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Arrêt cardiaque chez l'enfant : le massage cardiaque plus efficace s'il est associé au bouche-à-bouche

Publié le 05/03/2010

En cas d'arrêt cardiaque chez un enfant, le fait qu'un témoin puisse exécuter les gestes d'urgence augmente ses chances de survie et, en cas d'arrêt d'origine non-cardiaque, associer le bouche-à-bouche au massage cardiaque semble significativement plus efficace, selon une étude publiée dans le Lancet.

Chez l'adulte, les recommandations internationales ont récemment mis l'accent sur l'importance de la compression thoracique seule, rappelle-t-on. En France, la Société française d'anesthésie et de réanimation (SFAR) et la Société de réanimation de langue française (SRLF) ont ainsi recommandé, en septembre 2006, "d'entreprendre le massage cardiaque externe seul si les sauveteurs ne veulent pas ou ne savent pas réaliser le bouche à bouche".

Cette recommandation n'est cependant valable que pour l'adulte, car elle repose sur le principe que l'arrêt cardiaque de l'adulte est le plus souvent d'origine cardiogénique. La priorité est de rétablir une circulation efficace par une compression thoracique la plus continue possible.

L'avantage ou non d'associer le massage et le bouche-à-bouche chez l'enfant, dont l'arrêt cardiaque est plus souvent d'origine respiratoire ou circulatoire, n'avait pas été évalué.

Le Dr Taku Iwami du Kyoto University Health Service au Japon et ses collègues ont analysé les données de 5.170 enfants âgés de moins de 18 ans victimes d'un arrêt cardiaque extra-hospitalier et réanimés soit par RCR classique associant un massage cardiaque par compression et un bouche-à-bouche, soit par un massage cardiaque seul.

La première leçon de cette étude est que le fait qu'un témoin puisse commencer à réanimer l'enfant avant l'arrivée des secours améliore significativement son pronostic. Ainsi, le score neurologique au test de Glasgow-Pittsburgh un mois après l'arrêt cardiaque était trois fois plus souvent favorable (5% contre 1,5%) lorsqu'un témoin avait effectué la RCR comparé à l'absence de RCR.

Par ailleurs, les résultats montrent que chez les enfants dont l'arrêt cardiaque n'est pas d'origine cardiaque, par exemple en cas de noyade, la RCR classique avait cinq fois plus de chance d'améliorer le taux de survie alors que chez les enfants dont l'arrêt cardiaque était d'origine cardiaque, les deux types de réanimations ont produit le même effet.

Ces résultats conduisent les auteurs à recommander une double stratégie : enseigner le massage cardiaque au plus grand nombre afin d'augmenter les chances de prise en charge d'un arrêt cardiaque par un témoin et entraîner à la RCR classique les personnes les plus susceptibles d'assister à un arrêt cardiaque d'origine non-cardiaque (maîtres-nageurs, enseignants, professionnels de santé, familles avec enfants, familles avec piscine...).

Dans un commentaire accompagnant l'article, Jesus Lopez-Herce et Angel Carrillo Alvarez de l'Hospital General Universitario Gregorio de Madrid souligne le fait que cette étude rappelle "l'importance de ne pas extrapoler à l'enfant les découvertes réalisées chez l'adulte, car l'arrêt cardiaque de l'enfant a des caractéristiques spécifiques".

Chez l'adulte, 65% des arrêts cardiaques survenus hors hôpital sont d'origine cardiaque, rappellent-ils alors que dans cette étude, 71% des arrêts cardiaques de l'enfant étaient d'origine non cardiaque. Et encore s'agit-il sans doute d'une proportion sous-estimée, soulignent-ils.

Enfin, chez les enfants de moins d'un an, le pronostic est le plus souvent défavorable avec seulement 1,7% des enfants présentant une bonne performance neurologique. Il s'agissait probablement de morts subites du nourrisson, pensent les auteurs. "Ces enfants étaient décédés depuis longtemps à l'arrivée des secours", soulignent-ils, et "la plupart de leurs arrêts cardiaques étaient précipités par une asphyxie aiguë".

Pour ces nourrissons, les auteurs pensent que la compression seule n'est pas une approche prometteuse et que les efforts devraient cibler la prévention de ces arrêts cardiaques extra-hospitaliers.

 


Source : infirmiers.com