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FORMATION

La santé et la formation à l’heure du « e »

Publié le 24/07/2013
université d

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soignant mains tablette

soignant mains tablette

L’usage de solutions e-santé ou de dispositifs d’e-learning est encore peu développé chez les infirmiers en exercice ou chez les formateurs. Toutefois, leur appropriation s'impose petit à petit grâce à des professionnels ou des équipes engagées, convaincues de leurs fortes potentialités au vu du contexte de santé actuel. Enjeux et perspectives à l'occasion de la 7e université d’été de la e-santé qui s'est déroulée du 3 au 5 juillet 2013 à Castres.

Fortes potentialités à venir pour la e-santé et le e-learning

Depuis ces dernières années, nous assistons à une mise en place exponentielle de l’informatique dans les pratiques professionnelles soignantes comme dans les dispositifs de formation. Celle-ci offre en effet des potentialités souvent très intéressantes pour les patients comme pour les soignants. Pour autant, les nouveaux outils aujourd'hui disponibles et issus de la révolution numérique requièrent un minimum de compétences à maîtriser pour les professionnels de santé et formateurs utilisateurs ou futurs utilisateurs.

Systèmes d'information et pratiques innovantes en e-santé

Messageries sécurisées

En matière de systèmes d'information (SI) par exemple, l’ASIP Santé vient de lancer fin juin le betatest d’un premier service de messagerie sécurisée MSSanté destiné à tous les professionnels de santé. Ce dernier va leur permettre pour la première fois d’échanger entre eux par mail, rapidement et en toute sécurité, des données de santé à caractère personnel de leurs patients, dans le respect de la réglementation en vigueur. Les premiers "betatesteurs" expérimentent le service. Chaque professionnel pourra accéder à ses messages sur son poste, avec et sans carte de professionnel de santé (CPS) ainsi qu’en mobilité sur tablette ou smartphone (application pour iPhone et Androïd) d’ici la fin de l’année. Le système MMSanté est censé être déployé dès 2014. D’autres solutions de messageries sécurisées interopérables (dites "MSSanté compatibles") seront progressivement opérationnelles dans les prochains mois : messageries déployées dans les établissements de soins et/ou intégrées dans les logiciels métier des professionnels de santé, précise l’ASIP Santé dans un communiqué en date du 25 juin 2013.

Dossier médical partagé

Autre pratique innovante en e-santé, le dossier médical personnel (DMP) démarré en 2011 et dont l’objectif premier est de faciliter le partage d’informations entre les divers professionnels de santé qui suivent un même patient dans le cadre de son parcours de soins. A ce jour, plus de 358 000 DMP ont déjà été créés sur l’ensemble du territoire national. En Franche-Comté, une des régions pilotes pour le déploiement du DMP (avec aussi l’Alsace, l’Aquitaine et la Picardie), plus d’une centaine d’infirmiers libéraux (IDEL) se sont portés volontaires en 2012 pour y participer. Grâce à une formation préalable à l’usage de ce nouvel outil et à un accompagnement personnalisé, ils ont appris à créer des DMP, puis à les alimenter en y intégrant un certain nombre de données utiles à la coopération des soins (suivi des traitements, des plaies, des constantes, ou encore, des protocoles). En janvier dernier, l’URPS de Franche-Comté dénombrait ainsi plus de 2515 DMP créés et 772 alimentés ». A ce propos, Maryse Guillaume, infirmière libérale, secrétaire générale et responsable e-santé à la Fédération nationale des infirmiers (FNI) a précisé, lors d’un atelier dédié dans le cadre de la 7e université d’été de la e-santé, la nécessité à terme que les logiciels de gestion de cabinet soient DMP-compatibles, l’interopérabilité des logiciels du secteur étant en effet indispensable.

E-learning, apprentissage individualisé et espaces collaboratifs

La révolution numérique appliquée au domaine de la santé impacte aussi le champ de la formation, qui connaît par ailleurs de profonds changements avec, entre autres, la réingénierie des formations paramédicales. En effet, l'universitarisation des formations paramédicales impose désormais, notamment aux Instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi), de mettre en oeuvre près de 30 % des enseignements en collaboration avec les universités (obligation pour la délivrance du grade licence). Ainsi, en Midi-Pyrénées par exemple, un dispositif a été mis en place sur les 13 Ifsi de la région (plus une annexe à Figeac) et l’université Toulouse III Paul Sabatier afin de maintenir les activités d’enseignement supérieur sur l’ensemble du territoire régional, a indiqué Nicolas Jayr, responsable du service informatique de cette université lors d’un autre atelier consacré à la formation des professionnels de santé à la e-santé.

Concrètement, ce dispositif, qui concerne environ 3 000 étudiants infirmiers, soit 10 % des effectifs de Toulouse III Paul Sabatier, se décline d’abord sous la forme d’une web conférence, proche de Skype ou de MSN sauf que dans ce cadre d’utilisation cela est sécurisé. Il s’agit d’un système de classe virtuelle (son et image) auquel les Ifsi peuvent se connecter en direct ou en différé via des cours capturés mis en ligne. Attention toutefois à certains écueils : Mieux vaut qu’il y ait des étudiants sur place pour le direct car sinon cela s’avère difficile en termes pédagogiques pour le formateur a-t-il ainsi souligné. Raison pour laquelle les Ifsi de Toulouse se sont engagés à faire en sorte qu’il y ait toujours des étudiants présents dans les amphis à tour de rôle. On peut aussi rencontrer des problèmes de performance audiovisuelle et de réseau sur certains sites. De plus, il n’y a pas toujours de technicien sur place dans certains Ifsi, a-t-il poursuivi.

Depuis 2012, ce dispositif se décline aussi via l’organisation d’une formation pour ceux qui réalisent les cours universitaires et ceux qui les managent à distance, car cela demande des compétences spécifiques. Enfin, soulignons qu’aujourd’hui les formateurs demandent à passer le Certificat informatique et internet (C2i - niveau 1) , sachant que le niveau 2 est la cible (pour pouvoir passer ce second niveau les compétences du niveau 1 doivent être validées au préalable). Rappelons que le C2i - niveau 1 concerne les compétences numériques utiles aux personnes engagées dans des formations de l’enseignement supérieur dans une perspective de formation tout au long de la vie. Il vise en priorité les étudiants engagés dans un cursus universitaire de premier cycle.

Mais toute cette nouvelle organisation pédagogique ne s’improvise pas. Pour les visio-conférences, un calendrier annuel est défini pour les trois années de formation (Ifsi) avec une inscription au préalable nécessaire pour intervenir en direct, a ainsi indiqué Martine Borrel, directrice de l’Ifsi/Ifas d’Albi.

Reste qu'aujourd’hui, certaines équipes pédagogiques sont plus matures que d’autres pour proposer des dispositifs innovants en e-learning, a rappelé Nicole Rouch-Garcia, conseillère pédagogique régionale à l’ARS Midi-Pyrénées. Il en est de même pour l'utilisation de solutions e-santé dans les établissements de soins, en Ehpad ou en libéral. Il y a encore un travail d'évangélisation à faire. Mais avec la mutualisation des compétences et des moyens, le développement des maladies chroniques, le vieillissement de la population, la baisse de la démographie médicale…, nul doute que la e-santé comme le e-learning ne vont cesser de se déployer très fortement dans les années à venir. Et cela n'est pas virtuel !

Valérie HEDEF-CAPELLE Journaliste valerie.hedef@orange.fr


Source : infirmiers.com