Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

AU COEUR DU METIER

Savoir écouter l'autre... Chut, écoute...

Publié le 26/05/2010

Écouter une personne est un acte quotidien et banal. Tout le monde écoute tout le monde. Oui, mais comment ?  Pour quoi faire ?
« Écouter, c’est facile, me dirais-tu ! Il suffit d’avoir des oreilles et de les tendre vers l’autre. Mais, qu’entendons-nous quand nous écoutons ? Des mots, des bruits, des voix, des tonalités, des sentiments, des émotions, des idées, des besoins… Les nôtres, ceux de notre interlocuteur ou encore ceux d’une autre personne ?

Il y a tellement de choses à écouter, que l’on s’y perdrait presque.
Oui, on peut s’y perdre, effectivement. On est comme dans une forêt pendant la nuit, me disait un client, dernièrement. On a peur, on avance à petit pas, on tend l’oreille au moindre bruit… »

Et, je pense en moi-même :
« Et, si ce que pourrait dire une autre personne me dérangeait dans mes idées, mes croyances, mon train-train quotidien ? Est-ce que je tiendrais encore debout ? Est-ce que je saurais faire face à mes émotions ? J’ai peur de chavirer, de changer d’avis, moi qui tiens tant à mes opinions, à mes principes, à mes croyances ? Je ne veux pas les lâcher ; que me resterait-il ? Je risquerais de me perdre ! »

« Tout cela est ce que pourrait penser un jeune écoutant, ou plutôt un vieux, un dur d’oreille !
On prend vite l’habitude de ne pas écouter l’autre ou plutôt de l’écouter avec nos vieux schémas, nos vieilles « casseroles » qui font du bruit. Entre nous, on écoute, le plus souvent, que d’une seule oreille, et, pourtant, on a en deux !
“Ce n’est déjà pas mal ! ” Me dirais-tu ?

Oui, écouter d’une oreille est toujours mieux que d’écouter en parlant !
J’entends beaucoup de personnes parler, qui ne savent pas s’arrêter pour écouter leur interlocuteur. Cela me rappelle une stagiaire qui, à la suite d’un exercice oral, prenait conscience qu’elle confondait parler et écouter.

Je te laisse à ta méditation et t’invite à la lecture de la suite, qui est un peu comme une introduction de cours sur le sujet.

Chers collègues et futures collègues,

Écouter vraiment un autre être humain demande un certain silence extérieur et intérieur. C’est une écoute épurée de toutes nos certitudes, toutes nos croyances, nos pensées du moment : cela nécessite un décentrage de soi, un écartement de nos points de départ pour apercevoir la singularité de l’autre.

J’essaye d’écouter un autre être humain en lui offrant toute mon attention, tout en étant présente à ce que je ressens, dans « l’ici et maintenant ». J’écoute l’autre en essayant d’emprunter sa route, de suivre son fil intérieur. La route est parfois sinueuse et déroutante, mais c’est sa route. C’est sacré. Je ne peux y toucher.
Une écoute attentive ne laisse rarement indifférent.

Lorsque j’écoute, j’essaye aussi d’être présente à toutes mes pensées, mes émotions, mes sentiments, mes images, mes intuitions… Cela fait beaucoup, parfois ! Mais, écouter est fatigant et parfois bouleversant. Mais, j’aime pratiquer cet art. Il me détend aussi. J’ai l’impression de partir en voyage et de faire de véritables rencontres.
La partie qui nous appartient pourra être utilisée plus tard, le moment où l’écoutant prendrait à son tour, la parole, s’il y était convié. Mais, nos opinions, nos pensées sur l’autre n’ont pas de place, à ce moment-là. C’est penser avec l’autre qui compte. C’est aussi cela  le sens de la présence et de l’accompagnement.

L’important est d’offrir un espace et un temps vacants à l’autre et non de résoudre les problèmes à sa place. Le postulat de l’écoute repose sur la croyance en la capacité de l’Homme à trouver les solutions en lui-même. On l’écoute simplement pour qu’il puisse s’entendre. C’est cela le but de l’écoute, et, pas plus !

L’écoutant donne une direction, l’écouté (e) trouve son chemin.

Pour écouter vraiment et donner ce temps à l’autre, il est préférable d’avoir fait un peu de ménage chez soi, pour occuper sa place et non celle de l’autre, pour le recevoir vraiment, comme un ami, digne de ce nom.
Sinon, sur un tel terrain, tu risques d’écouter ton voisin avec les oreilles d’un autre. Cela risquerait de créer une confusion identitaire.

Qui oserait inviter quelqu’un chez soi, quand tout est en dessus dessous dans sa maison ? Si le ménage n’est pas suffisamment bien fait, l’invité va se croire obligé d’aider son hôte dans cette tache et il sera alors gêné. Les rôles risquent d’êtres brouillés et tu te sentiras confus, indigné, en colère contre toi-même. On sait bien que c’est ainsi que commencent les conflits où l’on se fait du mal.

Écouter est difficile et est une tache exigeante. Si on ne se sent  pas capable d’écouter ainsi, maintenant, il est préférable d’y renoncer et de retourner à son ménage. On le fera quand on sera prêt. Cette préparation demande du temps, de la patience et un certain espace intérieur, que l’on se crée par un travail quasi quotidien.

« J’espère que tu as pu entendre le message au travers de ces quelques propos, et maintenant, je te souhaite plein de courage et de patience. Le jeu en vaut la chandelle, je t’assure. Écouter l’autre et prendre du temps pour cela est le plus beau cadeau que l’on puisse offrir. Alors, aujourd’hui, offre-le à ceux que tu aimes.

Et, la première personne digne d’amour est TOI-MÊME. Alors, bonne écoute ! À bientôt. »

Bibliographie

  • C. Rogers : le développement de la personne. Dunod. 1968 M. B Rosenberg : les mots sont des fenêtres. Ed. La découverte. 1999.

Claire BAUDIN
Psychothérapeute. Formatrice en Soin.
clairessina@wanadoo.fr
www.psycho-ressources.com/claire-baudin.html


Source : infirmiers.com