Sur le modèle des agriculteurs, mais sans tracteurs, les infirmiers libéraux ont décidé d'occuper les routes pour se faire entendre. A l'appel du collectif des Infirmiers Libéraux en Colère, une opération escargot est prévue ces jours-ci dans plusieurs villes du territoire. Dans les Hauts-de-France, ce jeudi 8 février les IDEL sont au départ de Seclin depuis 7 heures du matin pour rallier, au pas via l’autoroute A1, la ville d’Arras. Un rassemblement a également lieu devant les locaux de la CPAM.
Appel à une revalorisation des actes
Parmi leurs revendications, les IDEL réclament une revalorisation de leurs actes, de leur indemnité forfaitaire de déplacement et de leur indemnité kilométrique. Ils demandent également une reconnaissance de la pénibilité de leur travail et s’inquiètent de voir des actes infirmiers (vaccins, dépistage…) aujourd’hui confiés à d’autres intervenants (pharmaciens), créant des conditions de « concurrence déloyale ». Ils plaident enfin pour que des soins qu’ils assurent couramment, comme la pose de bas de contention ou l’administration de collyre, leur soit rémunérés.
58% des cabinets vont fermer dans les 5 ans car les IDEL ne s'en sortent plus financièrement
«La priorité des priorités pour nous est celle de la revalorisation de l'AMI», les actes techniques réalisés par les infirmiers, souligne la présidente du collectif Infirmiers libéraux en colère Gaëlle Cannat. Une question de survie pour les cabinets d'infirmiers libéraux selon elle. 58% des cabinets vont fermer dans les 5 ans car les IDEL ne s'en sortent plus financièrement selon le collectif qui a réalisé son enquête auprès de 5000 infirmiers. «Dans les conditions actuelles, on se voit obligés d'enchaîner les soins, au détriment des patients», assure-t-elle. L'AMI n'a pas été revalorisé depuis 2009 et avec l'inflation (+ 25%), il y a des secteurs qui ne s'en sortent pas. «Les zones rurales, où les infirmiers parcours de très nombreux kilomètres, sont particulièrement touchées. Ce sont déjà des déserts médicaux donc si les infirmiers libéraux cessent leur activité... ça va être un vrai problème», prévient Gaëlle Cannat. Les infirmiers libéraux sont au bord de la rupture. «On a passé toute l'année dernière à rencontrer les élus de tous les bords politiques pour faire avancer les choses, mais rien ne se passe, déplore la présidente du collectif. Quand on a vu les agriculteurs lancés dans leur mouvement, on s'est dit : nous aussi», assume-t-elle.
Nous, on n'a pas eu la prime Ségur, on a rien eu !
Quant à la revalorisation de indemnité kilométrique, elle a été vécue comme quasi «insultante» par les IDEL. On part de tellement bas : elle était de 2,50 depuis 2012 et a été revalorisée à 2,75 depuis le 28 janvier).
«On est de grands invisibles». Contrecoup du Covid, les IDEL ont été extrêmement sollicités tout au long du pic de la pandémie et puis... plus rien. C'est en tout cas le sentiment partagé par beaucoup d'entre eux aujourd'hui. «Nous, on n'a pas eu la prime Ségur, on a rien eu».
D'autres opérations escargot prévues en France
Mercredi 7 février, les infirmiers libéraux de Toulouse ont organisé leur opération escargot et de tractage sur l’A68.
Manifestation des infirmiers libéraux sur l'A68.
— Anne Stambach (@Anne_Stambach) February 7, 2024
Soins qui ne sont pas revalorisés depuis 2009. Un taux horaire inférieur au SMIC pour des journées de 12h. + de 150 kilomètres par jour, et des indemnités qui n'augmentent que de 25 centimes. Etc.
Nos soignants méritent mieux ! pic.twitter.com/xBpliTbYf5
D'autres opérations escargot se sont tenues ou sont à prévoir sur le territoire selon le Collectif. Les infirmiers libéraux de Bordeaux et de Bayonne ont ainsi prévu d'effectuer leur mouvement le 12 février.
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