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Le président-candidat Macron dévoile enfin son programme pour la santé

Publié le 22/03/2022
Emmanuel Macron

Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a égrené une trentaine de propositions de son programme lors d’une conférence de presse de plus de quatre heures à Aubervilliers (en Seine-Saint-Denis), jeudi 17 mars. Recrutement d’infirmiers et aides-soignants dans les Ehpad, renforcement du lien ville-hôpital et autres poursuites des actions engagées dans le cadre du Ségur et de la feuille de route Ma Santé 2022 : concernant les enjeux sanitaires, le président-candidat a surtout appelé à poursuivre les réformes engagées depuis cinq ans.

Emmanuel Macron a détaillé son programme pendant près de 4h

La présentation de son programme aura duré quatre heures, avant qu’il réponde aux questions des journalistes. Emmanuel Macron a opté pour une conférence de presse marathon pour présenter son projet, à trois semaines du premier tour de la présidentielle. Une part congrue y est dévolue à la santé, présentée comme l’un des grands chantiers de son éventuel futur quinquennat. 

Des pharmaciens ou infirmiers "référents" sur un territoire de santé

C’est l’un des sujets majeurs du pays : les déserts médicaux. Sur ce point, le président Macron, s’il est réélu, veut aider les médecins de ville à prendre davantage de patients. En mettant en place un système de référent pour les actes simples. Il propose ainsi de nommer un pharmacien ou infirmier référent sur un territoire de santé pour un renouvellement d’ordonnance ou des choses très simples à faire.

Par ailleurs, il veut aussi développer les téléconsultations et accompagner les jeunes praticiens à s’installer. 10 % de la population n’a pas de médecin traitant, observe Emmanuel Macron. On a de vraies zones de déserts médicaux qui créent de l’injustice territoriale. Et on a 5 % de la population de plus de 65 ans qui ne trouvent plus de médecins traitants.

Je veux qu’on réponde à ces besoins en réunissant les parties prenantes, en leur laissant la liberté d’innovations de terrain, mais en activant plusieurs leviers, et notamment soulager les médecins de ville dans leurs tâches administratives. Il souhaite également généraliser le déploiement d’infirmiers salariés subventionnés dans les zones les moins dotées.

Un pacte de confiance avec la médecine de ville 

Le président-candidat s’est dit défavorable à un système complètement contraignant, qui aurait pour conséquence la désertion des professions de santé et s'est plutôt prononcé pour l'incitation, en stoppant les conventionnements dans les zones déjà dotées (déjà un mécanisme assez efficace, a-t-il souligné), tout en aidant les médecins déjà installés dans des zones bien dotés à dégager du temps pour qu'ils libèrent X jours/heures par semaine pour aller faire des consultations dans les zones en demande. L’idée : développer une politique fortement incitative par ces logiques territoriales, a avancé le candidat LREM qui s’est dit frappé par des échanges avec des jeunes : beaucoup de ceux qui sont prêts à s’installer ne veulent tout simplement plus de la vie du médecin de campagne (qui travaille jour et nuit). Nos jeunes ne veulent plus de cette vie-là.

C’est un pacte de confiance avec la médecine de ville que je veux faire, a conclu le président-candidat. C’est : on s’engage, on s’installe sur un territoire pour 20 ou 30 ans de vie professionnelle. Et c’est au niveau du territoire qu’il faut qu’on ait ce pacte. Systèmes de garde (pour que les professionnels puissent s’organiser des temps de travail et des temps de repos), de la collaboration avec d’autres professionnels… Je suis prêt à mettre des moyens, a confié le chef de l'Etat qui a martelé l’idée d’une mise en place de logiques contractuelles sur les territoires.

50 000 infirmiers et aides-soignants supplémentaires dans les Ehpad

Les Ehpad étaient aussi au cœur des débats. Après avoir défendu son bilan (financement à hauteur de 40% des efforts budgétaires qui s’imposaient et création d'une 5e branche autonomie de la Sécurité sociale), Emmanuel Macron est revenu sur la difficulté qui se pose dans ces établissements. On a une population qui vieillit et qui va continuer de vieillir et le défi est-là pour la prochaine décennie. On aura 1 million de plus de 75 ans à horizon 2025, 2 millions à l’horizon 2030 et nos compatriotes arrivent plus âgés dans les Ehpad. Emmanuel Macron propose donc de recruter 50 000 infirmières et aides-soignantes, en assumant le fait qu’on a des patients qui sont plus lourds pour lesquels il y a des besoins de santé, lesquels s’ajouteront aux 20 000 postes déjà créés durant ce quinquennat, donc on a déjà commencé l’effort, a rappelé le candidat-président. Il s’est aussi projeté dans des solutions alternatives : entre le maintien à domicile et l’Ehpad de plus en plus médicalisé, il y a des besoins pour ce qu’on appelle les Ehpad hors les murs, des dispositifs plus adaptés, ou des places d’accueil pour les seniors qui sont aussi moins médicalisés mais qui permettent à des gens qui ne peuvent pas rester chez eux, (…) d’être dans des établissements plus adaptés à leur situation, et là, on a un besoin de 100 000 places.

Pour moi, il faut une stratégie d'ensemble pour l'autonomie, qui repose d'une part sur l'accompagnement humain à domicile, donc on assume d'investir, a assuré Emmanuel Macron, avec deux engagements : aider à la rénovation des bâtiments pour le grand-âge et rajouter ces deux heures par semaines qui permettent d'avoir plus d'accompagnement à domicile par les aides à domicile et d'accroître les moyens qui sont mis à disposition. Il a aussi milité pour la simplification des démarches administratives pour les personnes âgées et leurs aidants avec un interlocuteur unique , s’appuyant sur des expérimentations en Mayenne ou à Paris notamment.

Enfin, Emmanuel Macron a plaidé pour un renforcement des contrôles dans les établissements, faisant ainsi écho à l’affaire Orpéa .

Une "convention citoyenne" sur la fin de vie

Face à la question récurrente de la fin de vie dans le débat public, Emmanuel Macron a promis qu'une « convention citoyenne » serait adaptée pour trancher le débat dans le cadre d'un éventuel second mandat.

Sur ce sujet, je souhaite que nous puissions avancer de manière apaisée, c'est pourquoi je pense que c'est un bon sujet pour une Convention citoyenne, a fait valoir le président sortant, en ajoutant que sur la base des conclusions d'une telle Convention, il soumettrait à la représentation nationale ou au peuple le choix d'aller au bout du chemin qui sera préconisé.

Quel programme pour l’hôpital ? 

Le même jour, avant la prise de parole d’Emanuel Macron, Olivier Véran dévoilait lors d'un « grand oral santé » organisé par la Fédération hospitalière de France (FHF), et précédé par un hommage aux soignants, quelques mesures du programme du candidat Macron, notamment concernant l’hôpital. En substance, le ministre de la Santé a loué les mesures engagées et invité à poursuivre leur mise en œuvre.

Revenant sur la pandémie et ses conséquences : il a estimé que les soignants n’étaient pas suffisamment payés malgré les efforts conséquents consentis avec le Ségur (10 milliards d’euros d’augmentation pour 1,5 million de professionnels ; 19 milliards ont été consacrés pour moderniser les hôpitaux et les Ehpad, …) Le ministre des Solidarités et de la Santé est également revenu sur le protocole de coopération renforcée signé le 14 mars avec les régions, portant en 2023 à 13 600 les capacités de formation en infirmiers et aides-soignants (+20%). À cela se greffe la réduction de trois à deux ans de la durée de la passerelle entre ces deux métiers.

Pour répondre à la saturation chronique des urgences, quelle place donner au CHU et hôpitaux public, comment rendre attractives les structures ? L’hôpital français est « puissamment moderne », a estimé Olivier Véran qui a avancé des chantiers en cours : la transformation des blocs opératoires, le décloisonnement du travail entre la ville et l’hôpital, ou l’organisation, conjointement avec les usagers, de réseaux en ville.

Revenant sur les raisons de la souffrance des soignants, il a de nouveau évoqué le manque chronique d’infirmiers et d’IBODE dans les établissements hospitaliers, appelant à un changement de gouvernance, mais également à donner de nouvelles missions aux soignants de l’hôpital, ainsi qu’à des augmentations des salaires. Enfin, il s’agira, selon le projet présidentiel, de repenser la formation pour l’adapter aux enjeux nouveaux, grâce à la simulation, et à l’apprentissage notamment. 

Sur la question de la pénibilité du travail hospitalier : « on la prend en compte puisqu’on a majoré de 50 puis de 100% les heures de nuit », a rappelé le ministre de la Santé, soulignant également l’effort consenti avec le Ségur (la valorisation de « tout le monde, notamment la famille hospitalière », l’application aux secteurs privé et privé lucratif le même traitement que le secteur public avec 183 euros d’augmentation sur les fiches de salaires et la revalorisation des grilles salariales).

Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com