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L'Ifsi de Laon mobilisé sur les AES

Publié le 20/06/2014
Récompense prévention promotion de la santé MNH

Récompense prévention promotion de la santé MNH

Chaque année, la MNH récompense un projet novateur dans le cadre de son prix "Prévention-Promotion de la santé ". C'est ainsi que le 21 mai dernier, l'Ifsi du Centre hospitalier de Laon recevait des mains de Gérard Vuidepot, président de la MNH, le prix 2013-2014 pour son projet d'enseignement des Accidents avec Exposition au Sang (AES) (1). Sandrine Babin, directrice de l'IFSI revient sur l'intérêt d'un tel travail de recherche.

Ce Prix 2013-2014 a été remis le 21 mai 2014 dans le cadre du salon Santé Autonomie

Avec l’avènement du nouveau programme de 2009 qui stipule que : l’étudiant se trouve confronté à la pratique soignante auprès des patients, il se forme en réalisant des activités et en les analysant au sein des équipes professionnelles 2, nous avons observé une recrudescence du nombre d’Accidents avec Exposition au Sang (AES) auprès des étudiants et plus particulièrement des étudiants de 1ère année, alors que le dispositif de formation mis en place était conforme aux textes3. Cette recrudescence s’explique par le fait que l’étudiant de 1ère année est pressé d’effectuer des gestes techniques comme les glycémies capillaires, les prises de sang et les injections d’insuline qu’il peut réaliser assez précocement durant le premier stage.

Le constat est le suivant : si nous recommandons la prudence et apportons un cadre théorique, ponctué de pratiques, le vaillant étudiant voudra effectuer des activités et cela, même après réflexion et avec encadrement. Il était donc important de réajuster notre enseignement en fonction du nouveau profil étudiant, acteur de sa formation en stage.

Après réflexion sur nos méthodes pédagogiques et sur le nouveau programme, l’ensemble des formateurs de l'Ifsi de Laon ont alors élaboré des stratégies pour améliorer leur prestation afin de prévenir la survenue d’AES au décours de l’année 2011 avec :

  • des cours théoriques de 2 heures dans le cadre de l’Unité d’enseignement 2.10, hygiène et infectiologie en présence du médecin de santé au travail ; l’objectif général : étant de permettre à l’étudiant de renforcer ses connaissances théoriques sous forme de film, de diaporama et d’un brainstorming ;
  • travaux pratiques de 2 heures pour une sensibilisation à la pratique et à la prévention des AES, en quatre groupes de 20 étudiants en salle pratique avec présentation des objets piquants, coupants, tranchants (OPTC) et manipulation de préparation du matériel en vue d’une injection et de seringue et aiguille à monter.

L’objectif général : sensibiliser les étudiants à des normes de pratiques professionnelles :

  • en sachant utiliser le port de gants à usage unique à bon escient ;
  • en positionnant la boite « OPTC » au bon endroit pour éviter des gestes inutiles, voire dangereux ;
  • en préparant une injection sans jamais re-capuchonner l’aiguille, ni pour la préparation, ni pour l’évacuation des déchets (aiguille dans boite « OPT»).

Nous voulions que l’étudiant acquière des gestes facilitateurs en identifiant déjà dans un premier temps les difficultés, la complexité des manipulations en se rendant au lit du malade...

En utilisant la méthode inductive qui permet à l’apprenant de mobiliser des connaissances et de les mettre en pratique grâce au formateur qui le guide dans ses gestes et sa réflexion, nous voulions que l’étudiant se questionne sur : Qui ? Quand ? Quoi ? Où ? Comment ? Pourquoi ? Et surtout nous voulions que l’étudiant acquière des gestes facilitateurs en identifiant déjà dans un premier temps les difficultés, la complexité des manipulations en se rendant au lit du malade (mannequin en utilisant des gants, en simulant l’injection et utilisant la boite « OPTC » (ou faut-il la placer ?).

A l’initiative des formateurs référents des étudiants de 1ère année, la formation a été renforcée par une séquence en semestre 2, car le nombre d’AES en 2011 et en 2012 était encore trop élevé. Aussi, en 2013, ils ont souhaité évaluer les différentes séquences de formation en termes de satisfaction des étudiants, d’efficacité de la formation. Les pratiques observées ou réalisées en stage ont aussi fait l’objet d’une étude, dans l’unité d’enseignement gestion des risques, afin de comprendre et de définir une ou plusieurs problématiques. Le médecin de santé au travail a adhéré à ce projet.

Pour cette nouvelle séquence, nous avons utilisé non plus un seul questionnaire mais :

  • un questionnaire de satisfaction des cours théoriques ;
  • un questionnaire sur l’efficacité de l’enseignement des pratiques lors des travaux dirigés ;
  • un questionnaire sur la mise en oeuvre des compétences lors du stage.

Après analyses des résultats des trois questionnaires, est apparu un sérieux écart entre les objectifs de formation et les objectifs des étudiants qui pour des enjeux de validation de stage prennent des risques, d’autant plus qu’ils souhaitent réaliser des gestes invasifs facteurs de risque d’AES. Donc lors de la restitution des résultats auprès des étudiants entre deux stages, les bonnes pratiques ont été rappelées.

Ces résultats ont révélé des points forts et des axes d’amélioration. Notre volonté est de :

  • continuer l’observation de la cohorte sur les 3 années ;
  • poursuivre et pérenniser des actions de formation :
    • utiliser les résultats de l’enquête CCLIN/ARlin pour développer les actions de formation spécifiques sur les semestres 4, 5 et 6 par l’acquisition de matériel (simulateur de soins…)
    • acquérir du matériel pour les pratiques de soins, et permettre ainsi à chaque étudiant un entraînement gestuel au plus près de la réalité
    • mettre à disposition des étudiants les nouveaux matériels et dispositifs de soins sécurisés
  • s’inscrire et organiser des actions de prévention dans lesquelles l’étudiant serait impliqué (support de communication : affiche, CD, colloque…) ;
  • créer une émulation IFSI / établissement :
  • poursuivre l’exploitation des questionnaires menés auprès des étudiants (annexes 4 et 5) en collaboration avec le service de santé au travail pour améliorer la sécurité des soins sur l’établissement
  • développer une collaboration efficiente avec les professionnels des unités de soins.

Notes

  1. Un prix ex-aequo avec le centre hospitalier de Marmandes pour son action en faveur de la prévention des TMS (Troubles musculo-squelettiques) et dorsalgies.
  2. Profession infirmière, recueil des principaux textes, SEDI, juillet 2013, Formation clinique en stage page 79.
  3. Le centre hospitalier de Laon applique les principes fondamentaux de prévention des AES. (Extrait de la circulaire n°99/680 du 8 décembre1999) : la vaccination du personnel exposé, le respect des précautions générales d'hygiène, les précautions standard, l’utilisation du matériel sécurisé, l'information et la formation du personnel, l'évaluation des actions entreprises.

Prix prévention-promotion de la santé

Le prix Prévention-Promotion de la santé de la MNH récompense chaque année un ou plusieurs établissements de santé sanitaire ou social ayant réalisé une action de prévention des risques professionnels sur des thématiques différentes à chaque édition. Ces prix sont dotés de 3 000 € par établissements. Depuis plus de 20 ans, le Groupe MNH, Mutuelle Nationale des Hospitaliers et des Professionnels de la Santé et du Social, fait de la prévention une de ses priorités. Le prix MNH Prévention-Promotion de la Santé s'inscrit en toute logique dans les actions que le groupe mène avec ses délégués à la promotion de la santé sur le terrain depuis de nombreuses années.

Mesdames FRITTE et BOUKHARI  cadres de santé formateur à l'IFSI/IFAS du Centre hospitalier de Laonet l'équipe de formateurs, en collaboration avec Madame DEMORTIERMédecin du travail et ses collaboratrices du service de santé au travail du CH de Laon


Source : infirmiers.com