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ENQUÊTE

50% des infirmiers et aides-soignants estiment ne pas pouvoir tenir jusqu'à la retraite

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Publié le 16/03/2023

Les infirmiers et les aides-soignants considèrent que leurs métiers, caractérisés par des risques physiques plus marqués que la moyenne et des exigences émotionnelles plus fortes, seront difficiles à exercer jusqu'au bout. C'est ce que pointe tout particulièrement une récente étude de la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) sur la pénibilité au travail.

infirmier souffrance travail

Alors que la réforme des retraites est sur toutes les lèvres*, une étude menée par la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) parue le 9 mars se demande «quels facteurs influencent la capacité des salariés à faire le même travail jusqu’à la retraite?» Il en ressort que 47% des aides-soignants et 55% des infirmiers et sages-femmes estiment qu'ils ne pourront pas rester dans leur travail jusqu'à la retraite, du fait de leurs métiers «caractérisés par des risques physiques plus marqués que la moyenne et des exigences émotionnelles plus fortes du fait d'un travail au contact du public». Le taux retombe à 27% chez les médecins et assimilés ainsi que les cadres de la fonction publique (catégorie A et assimilés). De manière globale, si l'on considère l'ensemble des salariés, 37% d'entre eux jugeaient en 2019 ne pas être capables de faire le même travail jusqu'à la retraite, soit un peu moins de neuf millions de personnes.

Facteurs de risques

«Les contraintes psychosociales (travail intense, manque d’autonomie, exigences émotionnelles, insécurité socio-économique, conflits de valeur, rapports sociaux dégradés) entraînent de la même façon une incapacité plus fréquente des salariés à tenir dans leur travail : elle peut s’élever jusqu’à 58 % pour les salariés les plus fortement exposés à ces nuisances. En cas de poly-exposition à ces facteurs de risques, les effets sur la soutenabilité du travail sont cumulatifs», note encore l'étude. 

Enfin, «Les salariés jugeant leur travail insoutenable ont des carrières plus hachées que les autres et partent à la retraite plus tôt, avec des interruptions, notamment pour des raisons de santé, qui s’amplifient en fin de carrière».

Impact modéré des dispositifs de prévention 

Les dispositifs de prévention mis en place dans les établissements et entreprises, censés agir sur les difficultés, ont malheureusement seulement des «effets modérés sur le caractère soutenable du travail», rapporte l'étude, car ils ne ciblent qu'une partie des facteurs et ne suffisent pas à les supprimer. Au contraire, ils «peuvent même parfois les révéler», souligne la Dares. Les effets de certaines expositions ou dimensions de l'insoutenabilité sont également parfois sous-estimés par l'employeur, précise encore l'enquête. Quant à la consultation auprès du médecin du travail, là encore l'impact demeure modéré à cause des marges de manœuvre limitées des praticiens ou encore de l'espacement des visites.

Finalement, mauvaise nouvelle pour l'hôpital, «quitter le salariat ou changer de profession améliore nettement la soutenabilité du travail», plus que le changement de poste ou d'établissement, d'après les personnes interrogées. «Les salariés qui changent de situation professionnelle sortent plus souvent des situations d’insoutenabilité du travail que les autres. Ainsi par exemple, quitter le salariat en devenant indépendant diminue par plus de deux la probabilité de rester dans un travail insoutenable à trois ans d’intervalle» précise l'étude.  

En tout état de cause, une organisation du travail qui favorise l’autonomie, la participation des salariés et limite l’intensité du travail tend à rendre celui-ci plus soutenable

Les enquêtes Conditions de travail

Depuis 2013, l’enquête «Conditions de travail» est conduite tous les trois ans en panel, auprès d’individus âgés de 15 ans ou plus et résidant en France. Cette étude mobilise deux champs selon les analyses réalisées. Le premier est constitué des salariés ayant terminé leurs études initiales dans l’édition 2019, soit 22 093 répondants ; le deuxième recouvre les salariés ayant terminé leurs études initiales en première interrogation (en 2013 ou 2016) et réinterrogés au moins une fois, quel que soit leur statut d’activité lors de cette ré-interrogation (emploi salarié, emploi non salarié, chômage ou inactivité), soit 20 315 personnes en 2013, 23 336 en 2016 et 17 861 en 2019.

Retrouvez l'étude en ligne. Quels facteurs influencent la capacité des salariés à faire le même travail jusqu’à la retraite ?

*Le Sénat a entamé ce jeudi 16 mars au matin les explications de vote sur le texte de compromis sur la réforme des retraites, un texte «profondément enrichi jour après jour et au fil de la discussion», a affirmé le ministre du Travail Olivier Dussopt. A l'issue des explications de vote, les sénateurs voteront une ultime fois avant l'étape très attendue dans l'après-midi de l'Assemblée nationale, qui détient la clé de l'adoption définitive du texte.


Source : infirmiers.com