La Fédération hospitalière de France (FHF) a présenté le 26 mai dernier un livre blanc sur l'accessibilité des instituts de formation paramédicale aux étudiants en situation de handicap, lors de la Paris Healthcare Week.
Ce document rassemble des constats et préconisations, ainsi que des fiches pratiques destinées aux instituts de formation. Il a été réalisé par la fédération dans le cadre d'un partenariat avec le Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP). La démarche a été pilotée par un groupe de travail d'acteurs de ces formations.
Début 2014, le taux d'emploi de travailleurs handicapés dans la fonction publique hospitalière (FPH) se situait à 5,41%, encore en deçà de l'objectif légal, a annoncé mercredi le FIPHFP.Cette présence correspond essentiellement à des situations de maintien dans l'emploi
plutôt qu'à des recrutements directs de personnes handicapées, constate la FHF dans le livre blanc. L'hôpital public peine à former et recruter des professionnels paramédicaux en situation de handicap
. La fédération a mené une étude nationale avec la société Eneis Conseil. Elle s'est appuyée notamment sur un questionnaire, rempli intégralement par 243 instituts de formation (principalement d'infirmiers et d'aides-soignants), en avril et mai 2015.
Le livre blanc analyse quatre étapes du parcours de l'étudiant : l'orientation vers les formations paramédicales, le concours d'entrée, l'enseignement clinique (stages) et la formation elle-même. A la question Pensez-vous que des étudiants en situation de handicap puissent devenir des professionnels soignants et intégrer la FPH ?
, la majorité des responsables d'institut sondés (51,9%) ont répondu "difficilement", 45,8% "oui" et 2,3% "non". Seulement 17,5% déclarent mentionner l'accès ou l'intégration d'étudiants handicapés dans leurs documents institutionnels (règlement du concours, livret d'accueil...). Ou encore, 19% disent avoir développé des liens de partenariat ou d'échange avec les acteurs spécialisés dans l'insertion des travailleurs handicapés.
L'étude pointe des représentations collectives présumant l'incompatibilité du handicap avec les métiers soignants
, fondées sur la relation binaire du "soignant" et du "malade"
. Elles sont un facteur d'autocensure
chez les étudiants, mais aussi de réticence, voire d'opposition chez les directeurs, formateurs des instituts et tuteurs de stage
. Globalement, la FHF observe que les étudiants handicapés accèdent plus facilement à un accompagnement lorsque l'institut est conventionné avec l'université (ce qui n'est pas le cas dans toutes les formations sanitaires). Les conseils régionaux financent ces formations, mais tandis que certains débloquent des crédits exceptionnels
pour aider les étudiants handicapés, il est difficile dans d'autres d'intégrer des aides aux budgets des instituts, remarque la FHF. Lorsque les étudiants sont en stage dans les établissements, dans des contextes de travail en flux tendu, il est parfois difficile de créer des conditions d'accueil satisfaisantes
et l'achat de matériel de compensation n'est que peu envisagé
, peut-on également lire.
La FHF fait des propositions destinées à un large éventail d'acteurs (instituts, ministères, conseils régionaux, universités, acteurs de l'orientation scolaire...). Elle préconise de nombreuses actions de sensibilisation, mais aussi des mesures visant à s'assurer que l'étudiant handicapé pourra être accompagné par des acteurs bien identifiés, ainsi que la création d'un fonds destiné au financement de la compensation du handicap pendant le concours et la scolarité. D'autres recommandations portent sur l'aménagement des conditions de concours, la mise en place d'équipes mobiles intervenant dans les instituts, ou encore un renforcement du suivi médical de ces étudiants durant la formation.
L'intégration dans les équipes soignantes de professionnels en situation de handicap est un formidable moyen de modifier la culture professionnelle des équipes soignantes, d'abaisser les barrières et de diminuer les peurs de ne pas savoir bien faire
Le gouvernement prendra "ses responsabilités"
En visite à la Paris Healthcare Week, la secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion, Ségolène Neuville, s'est engagée à se faire "le relais" du livre blanc. Pour renforcer le nombre et la diversité des métiers soignants assurés par des professionnels en situation de handicap, il faut rendre leur parcours de formation accessible
, a-t-elle assuré. Je peux vous assurer de la détermination de [la ministre des affaires sociales et de la santé] Marisol Touraine à ce que nous puissions, nous pouvoirs publics, prendre notre part de responsabilités dans les obstacles à lever, les clarifications à apporter car ce sont des choses finalement peu connues par les personnes
, a-t-elle déclaré, selon la version écrite de son discours.
L'intégration dans les équipes soignantes de professionnels en situation de handicap est un formidable moyen de modifier la culture professionnelle des équipes soignantes, d'abaisser les barrières et de diminuer les peurs de ne pas savoir bien faire
, a-t-elle souligné. C'est aussi créer les conditions favorables d'un accueil amélioré pour toutes les personnes handicapées car à leurs compétences professionnelles, les professionnels soignants en situation de handicap y ajouteront
s'ils le souhaitent leur expertise d'expérience
, a poursuivi la secrétaire d'Etat. Il ne s'agit pas qu'elles deviennent le "Monsieur" ou la "Madame" référent handicap du service, de l'hôpital. Mais de la même façon que l'on valorise tous nos savoir-faire, le handicap peut constituer une expertise d'usage utile aux autres
, a-t-elle assuré.
• Livre blanc de la FHF "Etudiants et handicap" (PDF) et fiches pratiques (PDF)
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