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ESI

« Existe-t-il encore beaucoup de soignants heureux ? »

Publié le 25/08/2020

Soigner avec bonheur ? En pratique, ce n’est pas tout à fait cela. Conditions de travail difficiles, salaires peu attractifs, problème de valorisation et d’évolution de carrière… et pourtant, les IFSI sont très demandés si on en croit les vœux sur Parcoursup ! Ceux qui tentent l’expérience des études en soins infirmiers semblent plus motivés que jamais alors que dans les médias comme sur les réseaux sociaux les soignants aguerris paraissent, eux, désabusés. Sur le forum d’Infimiers.com, une future ESI se permet donc la question : les infirmiers heureux de l’être sont-ils encore nombreux ?

"Je pense qu'il ne faut pas pour autant idéaliser notre profession pour éviter les déceptions, mais se lancer avec la tête sur les épaules et rester au plus près de ses valeurs. Alors oui les infirmières heureuses et épanouies cela existe !"

J'ai été admise en IFSI il y a quelques jours. J'étais très heureuse au départ ! Mais les réactions de mes proches ont brisé mon enthousiasme, gelé mon excitation, m'ont fait perdre ma confiance en mes capacités à m'épanouir dans les études et le métier ... A les entendre, je ne pourrais pas être heureuse en étant infirmière et, blessée, je commence à y croire. Pour me rassurer, j'ai voulu retrouver tous ces portraits de soignants heureux, épanouis dans leur métier, confiants dans leur capacité à soigner, qui me donnaient tellement envie de devenir "eux", raconte Nursister sur notre forum. La future étudiante en soins infirmiers avoue avoir surtout trouvé des témoignages de personnes qui ont pris la décision de laisser tomber leurs blouses, ce qui la chagrine. Il y a les ESI qui deviennent anxieux et dépressifs suite à des stages. Existe-t-il beaucoup de soignants heureux ? Heureux dans leur métier ?, se demande-t-elle.

Le bonheur est comme le mercure, difficile à tenir, et quand on le laisse tomber il se brise en mille morceaux. Peut-être que les plus courageux sont ceux qui ont le courage de le reprendre -Mary Higgins Clark

Pas d’idéalisation, juste de la motivation

Bien entendu, aucune profession n’est parfaite et celles au service des autres ont parfois tendance à être idéalisées mais Nursister reste persuadée d’avoir pris une décision éclairée et de ne pas être dans ce cas. Je sais que c'est un métier particulièrement éprouvant physiquement et psychologiquement, pour de nombreuses raisons, et encore plus avec certaines politiques. Je lis beaucoup de témoignages de soignants accablés, de plaintes des syndicats infirmiers... Si j'ai un aperçu des difficultés que je vais rencontrer, cependant, c'est le métier que je veux faire, rien d'autre ne m'attire…

Si certains forumeurs plus expérimentés lui font remarquer que vivre une situation au quotidien est bien différent que de lire des témoignages, cela ne décourage pas pour autant Nursister qui ne veut pas devenir IDE pour pouvoir porter des crocs au travailJe veux faire ce métier parce que je veux contribuer d'une manière ou d'une autre à soigner des personnes qui en ont besoin, des personnes malades, des blessés, des personnes âgées et dépendantes... Elles ont besoin de soignants et je suis disposée à en faire partie. Je pense avoir des qualités "favorables". Si cela ne fait pas tout, je dispose d’une motivation qui, après une formation, pourra servir à quelque chose. Je préfère travailler avec des personnes souffrantes et des mourants, plutôt qu'avec des "clients", ou rester à traiter des documents. Je suis à l'aise avec cela, c'est là que je veux être.

Même si les patients sont des personnes humaines et donc beaucoup moins "faciles" à gérer que des dossiers ! Je m’intéresse énormément aux questions sanitaires et sociales. Je veux que mon métier ait un lien avec cela. Je veux être aux côtés des patients, malgré les contraintes de temps. En outre, les soins infirmiers m'intéressent particulièrement parce qu'ils sont assez variés : il y a à la fois (plus ou moins) de la technique, de la surveillance, du relationnel, de l'administratif... ce qui me convient. Enfin, c'est un métier dans lequel on se "donne" vraiment, il faut être réfléchi, organisé, attentif, puiser en profondeur dans nos ressources et notre énergie, et j'aime me donner à fond dans ce que je fais, même si c'est épuisant.

 Accroche toi, et ne te fais pas une opinion d’après ce que les autres te disent ou entendent sur BFM !

L’important n’est pas tant le travail que les personnes avec qui on travaille !

Sur ce sujet, la jeune femme a pu trouver du soutien parmi plusieurs infirmiers. En effet, toutes les générations de soignants ont été sensibles à ses arguments. Ceux-ci évoquent un métier aux compétences diverses, où l'on ne s'ennuie jamais, et où l'on rencontre beaucoup de personnes intéressantes, notamment des collègues. Maintenant à la retraite, je ne suis pas mécontente du métier. Il m'a permis de passer d'une ville à l'autre, d'apprendre finalement beaucoup de choses très variées. C'est une profession où on est au plus près des gens et de la vraie vie. J'ai été entourée de collègues très futées, pointues dans leurs connaissances et, dans l’ensemble, ils furent de très bons camarades, se remémore Execho.

De son côté Lafolldingue, jeune diplômée (depuis 2018) ne regrette absolument pas son choix non plus pour des raisons similaires. Quel que soit le poste, j’ai eu la chance de travailler avec des collègues au top, avec une excellente cohésion de groupe. Mon métier je l'aime et je le savoure chaque jour par tout ce que j'y apprends, humainement et professionnellement. Il y a des contraintes, mais quand on s'engage vers cette voie, on le sait. Je pense qu'il ne faut pas pour autant idéaliser notre profession pour éviter les déceptions, mais se lancer avec la tête sur les épaules et rester au plus près de ses valeurs. Alors oui les infirmières heureuses et épanouies cela existe ! Pour Caqui13, elle aussi pas loin de la retraite, ce qui change tout c'est sur qui on tombe ou plutôt sur quel genre de collègue. A mon avis, tout dépend de l'équipe, ce n'est pas le travail le plus embêtant, c'est les autres. Si tu es dans un service où l'équipe est sympa tu te régales, même s'il y a beaucoup de travail.

Le Bonheur est un état d’esprit. Il s’agit de la façon dont vous regardez les choses -Walt Disney

Ne pas écouter les autres, se faire sa propre opinion

Parmi les forumeurs, certains ont également conseillé à la future soignante de ne pas trop écouter les autres quand il s'agit des choix de vie. Notamment pour Rinou06, les blogs, les forums et les réseaux sociaux sont des lieux où, par définition, on se plaint beaucoup et on ne parle que trop peu de ce qui est positif. Peu importe le sujet, les gens viennent plus facilement pour parler de ce qui les gênent que pour dire que tout va bien. Ce qui ne signifie pas qu’ils représentent la majorité. Vannille64 se montre particulièrement franche et suggère à Nursister de s'affranchir du regard des autresS'il s'agissait simplement de devenir toi, en faisant ce choix plutôt que de devenir "eux". 

Cosmos choisit la pédagogie, mais le message est relativement similaire. N'étant pas infirmière, mais aide-soignante, je te dirais de ne pas écouter ton entourage, mais toi-même. Toi seule sait ce qui est bon pour toi et ce qui te convient. Personnellement, au bout de 30 ans d'exercice, je me sens toujours épanouie. Mon métier est très riche en humanité. On en apprend tous les jours sur la condition humaine. Du bon, du mauvais. Mais c'est ainsi. Les personnes soignées te font avancer, t'aident à apprendre la vie. Pour l'AS, le plus important justement est de ne pas se laisser polluer par le négatif notamment par des collègues ou des cadres antipathiques. Il faut passer outre, prendre du recul, relativiser, sinon, tu vas te faire bouffer intérieurement et, au final, cela te retombera dessus. Sois forte et sois toi-même. Je te dirais : Fonce ! N'écoute que toi.

Quant à Lenalan, elle admet ne pas avoir été emballée par l'idée que sa propre fille entame des études en soins infirmiers mais elle l'a soutenu pour passer le concours. Chacun vit les choses à sa façon et fait sa propre expérience donc je n'ai rien à dire (et ton entourage non plus).

Des problèmes il y en a dans beaucoup de secteurs

Pour Longimanus, la question est difficile, l'échelle du bonheur n'est pas évidente à établir : je ne sais pas si les soignants heureux sont nombreux mais c'est comme partout, on trouve de tout. Il suggère tout de même à la future étudiante de réfléchir sur sa motivation car sans aller jusqu'à idéaliser la profession, si elle a déjà des doutes avant de débuter la formation, la suite s'annonce difficile. Mais le métier d'infirmière offre pleins de facettes différentes. Dans ce métier (comme dans tous les métiers je suppose) il y a des avantages et des inconvénients. L'essentiel c'est de trouver ton équilibre, et j'ai rencontré des IDE qui l'avaient trouvé. A toi de voir si le tien est dans cette voie.

En effet pour Lenalan la profession infirmière est un métier comme un autre avec ses contraintes associées. Faire cela ou coiffeuse, c'est pareil, il faut bien gagner sa vie, et "travailler" est incompatible avec "rêve" pour moi. Elle admet ne pas se sentir épanouie dans son exercice quotidien . Ancienne aide-soignante aujourd'hui infirmière libérale, elle est pourtant toujours restée dans le monde du soin et a réalisé une belle évolution de carrière. Disons que quand cela ne va pas quelque part, je ne m'enferme pas dans quelque chose qui ne me convient pas au risque de devenir blasée et aigrie, je m'en vais avant. La professionnelle reste toutefois optimiste. Je n'ai pas encore trouvé le service ou l'exercice "de mes rêves" (le libéral ce n’est pas ça non plus) mais ça viendra peut-être un jour, j'ai encore 23 ans à travailler avant la retraite. Elle avoue d'ailleurs qu'elle ne regrette pas vraiment ses choix même si elle s'est tournée vers un métier de merde comme elle le dit elle-même : Je pense que si j'avais 20 ans je ferais quand même IDE.

Plus philosophe, Eliane2 se demande s'il existe encore beaucoup, de manière générale, des personnes heureuses dans leur travail, épanouies dans leur profession ? A mon avis, il n'y a ni plus ni moins de soignants heureux que dans les autres métiers. Enseignement, banque, agriculture, ouvrier en mécanique... Je vois beaucoup de professionnels en grande souffrance dans tous les domaines. Les plaintes sont partout, dès qu’on y prête l'oreille... Le contexte économique met certaines professions sous tension, le management de plus en plus tourné vers la quantité que vers la qualité, le système est obnubilé par la productivité… tout cela va de pair avec une humanité au travail souvent mise sur le bouton "off". Et l'hôpital en est un bon exemple mais malheureusement il n'est pas le seul... Le plaisir d’exercer le métier d'infirmier existe bel et bien. La souffrance du soignant existe aussi. En conclusion, je pense qu'il faut se lancer vers ce qui nous attire et c'est en exerçant que tu sauras. La vie, c'est aussi des choix et des risques. L'opinion des autres n'est pas toujours aidante ni éclairante...

Le bonheur n’est pas toujours dans le ciel bleu, mais dans les choses les plus simples de la vie - Confucius 

Et vous, pourquoi avez-vous décidé de devenir soignant ? Vous sentez-vous heureux dans votre métier ? Pensez-vous que ce soit encore le cas pour la majorité des professionnels de santé ? N'hésitez pas à donner votre opinion et à réagir à ces témoignages sur notre site, notre forum ou sur les réseaux sociaux !

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com