Étudiant en soins infirmiers, je souhaite apporter mon témoignage sur une malheureuse expérience vécue en stage, où j'ai dû faire face à des propos homophobes de la part de soignants…
Ce n'est pas un hasard si j'ai souhaité devenir infirmier. Depuis tout petit, j’ai toujours voulu m’occuper des personnes, les soigner, apporter mon aide. J’adorais me rendre chez le médecin et collectionner les brochures de médicaments ou de pathologies venant de la pharmacie. Cette passion s’est par la suite atténuée pour laisser place à des intérêts nouveaux. Je n’ai découvert que bien plus tard, au lycée, que je voulais être un soignant. Ainsi, j’ai changé d’orientation pour préparer un baccalauréat plus général. BAC en poche, je me suis inscris en médecine. À cause de problèmes familiaux, je n’ai pas pu suivre correctement ma première année, que j’ai ratée. Je me suis alors tourné vers le métier d'infirmier qui m'est apparu comme une évidence. L'alternance très rapide entre cours et stages, l'alliance entre théorie et pratique ou encore la relation avec les patients ont ainsi relancé ma motivation et m'ont permis de débuter mon nouveau projet.
Un stage et tout bascule…
J’ai adoré mon premier stage. J’étais dans un centre hospitalier, un très gros service d'hospitalisation de courte durée où j'ai pu acquérir d'emblée de nombreuses connaissances. Mais mon témoignage va porter sur mon second stage de dix semaines effectué au sein d'une structure psychiatrique. J'en garde en effet un souvenir amer. Je ne connaissais absolument rien de la psychiatrie, mises à part les notions théoriques des pathologies. On a beau se renseigner autant que l’on peut sur les forums pour essayer d'imaginer comment cela va se dérouler, notre vision sera toujours erronée.
Mes premières semaines se sont très bien passées. J’ai rencontré de formidables soignants. Ils m’ont beaucoup apporté, tant au niveau théorique que pratique. J’ai découvert des personnes faibles, vulnérables, dépendantes, des patients blessés par certaines épreuves de la vie… J'ai entendu d’horribles choses pendant les entretiens infirmiers, des histoires tristes et choquantes. J’ai adoré pouvoir apporter mon aide à toutes les personnes de cette structure.
Mais à la fin de mon stage, mon opinion a changé, non pas envers les patients mais envers certaines personnes de l’équipe soignante. J’ai dû faire face à des propos injurieux à mon égard, bien qu’ils n’étaient pas clairement dirigés vers moi. Cela s’est passé pendant une évaluation de soins. Je devais valider une compétence et la cadre de santé m’a proposé une évaluation type MSP. Le jour fatidique est arrivé, et c'est l'estomac noué que j'ai commencé le soin. La patiente était complètement dépendante, et mon soin nécessitait qu'elle soit en partie nue. Deux soignants étaient présents pour l’évaluation. L'un d'eux était là pour m’aider à la mobilisation, l'autre pour m’évaluer. Quelques minutes après le début du soin, un autre soignant, qui n’était pas en poste dans ce service, est venu nous rejoindre sans le consentement de la patiente. Il s’est assis sur la table de la chambre et a regardé. Les ricanements ont alors commencé, venant de sa part, puis une insulte prononcée dans une langue étrangère fuse. Manque de chance, pour lui j’ai compris ce que cela signifiait. Je me suis fait traiter de « pédé ». Me voilà devant une patiente nue, prodiguant un soin, face à trois soignants. Je ne savais pas quoi faire, j’étais figé intérieurement. Après réflexion, j'ai opté pour la solution de l’autruche… J’ai par la suite tout raté ! Tout.
J’ai pensé à porter plainte pour homophobie, mais l’insulte n’étant pas clairement dirigée, cela n’était qu’un acte isolé. De plus, les soignants présents étaient tous amis. C'était ma parole contre la leur. Des amis de faculté m’ont conseillé de ne pas entreprendre une telle démarche mais d’avertir mon Ifsi - ce que j'ai fait - et et la direction de la structure. Ma référente pédagogique à l'Ifsi m'a donc rencontré ainsi que l'infirmière coordinatrice des stages et la directrice. Après avoir écouté ma version des faits, elles m'ont informé qu'une « enquête » allait être faite et que le responsable serait « sanctionné ».
Je me suis fait traiter de « pédé ». Me voilà devant une patiente nue, prodiguant un soin, face à trois soignants. Je ne savais pas quoi faire, j’étais figé intérieurement.
Je n'en ai pas su plus… Par la suite, j’ai donc passé mes dernières semaines à éviter ces trois soignants. Quant à la cadre du service, elle avait des « affinités » avec certains soignants concernés et je doute fortement qu'elle leur ait fait un « rappel à l'ordre »… J’ai donc pris sur moi, en décomptant chaque jour qu’il me restait. J’avais hâte de retourner en cours et de retrouver mes amis.
Je suis encore choqué par cette situation. J’ai du mal à comprendre que certains soignants, surtout en milieu psychiatrique, puissent avoir des idées aussi haineuses et se permettent d’insulter un futur collègue. J’ose espérer que cette personne est consciente de ses actes… Quoi qu'il en soit ce service fait toujours partie des terrains de stage et je n'ai pas plus d'information…
Pour conclure, je dirais que la sexualité d’une personne ne réduit pas quelqu’un à ce qu’il est. Comme l'a écrit Ernest Hemingway : Le monde est un endroit magnifique pour lequel il vaut la peine de se battre
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