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ENQUÊTE

Les infirmiers hospitaliers fiers de leur métier mais déconseillent de l’exercer

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Publié le 16/02/2023

Une enquête menée par la Fédération hospitalière de France auprès des personnels des hôpitaux révèle un étonnant paradoxe : si la majorité se dit fière de son métier, la moitié d’entre eux ne conseillerait pas de l’exercer.

Les infirmiers hospitaliers sont fiers de leur travail mais ne leur recommanderaient pas.

La moitié des professionnels interrogés dans le cadre d’une enquête nationale réalisée par la Fédération Hospitalière de France (FHF) ne conseillerait pas d’embrasser leur métier. L’étude menée auprès de l’ensemble des professionnels de l’hôpital, de santé comme administratifs, portait sur les façons dont ils « vivent, perçoivent et éprouvent au quotidien leur métier » ainsi que leur environnement de travail.

Un secteur générateur de stress

Dans le lot, les infirmiers se détachent nettement puisqu’ils sont 69% à ne pas vouloir encourager à exercer leur profession, suivis de près par les aides-soignants, à 58% (des chiffres qui passent à 66% et 61% respectivement en EHPAD). En cause, notamment : le stress généré, qu’ils sont 89% à pointer toutes professions confondues, et dû à une pluralité de facteurs. Manque de moyens humains et matériels (67%), sur-sollicitation et ruptures de tâches (63%) et tensions entre collègues ou avec la hiérarchie (35%) sont ainsi les trois premiers motifs évoqués. Auxquels viennent s’ajouter, dans une moindre mesure, dévalorisation, violences de la part des patients et du public ou encore plannings instables. Pour les deux tiers des professionnels, ce stress se traduit par des symptômes physiques, et ils sont 28% à faire état de symptômes émotionnels, au premier rang desquels de la nervosité, de l’anxiété, voire des troubles dépressifs.

Si l’on n’est pas fier des soins dégradés qu’on donne, on ne travaille pas bien. Donc on s’en va.

72% estiment par ailleurs que la crise sanitaire a dégradé les conditions de travail au sein des établissements. Et ils sont nombreux, également, à déplorer un manque de temps pour accomplir leur travail, un ressenti qui s’accompagne du sentiment de ne pas le faire bien. Or ces facteurs sont souvent mis en avant pour expliquer le départ des professionnels de santé et leur fuite de l’hôpital. « Si l’on n’est pas fier des soins dégradés qu’on donne, on ne travaille pas bien. Donc on s’en va », a résumé Bertrand Guidet, le président du Comité d’éthique de la FHF lors de la présentation des résultats. Les répondants disent à 74% « avoir l’impression d’une transformation majeure de l’exercice de leur métier », tandis que 46% considèrent que leur métier ne correspond plus à leurs attentes, entre l’idée qu’ils s’en faisaient et la réalité de leur quotidien.

La force de l’esprit d’équipe

Pour autant, tout n’est pas tout noir. Car 80% des professionnels interrogés déclarent malgré tout être fiers de leur métier, un chiffre qui grimpe à 91% lorsqu’il est question de son utilité. « Ce sentiment de fierté est remarquable », s’est d’ailleurs ému Arnaud Robinet, le président de la FHF. « Prendre soin des malades a du sens », a abondé de son côté Bertrand Guidet. Autre point positif, le sentiment de cohésion qu’expriment les professionnels avec leur équipe, voire, quoique moins largement, avec leur hiérarchie.  Ainsi, 77% déclarent bénéficier d’une écoute et d’un respect mutuel au sein de leur service, et 72% jugent entretenir avec leur encadrement « une relation de qualité ». Dans une proportion similaire, nombreux sont ceux qui témoignent qu’il existe un réel dialogue interne au sein de leur service. Le sentiment d’appartenance à une structure est aussi relativement présent, avec 71% des répondants qui en font état à des degrés divers. À noter néanmoins qu’ils sont moins nombreux à estimer disposer du soutien de leur hiérarchie.

Primes et revalorisations salariales, principaux leviers d’attractivité

Dans ce contexte, « il faut réenchanter l’hôpital », a défendu Bertrand Guidet. Et pour les répondants de l’enquête, les facteurs qui favorisent en premier lieu l’attractivité (à 64%) sont les revalorisations de salaires et la mise en place de primes, voire de l’intéressement, suivies par une politique de l’encouragement et de plus de considération (à 48%). L’amélioration du cadre de la vie professionnelle, mais aussi l’accès à des formations continues et à des évolutions de carrières sont également jugés comme des éléments essentiels pour convaincre les soignants d’intégrer l’hôpital. Et d’y rester. Des éléments qui, par ailleurs, s’avèrent en phase avec les critères considérés comme primordiaux dans l’amélioration de la qualité de vie au travail : le respect et la considération des supérieurs (58%), la solidarité au sein de l’équipe (55%), la qualité de l’encadrement (46%), les possibilités d’évolution de carrière (40%), et la possibilité d’avoir « des temps d’échange pour problématiser les conditions de travail » (35%).

L'enquête
- 1 0 040 questionnaires ont été envoyés au cours de l’enquête, pour 7 670 complétés, entre juin et juillet 2022.
- 13 professions sont représentées, dont les infirmiers (21%), les cadres de santé (19%), les médecins (11%), les aides-soignants (8%), mais aussi les présidents de CME ou encore les chefs de pôle.
- Les répondants sont majoritairement des femmes, à 81%, et ont entre 30 et 50 ans, à 63%.
- Plus de 65% d’entre eux ont dix ans d’expérience.
- 50% des répondants exercent en hôpital MCO (Médecine Chirurgie Obstétrique), 17% en psychiatrie et santé mentale, 16% en EHPAD, 12% aux urgences et 5% dans le secteur du handicap.

Les éléments de cette enquête ont permis de nourrir les réflexions de la FHF, menées dans le cadre de son grand « plan de bataille » pour l’emploi. Selon les derniers chiffres, il manquerait ainsi 5 à 6% d’infirmiers dans la fonction publique, pour environ 15 000 postes vacants.


Source : infirmiers.com