Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

ESI

"Faites ce qui vous rend heureuse"... je l'ai fait !

Publié le 05/09/2014
infirmière réflexion tristesse

infirmière réflexion tristesse

En avril dernier, l'étudiant en soins infirmiers Molom déchaînait les passions en adressant une Lettre à son futur métier ... Fin août, Camille, une jeune infirmière marquait également les esprits avec un article coup de poing intitulé "Le poids du silence ". Aujourd'hui une jeune fille témoigne à son tour de sa première année en Ifsi à l'issue de laquelle elle a tombé la blouse... à jamais... Ecoutons-la.

Comment une jeune étudiante en soins infirmiers minée par la désespérance va abandonner sa formation en fin de 1er année

18 ans durant, j'ai toujours rêvé d'être infirmière. Prendre soin de personnes qui en ont besoin était pour moi une vocation. En 2013, je passe mon bac et la même année le concours d'entrée en Ifsi. Je suis sur liste complémentaire puis finalement admise. Quelle bonheur ce jour-là ! La fierté sur le visage de mes parents est pour moi la plus belle récompense. Je démarre alors une nouvelle vie :  appartement seule loin de mes parents, ville inconnue, nouvelles connaissances... Les débuts sont difficiles mais je m'accroche car je vis enfin mon rêve !

A l'heure du premier stage...

Arrive le premier stage, par chance dans la ville de mes parents. Je retourne donc chez eux pendant cinq semaines. Mon stage se déroule en médecine générale. Là-bas, je découvre ce qu'est un hôpital. Je pensais voir des infirmières attentives aussi bien envers les patients qu'envers les étudiants. Je n'ai vu que des infirmières pensant à enchaîner les soins jusqu'à la pause café, puis jusqu'à la pause de midi et enfin jusqu'à la relève ! La plupart d'entre elles me méprisaient, moi la petite-etudiante-de-premiere-annee-premier-stage qui ne savait rien faire. Désolée de ne pas avoir appris le métier avant même d'avoir commencé mon premier stage ! Je n'avais alors que des bases théoriques et un cours sur la réfection des lits. Tout au long de ce stage, je n'ai entendu quasiment que des remarques blessantes sur mon travail, ou sur moi même. J'ai finis par avoir l'habitude de m'enfermer dans les toilettes trois fois par jour pour pleurer, pour un peu lâcher prise avant de retourner obéir aux ordres que l'on me donnait sans rien dire car il fallait être la stagiaire parfaite... Chaque soir je rentrais chez mes parents et je finissais par pleurer. J'étais à bout de nerfs. Je me remettais sans cesse en question, mais j'ai tout de même terminé mon stage. Un bilan de stage correct, mais rempli sans moi. Peu importe... j'avais enfin fini et c'était les vacances de Noël !

La plupart des infirmières me méprisaient, moi la "petite-etudiante-de-premiere-annee-premier-stage" qui ne savait rien faire

Une expérience en chasse une autre...

Quel soulagement ! Vacances, fêtes, révisions, partiels, résultats. J'obtiens tous mes ECTS du premier semestre. Je suis fière de moi et mes parents aussi. Petit à petit arrive le mois de mars et donc le nouveau stage : 10 semaines en EHPAD. Le stage en général se passe bien, mis à part que les professionnels m'ont fait faire une MSP même si cela n'existe plus ! Mais je m'en suis plutôt bien sortie. L'entente avec les infirmières est bonne et, lors du bilan de mi-stage, tout le monde est très content de moi. La fin du stage arrive, je vais récupérer mon bilan de stage (encore une fois complété sans moi malgré ma demande de le remplir en ma présence) et là, quelle surprise ! Un bilan catastrophique, presque que des compétences non acquises, un commentaire méchant et qui ne correspond pas du tout au déroulement de mon stage et à ce qu'on m'en avait dit. Je demande des explications mais tout ce qu'on me répond c'est que ce n'est pas si catastrophique... Après tout je ne suis qu'en première année c'est normal !
A ce moment là j'étais à bout, pourquoi autant d'efforts pour rien ! Je me suis remise en question sans cesse, j'ai essayé de m'adapter au lieu de stage, j'ai demandé à mes tuteurs s'il y avait des problèmes et on m'a toujours dit que tout allait très bien alors c'est l'incompréhension totale.

Niveau théorie j'ai validé tous mes partiels mais mon deuxième stage ne le sera pas. Ma mère s'inquiète de me voir pleurer tous les jours. Je fais donc un stage de rattrapage en psychiatrie. J'y découvre un service génial qui me plaît énormément, une équipe dans l'ensemble assez gentille malgré une ou deux exceptions. J'obtiens un bilan de stage très satisfaisant. J'ai réussi à acquérir pas mal de compétences. Mais malheureusement ce stage n'aura pas réussi à me redonner goût à la formation. 

Parfois il vaut mieux savoir arrêter, ce n'est pas une marque de faiblesse, au contraire...

Tomber la blouse...

J'ai décidé de suspendre la formation, peut être la reprendrai-je un jour qui sait... Ce système, ce fonctionnement, ce manque de professionnalisme de la part de certains soignants (car rappelons le, participer à la formation des ESI fait partie du rôle propre des infirmiers) auront réussi à m'écarter de ce que je pensais être ma vocation.

Aujourd'hui je suis déçue de ne pas avoir réussi à passer au delà de tout ceci, mais parfois il vaut mieux savoir arrêter, ce n'est pas une marque de faiblesse au contraire.  Ma situation n'est pas unique malheureusement, elle fait ressortir les problèmes du fonctionnement de la formation ainsi que l'attitude de certains professionnels envers les étudiants. Malgré tout, je voudrai dire merci à ces exceptions, cette infirmière qui m'a dit me comprendre car elle était exactement comme moi à ses débuts, ces patients à qui j'ai tendu la main et qui en retour ont su me montrer leur humanité, ceux qui m'ont souri, caressé le bras, qui m'ont dit que j'étais douce, que j'étais faite pour ce métier, qui m'ont complimenté, qui ont parfois pleuré devant moi, qui m'ont montré leur confiance en moi. A ces patients qui ont vu que parfois mon stage était difficile et ont essayé de me réconforter. A cette patiente, ancienne infirmière, qui m'a dit "faites ce qui vous rend heureuse", aux professionnels qui ont su m'aider et m'apprendre car il y en a tout de même eu, je dis merci. Merci pour votre aide, votre humanité, votre soutien, donné parfois inconsciemment, mais qui m'a aidé. Les moment vécus avec chaque patient sont pour moi des moments magnifiques, ce métier est un des plus beaux du monde, je ne doute pas de lui mais plutôt des moyens mis en oeuvre pour aider les étudiants à arriver au bout de leur trois années d'étude. Aujourd'hui je me reconstruis petit à petit, mais je n'oublierai jamais cette année qui m'aura tout de même fait vivre des moments magnifiques, notamment avec les patients. Je n'oublie rien et surtout pas le "faites ce qui vous rend heureuse" et je m'y active.

mimi51095 
Inscrite à présent pour une licence de sciences de la vie afin de travailler dans les laboratoires d'analyse médicales ce qui va lui permettre de rester dans le domaine de la santé


Source : infirmiers.com