700 millions d'euros : le coût des événements indésirables liés aux soins

Les événements indésirables liés aux soins à l'hôpital coûteraient 700 millions d'euros en France, selon une récente étude de l'Institut de recherche et documentation économique en santé (Irdes) présentée le 23 novembre 2011 à l'occasion de la journée sur la sécurité des patients organisée par le ministère de la santé à Paris.

L'enquête Eneis conduite en 2009 a montré qu'annuellement entre 275.000 et 395.000 séjours hospitaliers sont liés à un événement indésirable lié aux soins, dont 95.000 à 180.000 seraient évitables, et le nombre moyen de journées d'hospitalisation imputables à un événement indésirable est de neuf jours, a rappelé Zeynep Or de l'Irdes. Après l'estimation du nombre d'événements, l'étape suivante était d'évaluer le surcoût causé par ces événements indésirables et c'est précisément l'objet de son étude.

Cette étude s'est donc basée sur les données de l'étude nationale des coûts commune (ENCC) 2007 et sur le programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) 2007 pour repérer et mesurer le coût de neuf événements indésirables liés aux soins : les escarres, les oublis de corps étrangers, les infections, les désordres physiologiques, les embolies pulmonaires, les septicémies, les lacérations ou piqûres accidentelles et les traumatismes obstétricaux.

Cela a permis de constater que 0,5% des séjours hospitaliers étaient associés à l'un ou l'autre de ces événements indésirables.

Parmi ces neufs types d'événements, les plus fréquents étaient les désordres physiologiques (prévalence de 9,4/1.000), suivis des escarres (7/1.000), des septicémies (7/1.000) et des embolies pulmonaires (6,7/1.000).

Les septicémies étaient associées à un allongement de la durée d'hospitalisation de 19,7 jours en moyenne, et de 14,7 jours pour les autres infections, 11,2 jours pour les escarres, 7,3 jours pour les désordres physiologiques et cinq jours pour les embolies pulmonaires. Les prolongations de séjour pour les autres événements étaient modestes.
Les septicémies entraînaient un surcoût moyen de 18.578 euros, les désordres physiologiques de 9.911 euros, les escarres de 4.568 euros... Zeynep Or a noté que le surcoût n'était pas toujours corrélé à l'allongement de la durée de séjour. Il était aussi lié à l'intensité des soins.

Globalement, pour l'ensemble de la France, avec ces neuf événements indésirables liés aux soins hospitaliers, le surcoût était de 682 millions d'euros (atteignant 733 millions selon un autre mode de calcul). A eux seuls, les désordres physiologiques représentaient 40% de ce surcoût, et les quatre événements les plus fréquents représentaient 90% du surcoût total.

Ce chiffre est probablement une sous-estimation. D'une part, seulement neuf événements indésirables (dont les plus fréquents) ont été étudiés. D'autre part, seuls les coûts hospitaliers sont comptés: il faudrait aussi prendre en compte les coûts de soins hors hôpital, ainsi que les coûts de perte de productivité et les conséquences économiques d'une perte de qualité de vie, note Zeynep Or.