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URGENCES

Aux urgences du CHU de Grenoble, une situation sous haute tension

Publié le 21/04/2023

Au CHU de Grenoble, le décès d'un homme aux urgences éclaire une situation devenue intenable par manque de personnel, notamment au sein de la filière psychiatrique.

CHU Grenoble, urgences

Ce sont les symptômes d’un hôpital malade de son manque de soignants et de moyens : les « morts inattendues » mettent cruellement en lumière des situations de haute tension, notamment dans les urgences. Au CHU de Grenoble, la mort d’un homme de 91 ans, survenue après qu’il a passé trois jours à attendre dans les couloirs des urgences, fait suite à deux autres décès, provoqués dans les mêmes circonstances, depuis le mois de décembre.

Des urgences saturées

« Ce n’est malheureusement pas le premier et, vu la situation, ce ne sera pas le dernier », témoigne un médecin urgentiste, sous couvert de l’anonymat, auprès de l’AFP. Les trois patients décédés avaient pour point commun de souffrir de troubles psychiatriques et géronto-psychiques, soit des troubles relevant déjà en temps normal de filières manquant structurellement de moyens et qui, à Grenoble, s’avèrent « particulièrement dysfonctionnelles pour des patients que personne ne veut prendre », déplore le Dr Marc Blancher, le responsable des urgences adultes du CHU.  « Si les problèmes ne sont pas réglés d’ici à la fin du mois, le service va tomber », s’alarme-t-il, craignant une « désertion » des médecins, « extrêmement fatigués ». Et l’inquiétude est d’autant plus grande que la loi Rist sur l’amélioration de l’accès aux soins, adoptée en avril dernier, embarque entre autres le plafonnement des rémunérations des médecins intérimaires, entraînant un désistement de ces professionnels. « Nous n’arrivons même pas à atteindre le service public minimum », révèle le Dr Blancher.

Sur les quatre services d’urgences du territoire, deux sont fermés la nuit depuis un an et demi, Grenoble concentrant alors l’essentiel des prises en charge. Le service du CHU enregistre désormais en moyenne « 142 passages par 24 heures » et « 70 à 90 patients sont présents en même temps au sein du service, dont environ 30 patients en attente d’une hospitalisation », selon la direction. Or, 50% des postes d’urgentistes sont « vacants depuis plus d’un an et demi ». Et côté urgences psychiatriques, la situation est tout aussi critique, avec « un nombre de lits fermés en psychiatrie sur le reste du territoire » jugé « particulièrement important » alors que 40 à 50% des patients en attente d’hospitalisation concernent la filière psychiatrique. Et nombreux sont ceux qui nécessitent une hospitalisation « sous contrainte », normalement prioritaires mais qui se retrouvent à devoir attendre parfois plus de 8 jours. « Il y a des schizophrènes, des suicidaires qui déambulent dans les couloirs des urgences ! », lâche Cyrille Venet, anesthésiste-réanimateur à Voiron et secrétaire général du Syndicat national des médecins hospitaliers (SNMH-FO).

Des dysfonctionnements signalés à la justice

Ces dysfonctionnements ont fait l’objet d’un signalement début avril par les syndicats pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Mais l’affaire a été classée sans suite par le parquet de Grenoble. « Le signalement dénonce une inaction des pouvoirs publics qui ne justifie pas l'ouverture d'une enquête pénale et me conduit à le classer sans suite à ce jour pour absence d'infraction pénale », a expliqué le procureur Eric Vaillant dans un message à la presse. Sara Fernandez, infirmière en traumatologie et secrétaire générale de la CGT au CHU, le regrette « car la situation reste dangereuse pour les patients et pour le personnel médical ». « Tout dysfonctionne dans la psychiatrie, les prises en charge sont de moins bonne qualité », dénonce Michel Soulié, infirmier psychiatrique et représentant CGT. « Nous avons des morts, nous avons des suicides », s'alarme-t-il en dénonçant le manque de personnel. Une situation qui n’est pas spécifique au CHU de Grenoble : en décembre dernier, face à leur multiplication ces récents mois, Samu-Urgences de France a indiqué vouloir recenser les morts inattendues survenues aux urgences.

La Rédaction d'Infirmiers.com avec l'AFP

Source : infirmiers.com