SANTE PUBLIQUE

Alcool : les recommandations de la HAS à destination des professionnels

Publié le 27/10/2023

En France, parler des effets recherchés dans la consommation d'alcool et des risques associés à son usage reste difficile, voire tabou. L'alcool constitue pourtant une véritable question de santé publique sur laquelle les professionnels peuvent avoir une action.

verre de vin, vide

C'est le sens des recommandations publiées par la HAS à destination de tous les acteurs qui contribuent à la santé, et plus particulièrement de ceux qui agissent en premier recours. «En dépit de l'omniprésence de l'alcool dans notre société et malgré son retentissement, la réponse apportée par notre système de santé est insuffisante», souligne la HAS qui propose un guide, des fiches-outils ou encore une synthèse pour aider les professionnels à agir dès le premier recours.

«On observe ainsi l'absence de repérage systématique et généralisé de l'usage de l'alcool, mais également un sous-diagnostic des conduites d'alcoolisation et de leurs complications. Aujourd'hui encore, beaucoup de professionnels pensent que l'alcool n'est une question légitime qu'aux stades avancés du trouble de l'usage d'alcool (addiction)». L'objectif de ces recommandation : tenter de diminuer le risque associé à l'alcool via «un repérage systématique, précoce, régulier de tous les usages et l'accompagnement de chaque personne, quelle que soit sa situation particulière».

Parce que l'alcool est un sujet de santé pour tous et pas seulement en cas de complication apparente ou d'usage problématique, toute consommation doit pouvoir être questionnée.

Des clefs pour les soignants 

La HAS a élaboré à l'attention des professionnels un guide des points clés, une synthèse des points critiques en premier recours et des fiches-outils, dont l'une décrit de façon très synthétique l'importance du repérage et de l'accompagnement individualisé de chaque personne.

«L'accompagnement consiste à coconstruire avec la personne concernée des actions adaptées à ses objectifs. Une grande diversité d'actions est possible dès le premier recours pour renforcer le pouvoir d'agir des personnes face à l'alcool et donc leur pouvoir de diminuer les risques pour elles-mêmes et leur entourage. Parmi ces actions, déclinables tout au long de sa vie, la personne pourra entre autres choisir d'agir sur ses motivations et ressources internes, ses modalités d'usage, ses capacités de gestion du stress et des émotions, de résolution des difficultés, de maitrise de soi ou encore les effets recherchés avec l'alcool en optant pour des alternatives. Elle pourra également agir directement sur ses risques grâce aux outils de la réduction des risques et des dommages (RdRD), comme la désignation d'un capitaine de soirée pour la conduite du retour par exemple».

Réseau de partenaires 

La HAS identifie aussi un «un réseau de partenaires diversifiés (spécialisés, associatifs, non sanitaires, etc.)» pour aider le professionnel. «Une fiche-outil schématise ce réseau partenarial et liste les principaux acteurs impliqués parmi lesquels figurent notamment les microstructures médicales, les CSAPA (centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie) ou encore les CJC (consultations jeunes consommateurs accueillant les moins de 25 ans sans délais)».

La HAS ira plus loin encore sur cette question puisqu'elle a prévu de publier en 2024 un 2e volet dédié aux femmes, et en 2025 un 3e volet consacré aux plus jeunes.

L'alcool, substance psychoactive la plus consommée en France

La consommation d'alcool concerne 87% des personnes âgées de 18 à 75 ans et 77% des jeunes de 17 ans, près de la moitié d'entre eux pratiquant l'alcoolisation ponctuelle importante ou binge drinking. Quelles qu'en soient les modalités d'usage, l'alcool comporte des risques, pour soi-même et pour son entourage, et peut entrainer des complications affectant toutes les dimensions de la vie : physique, psychique, affective, sociale, économique, professionnelle, juridique. Sur le plan sanitaire, l'alcool est la première cause d'hospitalisation, la seconde cause de mortalité évitable après le tabac, la seconde cause de cancer évitable. Parmi les dommages irréversibles affectant les tiers, les troubles neurodéveloppementaux liés à l'alcoolisation fœtale concerne 0,5 à 1 % des naissances vivantes en France. Enfin, l'alcool est impliqué dans 30% des accidents mortels de la route ainsi que dans 30% des cas de violences (physiques, psychiques ou sexuelles).

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La Rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com