Pénurie de personnels, multiplication des secteurs du soin qui témoignent de difficultés croissantes de prise en charge, déficit des établissements qui se creusent dans un contexte d’inflation… Le monde de la santé témoigne d’une situation de tension permanente, marquée par des conditions de travail qui se sont dégradées depuis la crise Covid. Et pourtant, parallèlement, les métiers du soin semblent constituer un fort pôle d’attractivité pour les salariés du privé qui souhaitent se reconvertir. C’est en tout cas ce que tend à démontrer une étude menée par Transitions Pro Nouvelle-Aquitaine (ex-Fongecif)*. Elle note ainsi que, dans la région, « les formations du secteur sanitaire et social sont les plus nombreuses, tous secteurs confondus, tant au niveau des demandes des salariés que des financements accordés. » En 2023, les reconversions vers les métiers d’aides-soignants, d’infirmiers, d’auxiliaires de puériculture et d’accompagnants éducatifs représentaient à elles seules plus de 11% des demandes formulées auprès de l’organisme. Une tendance qui s’expliquerait par une recherche de sens chez les salariés, face à un système de santé en crise.
Aide-soignant et infirmier, des métiers particulièrement demandés
Première profession à tirer son épingle du jeu, celle d’aide-soignant a pesé pour plus de 5% dans l’ensemble des demandes de reconversion entre 2020 et 2023, avec 500 dossiers déposés sur un total de 8 500. Elle occupe ainsi la première place du palmarès, tout métier confondu. Il s’agit également du parcours de formation le plus financé par la Commission paritaire de l’organisme (384 dossiers, soit 7% des 5 735 dossiers validés). « Sachant que les trois-quarts des candidats aux formations vers ces métiers sont issus d’autres secteurs professionnels, il s’agit donc bien pour eux de commencer à écrire une nouvelle page de leur carrière », précise Transition Pro.
Le métier d’infirmier, qui figure parmi les plus en tension selon une récente publication de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), s’avère également très attractif. Entre 2020 et 2023, 111 demandes ont été déposées, dont 72 qui ont été acceptées. « Les deux-tiers des salariés visant le métier d’infirmier occupent déjà un emploi dans le domaine de la santé. Pour la plupart, il s’agit d’aides-soignants qui portent donc davantage un projet d’évolution de carrière », relève l’organisme.
Des métiers victimes de leur succès
Si, sur le papier, cette attractivité est un signal positif, elle entraîne toutefois des difficultés de financement, nuance-t-il. Plus de 80 salariés qui avaient déposé une demande de reconversion pour devenir aide-soignant ont ainsi essuyé un refus faute de fonds suffisant pour les accompagner. Avec un financement évalué à 27 000 euros par dossiers, ce sont tout de même 2,2 millions d’euros supplémentaires qui auraient été nécessaires pour répondre à l’ensemble des demandes. Même problématique pour ceux qui veulent devenir infirmier : pluriannuel, le parcours de formation coûte par individu aux alentours de 100 000 euros (qui comprennent le maintien de la rémunération du salarié et les coûts pédagogiques). « Il est donc délicat » d’accepter tous les dossiers de reconversion, au risque de grever le budget de l’organisme au détriment des demandes pour d’autres secteurs, eux aussi en tension de personnel. En Nouvelle-Aquitaine, les besoins de recrutement sont évalués à 2 000 à 2 500 postes d’aides-soignants et 1 500 à 2 000 postes d’infirmiers chaque année, selon Transition Pro.
*Organisme habilité par l’État à financer les reconversions professionnelles des salariés du privé.
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