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Avec une majorité de soignants en arrêt maladie, les urgences de Thionville en crise

Publié le 02/01/2023

Les urgences de l'hôpital de Thionville (en Moselle) fonctionnent de manière très dégradée alors que la quasi-totalité des infirmiers et aide-soignants, «épuisés», ont été placés en arrêt maladie, selon le CHR de Metz-Thionville et les syndicats.

Le service des urgences de l'hôpital de Thionville est en difficulté. «En raison de nombreux arrêts maladie déposés vendredi 30 décembre par l'équipe soignante, le centre hospitalier régional Metz-Thionville modifie le fonctionnement du service des urgences adultes jusqu'au 6 janvier», annonce le CHR, qui a déclenché son plan blanc dans l'après midi. Si la prise en charge des urgences vitales par les équipes du SMUR reste «opérationnelle», les autres patients sont orientés vers d'autres établissements.

Equipes «à bout»   

Selon des sources syndicales, 55 infirmiers et aide-soignants sur 59 ont été placés en arrêt maladie, souvent sur décision des médecins des urgences eux-mêmes. Les constats sont malheureusement partout les mêmes : «On en arrive là parce que malgré leur engagement, les équipes sont à bout, épuisées, et incapables d'assurer une prise en charge de qualité, ce qui est insupportable pour elles», explique Clarisse Mattel, infirmière et secrétaire générale du syndicat MICT-CGT. «C'est une problématique qui dépasse la situation d'un hôpital. C'est tout l'hôpital public qui est en crise : on ne peut plus prendre correctement en charge les patients.» 

«Allongée par terre»

Le service des urgences, qui dispose de 12 box d'accueil, enregistre plus de 100 passages par jour, et le CHR manque de lits et de personnel pour hospitaliser les patients après leur accueil aux urgences, soutiennent les syndicats. «Ces derniers jours, les patients étaient sur des brancards dans le couloir, quand on a la chance d'avoir des brancards. Une nuit on n'en avait plus, une dame s'est allongée par terre», témoigne une aide-soignante qui demande à rester anonyme. Plusieurs soignants font état d'un patient de 90 ans resté «plus de 90 heures» sur un brancard, et qui n'a «été changé qu'une seule fois» au cours de cette période.

«C'est devenu extrêmement compliqué d'assurer les besoins élémentaires tels que l'hygiène, les repas, en plus dans un contexte de promiscuité», indique Patricia Schneider, représentante du syndicat Sud-Santé au CHR. «Cela fait six mois que je viens aux urgences la boule au ventre. Six mois que j'ai peur d'ouvrir une porte et de trouver derrière un mort sur un brancard», confie une jeune infirmière, arrêtée pour «burn-out».

La direction en attente d'un successeur 

Le pôle des urgences du CHR était dirigé par François Braun jusqu'à sa nomination en juillet comme ministre de la Santé. «Les problématiques, il les connaît depuis longtemps», souligne une infirmière. «J'espère qu'on pourra bientôt échanger avec lui sur l'évolution de la situation». Le départ de la directrice générale du CHR de Metz-Thionville, Marie-Odile Saillard, avait été annoncé de longue date pour ce samedi 31 décembre. Son successeur n'a toujours pas été désigné.

Et les nouvelles ne sont pas meilleures ailleurs : à l'hôpital de Sarreguemines, autre établissement du département mais non rattaché au CHR, un mouvement de grève touche le service des urgences depuis le 23 décembre. Le mouvement devrait «se durcir» dans les prochains jours, selon une source syndicale.

La Rédaction Infirmiers.com avec AFP

Source : infirmiers.com