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« Attention, vous êtes peut-être assis sur un cancer »

Publié le 07/03/2017

À l'occasion de Mars Bleu, plusieurs associations appellent les Français à « soigner leurs arrières ». Le cancer colorectal est le 2ème des cancers les plus mortels alors que s'il est détecté tôt, il se guérit 9 fois sur 10. De plus, une fois que la maladie est installée, de nombreux patients font face à des difficultés non négligeables… D'où l'intérêt du dépistage.

Chaque année, 42 000 nouveaux cas de cancer du côlon sont détectés et il engendre 17 500 décès, ce qui en fait le 2ème cancer le plus mortel. Pourtant, le sujet inquiète peu de Français, qui sont par ailleurs très réticents à se faire dépister. Le cancer du côlon reste en effet un sujet tabou, c'est pourquoi chaque année, à l'occasion de Mars Bleu, différentes actions de sensibilisation sont menées.

Une semaine pour se faire dépister

Plus d'un patient sur deux est seul au moment de l'annonce du diagnostic.

Malgré la simplicité du test à effectuer, le dépistage du cancer colorectal reste encore trop tardif. Selon les résultats de l'enquête « Vivre avec un cancer colorectal »1 menée par l'association France Côlon, 50 % des patients ont découvert leur maladie par l'apparition de symptômes spécifiques à ce cancer, principalement l'apparition de sang dans les selles et la fatigue. 37 % des personnes interrogées ont indiqué avoir consulté moins d'un mois après l'apparition des symptômes, et 34 % ont attendu plus de six mois avant de voir un professionnel de santé. Globalement, le cancer colorectal présente des symptômes digestifs plutôt courants comme la constipation, la diarrhée, le mal de ventre, souligne Stéphane Korsia-Meffre, responsable de l'enquête « Vivre avec un cancer colorectal ». Les personnes de plus de 50 ans n'imaginent pas que ces symptômes qui persistent peuvent être liés à un cancer colorectal. Ce manque de connaissance des symptômes explique le retard de consultation des patients et donc le stade parfois avancé du cancer lors du diagnostic. Afin de changer la donne, durant sept jours, à l'occasion des Colondays, du 7 au 14 mars 2017, les professionnels des cabinets médicaux, cliniques et hôpitaux de France ouvrent leurs portes et consultent sur rendez-vous. Organisée par le Conseil National Professionnel d'Hépato-gastroentérologie (CNP-HGE), cette semaine doit permettre d'informer les Français et de faire évaluer leur niveau de risque. Si la maladie est relativement bien connue -seul 1 Français sur 4 ne sait pas exactement de quoi il s'agit- elle inquiète peu2. 46 % des Français interrogés se déclarent « pas inquiets ». Par ailleurs, 54 % des Français ne se perçoivent pas comme des sujets à risque, 27 % estiment l'être et 19 % ignorent s'ils le sont ou non. Rappelons que chez les personnes âgées de 50 à 74 ans sans antécédents personnels ou familiaux, un dépistage doit être réalisé tous les deux ans. D'autant que dans un premier temps, les symptômes sont imperceptibles. Le cancer colorectal se développe à partir de polypes fixés sur la paroi interne du côlon. Enlever un ou plusieurs polypes bénins permet de l'éviter.

Le dépistage s'effectue, depuis 2015, au travers d'un test dit « immunologique ». Un seul prélèvement est nécessaire, et il est gratuit. Selon le Pr Dominique Lamarque, chef du service de gastroentérologie de l'hôpital Ambroise-Paré, ce test permet de détecter 70 % des cancers et 25 % des polypes chez les sujets n'ayant aucun symptôme et n'ayant aucun antécédent de cancer digestif parmi les plus apparentés. Ce test, qui doit être répété tous les deux ans, devrait permettre de détecter la plupart des polypes avant qu'ils ne deviennent cancéreux. Si le test est positif, une coloscopie doit être pratiquée. Dans 10 % des cas, cet examen permet de trouver un cancer, et dans 50 % des cas un polype.

Dépistage du cancer colorectal : qui ? Quand ? Comment ?

Un « Côlon Tour » pour informer sur le cancer colorectal

Grâce à quatre structures gonflables mises en place sur l'ensemble du territoire, les Français peuvent, tout au long du mois de mars, découvrir le côlon sous toutes ses coutures. Le « Côlon Tour 2017 », organisé par la Ligue contre le cancer en partenariat avec la Société française d'endoscopie digestive (SFED), se déroule dans plus de 90 villes de France. Il s'agit pour la Ligue de proposer une information ludique et pédagogique pour mieux appréhender les techniques de dépistage, la maladie et les traitements.

Limiter les facteurs de risque

Les principaux facteurs de risque du cancer colorectal sont l'âge et les antécédents familiaux concernant les apparentés au premier degré ayant eu un cancer avant 60 ans (parents, fratrie). Bien que ces derniers soient difficilement contrôlables, il est en revanche possible de limiter d'autres facteurs de risque. Ainsi, un index de masse corporelle atteignant 30kg/m² (obésité modérée) double le risque de cancer. Par ailleurs, une consommation supérieure à l'équivalent de trois verres de vin par jour augmente le risque de cancer de 20 %. Enfin, consommer trop de viande rouge et de charcuterie favorise également la survenue du cancer colorectal. Le risque est en effet accru de 30 % pour une consommation de 5 portions de viande/semaine.

Adopter une bonne hygiène de vie permet de prévenir le cancer colorectal. Ainsi, pratiquer une activité physique (au minimum 30 minutes par jour) abaisse le risque d'au moins 12 %, voire plus de 25 %. La consommation de calcium (300mg/jour, soit 200mL de lait) réduit également le risque de 8 %. Enfin, le risque diminue de 5 à 7 % avec une consommation de 3 à 5 portions de fruits ou légumes par jour.

Les difficultés rencontrées par les patients

Cancer colorectal : une vulnérabilité accrue chez les femmes et les actifs

Selon les résultats de l'étude « Vivre avec un cancer colorectal » menée par l'association France Côlon, les femmes et les actifs sont plus vulnérables face à la maladie. Ainsi, 20 % des répondants (24 % des femmes contre 16 % des hommes) indiquent connaître des difficultés financières. Sandra Tivan, une patiente, raconte que les hommes ont beaucoup plus de mal à parler des difficultés rencontrées car ce cancer est très tabou, intime. Personnellement, j'ai rencontré des problèmes financiers car, contrairement à ce qu'on m'avait annoncé, je n'étais pas couverte à 100 %. J'ai eu beaucoup de frais supplémentaires. L'autre problème concerne les aidants. Les patients sont bien pris en charge, suivis, entourés, ce qui n'est pas le cas des aidants qui sont seuls. Mon fils de 12 ans à l'époque a très mal vécu mon cancer et personne ne l'a soutenu. Par ailleurs, les femmes rapportent une qualité de vie moins bonne que les hommes, ont davantage recours à un suivi psychologique (21 % des femmes contre 14 % des hommes) et aux psychotropes (15 % contre 7%). Elles rencontrent également plus de difficultés à accéder au lieu de soins et sont confrontées à de plus longs délais d'attente que les hommes.

Les actifs touchés par le cancer colorectal sont eux aussi particulièrement vulnérables. Une personne sur cinq déclare avoir peur de perdre son travail. De plus, 39 % indiquent que le cancer et les traitements influent sur leur aptitude à travailler. Selon Stéphane Korsia-Meffre, responsable de l'enquête, aujourd'hui, le vrai problème dans le cancer colorectal est le retour à la vie professionnelle car même guérie, la maladie laisse des traces. En effet, l'intestin ne fonctionne plus aussi bien qu'avant, en particulier en terme d'autonomie. Parfois, les personnes éprouvent une grande fatigue, souffrent de troubles de la concentration. Un dispositif d'accompagnement au travail doit être instauré pour que les patients retournent travailler à leur rythme sans avoir l'impression d'être en situation d'échec.

De nombreux efforts doivent encore être fournis en matière de prise en charge et de dépistage du cancer du côlon. Gageons que ce mois de mars « Bleu » permettra de sensibiliser le plus grand nombre à cette maladie qui peut être traitée facilement si elle est détectée tôt.

Notes

  1. Enquête « Vivre avec un cancer colorectal » réalisée par l'association France Côlon auprès de 225 patients atteints d'un cancer colorectal de septembre 2014 à septembre 2015.
  2. Étude menée par le CNP-HGE et OpinionWay sur le niveau de connaissance des Français de 50 ans et plus en matière de cancer du côlon.

Aurélie TRENTESSE Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com @ATrentesse


Source : infirmiers.com