXe siècle, pour de meilleures conditions de travail et le droit de vote. Quelques dates marquantes sur le plan des droits des femmes nous prouvent surtout que ces combats ont été remportés très récemment… 1944 : droit de vote et d’éligibilité pour les femmes, 1965 : les femmes mariées peuvent exercer une profession sans l’aval de leurs maris, 1967 : la loi Neuwirth autorise la contraception, 1972 : Reconnaissance du principe "à travail égal, salaire égal" … Quelques dates cruciales pour les femmes donc, mais comme le soulignait si bien Simone de Beauvoir, ces avancées restent fragiles : "N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant".
Notre mot d'ordre, c'est de dire que l'Etat est de retour pour les femmes. Marlène Schiappa.
L’Etat s’engage pour les droits des femmes
Alors que l'égalité femmes-hommes a été consacrée grande cause du quinquennat
par Emmanuel Macron, le Tour de France de l'égalité, lancé le 4 octobre dernier et qui s’achèvera le 8 mars, a permis de faire émerger d’une consultation citoyenne une cinquantaine de mesures
qui seront présentées lors du Comité interministériel jeudi à Matignon. L'objectif : recueillir la parole des femmes et des hommes sur l’égalité au quotidien, les difficultés rencontrées et identifier les actions à mener par le Gouvernement.
Cette consultation a ainsi mis en évidence, notamment, la nécessité de mieux repérer les violences conjugales
, avec la signature de contrats locaux entre préfets, magistrats, hôpitaux et associations pour mettre en place un système d'alerte en réseau
, celle de lutter contre les violences sexistes et sexuelles
, de lutter contre les stéréotypes filles / garçons, de promouvoir l’entreprenariat féminin, d’œuvrer pour la parité en politique, …
Travailler sur l’égalité des chances
Comme le souligne le gouvernement, si des progrès ont certes été accomplis, le sujet de l’égalité entre les femmes et les hommes doit encore faire l’objet d’interventions et d’impulsions de l’Etat, pour préserver l’égalité acquise au fil du temps et la renforcer là où elle est encore insuffisante
. C’est tout le sens de cette journée d’action. Dans un édito, Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités, affirme pour sa part l'urgence d'aller encore plus loin en s'efforçant de transformer le modèle dominant
. Il lance à ce titre des pistes très concrètes : On ne peut espérer améliorer la situation des femmes dans le monde du travail sans lutter pour l’égalité des chances tout en remettant en cause les hiérarchies sociales. Combattre les inégalités entre les sexes passe par exemple par une limitation du recours à la précarité et au temps partiel, par l’élévation du salaire minimum, par les restrictions des heures supplémentaires, par la réorganisation des rythmes de travail...
Rappelant surtout le contexte particulier de cette journée d’action, (l’ombre de l’affaire Weinstein
, du nom de ce producteur de cinéma accusé d’agressions sexuelles en octobre dernier, encore bien présente dans les têtes), et devant le constat d’un vent de libération des femmes
ces derniers mois, ces dernières années, il espère que le souffle ne retombera pas.
Et n'oubliez pas, aujourd'hui sur twitter le hashtag : #TimeisNow (l’heure est venue) #maintenantonagit
Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin
Pour en savoir plus
- Pour tout savoir sur la Journée Internationale des Femmes
- Faites le point sur cette journée du 8 mars : quels changements pour les droits des femmes en 2018 ?
- Journée Internationale des Femmes : la carte des événements en France
- Dossier de l’Insee : Femmes et hommes : l’égalité en question.
- Egalité hommes-femmes : les chiffres 2017 du ministère
- L’événement : HF Prévention et MSD France invitent les femmes à mieux préserver leur santé.
- Violences faites aux femmes et contaminations VIH : l'insupportable double peine
- À l'occasion de la journée de la femme le 8 mars, rencontre avec 3 enseignantes-chercheuses de Sorbonne Université
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