Les établissements de santé privés, frappés par l'inflation et un déficit «jamais vu», réclament une augmentation de 10% de leurs ressources, c'est-à-dire de leurs tarifs fixés annuellement par l'Etat, a plaidé la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP). Fin 2023, environ 40% des établissements de santé privés étaient en déficit et «si on reste dans ce qui est programmé» dans le budget de la Sécurité sociale pour 2024, «53% seront en déficit» en fin d'année, a prévenu lors d'une conférence de presse mercredi 28 février son président, Lamine Gharbi.
Le gouvernement doit dévoiler au plus tard mi-avril l'évolution pour 2024 des tarifs des cliniques, qui sont strictement encadrés. Les hôpitaux tous secteurs confondus (public, privé, privé non lucratif, centres anti-cancer, hospitalisation à domicile) ont beaucoup souffert de l'inflation en 2023, et estiment qu'il manquait 1,5 milliard d'euros au budget de la Sécurité sociale pour compenser cette hausse des prix. Hausse de l'énergie, des contrats de blanchisserie, de restauration...
Les urgences et maternités, services les plus déficitaires
Parmi les services les plus déficitaires figurent les urgences et maternités, qui jouent un rôle important «pour l'accès aux soins», a souligné Lamine Gharbi. L'Objectif national de dépenses d’Assurance maladie (Ondam) prévu pour 2024 «est insincère», et doit être révisé, a-t-il plaidé. L'Ondam actuel ne permet qu'une hausse de 3,2% des tarifs de médecine, chirurgie et obstétrique, alors que les hôpitaux privés «ont besoin de 10% d'augmentation» pour financer notamment la hausse des coûts et appliquer les mêmes revalorisations salariales (notamment des gardes de nuit et week-end) que le secteur public, a-t-il précisé. Il a par ailleurs dénoncé une «dichotomie de traitement» entre public et privé. La Fédération de l’hospitalisation privée compte 1 030 cliniques et hôpitaux privés à but lucratif.
"Sortir d'une vision court-termiste"
Le 16 février, le gouvernement a annoncé débloquer une «aide exceptionnelle» de 500 millions d'euros pour «soutenir» les établissements dont l'activité a progressé mais dont la santé financière s'est dégradée. «La répartition est totalement inéquitable : 15% pour le privé, 15% pour le privé non lucratif et 70% pour le public», a déploré M. Gharbi. Pourtant, a-t-il dit, «35% de l'activité hospitalière est réalisée par le privé à but lucratif». Il a enfin jugé «choquant» que les autorités restituent aux hôpitaux publics 470 millions d'euros de crédits inscrits au budget mais non consommés en 2023, car pour lui cela revient «à financer ceux qui ne travaillent pas». En cette période de finances tendues, a-t-il ajouté, «il faut sortir d'une vision court-termiste» et adopter «une loi de programmation pluriannuelle» qui dans le monde hospitalier «fait largement consensus».
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