Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

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PORTRAIT / TEMOIGNAGE

ESI : "Mon entourage méprise le métier d’infirmier !"

Publié le 03/08/2020
ESI :

ESI :

"Rassure-moi, tu pourras devenir médecin après ? (…) Ton salaire, ce n’est rien du tout !" Si de nombreux sondages montrent que les Français tiennent à leurs soignants, apparemment certains d’entre eux préféreraient que leurs enfants choisissent une autre voie. Pas assez rémunéré, pas suffisamment prestigieux selon leurs codes, comment réagir quand on est étudiant en soins infirmiers, et que notre entourage dénigre notre futur métier ? C’est la question que Muezza20 a posée sur notre forum. Des interrogations qui en ont fait réagir plus d’un !

Comment réagir face aux jugements de ses proches sur la carrière que l’on a choisie ?

Compétents, courageux, sympathiques et à l’écoute de leurs patients, voilà les termes élogieux qui viennent à l’esprit de 8 Français sur 10 pour parler des infirmiers selon le dernier baromètre santé 360 . De même, plus de la moitié des Français recommanderaient cette profession à leur progéniture. Pourtant certains ne partagent pas cette opinion, loin de là !

Beurk dégueulasse comme métier", me dit ma mère alors que je faisais le pansement souillé de mon cousin. Mon père, de son côté, lui demande "qui est-ce qui t'as dit de faire ce type de pansement ? C'est le médecin j'espère, pas l'infirmier". Ma mère m’interroge toutes les semaines sur mon futur salaire et suite à la réponse s’exclame "à peine ? Mais ce n'est rien du tout !" Des exemples comme ceux-là, j'en ai plein !. Voici l’expérience désagréable à laquelle est confrontée Muezza20. Il n’est jamais facile de se sentir jugé, d’autant plus par sa propre famille. La jeune étudiante en soins infirmiers, qui vient de débuter sa deuxième année, ne sait pas trop comment réagir face à ces remarques désobligeantes venant de ses proches. Alors que son moral en pâtit : Malheureusement toutes ces paroles restent dans ma tête. Ce sont des membres de ma famille qui me parlent de mon futur métier comme si c'était une honte d'être infirmière. Même si je ne devrais pas, je suis attristée de savoir que ceux que j'aime jugent la profession que j’ai choisie. Cette situation la fait douter au point qu’elle se demande si elle ne devrait pas se réorienter vers des études de maïeutique pour ne plus subir ces brimades.

De nombreux forumeurs n’ont pas hésité à réagir face à ce témoignage. Souvent agacés, parfois amusés, certains ont su conseiller et d’autres ont fait partager ce qu’eux, personnellement, ont entendu comme paroles d’ encouragements face à leur choix professionnel.

L'essentiel est que vous soyez persuadé(e) de vouloir faire ce que vous faites.

Pas prestigieux à vos yeux mon métier, et alors ?

Beaucoup suggèrent à Muezza20 d’ignorer ces propos. Si ses motivations sont sincères, il lui faut juste apprendre à ne pas écouter les critiques même quand elles viennent de ses parents. Laisse dire, ce qui importe c'est si ce métier te plait ou pas, c'est le seul critère ! Pour le salaire, tu n'as qu'à leur dire que tu veux faire infirmière libérale et que tu gagneras 6000€/mois (tu n'as pas besoin de leur parler des charges). Il faut s'affranchir de l'avis des autres y compris celui de papa/maman, estime Lenalan. Une opinion partagée par Lafolldingue : C'est TA carrière, et tu ne feras pas ta vie avec tes parents. On ne choisit pas en fonction du qu'en dira-t-on !!! En attendant ils étaient bien contents de te trouver pour le pansement....

Pour certains, avoir des points de vue divergents avec ses proches ne change pas nécessairement la relation que l’on entretient avec eux. J'ai mis un moment à comprendre que mes parents ne sont pas particulièrement fiers de mon métier, et qu’en même temps ils m'aiment à la folie !, explique Execho.

Pour Augusta, ce n’est pas grave que les membres de sa famille ne pensent pas comme nous. Vous dites que cela joue sur votre moral et vous attriste. Pourquoi ne pas réfléchir aux arguments qui vous permettraient de défendre la profession que vous avez choisie ?. Blocop se montre plus philosophe. Moi je les trouve plutôt rigolos. Ils partent sur des représentations, à toi de leur montrer tout ce qui est important dans notre métier, tout ce qu'on est capable de faire, tout ce qu'on est capable d'encaisser, comment on sait s'adapter à différents services. Et puis tu peux les rassurer en leur disant qu'au moins tu sors avec un métier, ce qui n'est pas le cas pour beaucoup d'autres formations (comme la fac).

 Un bon nombre des personnes qui critiquaient mon métier (mes parents, entre autres) sont revenus sur leurs propos quand ils ont fréquenté les lits d'hôpitaux.

On passe de ceux qui nous prennent pour les torches-culs aux admirateurs béats 

D’autres internautes ont vécu des expériences similaires et partagent leur façon de relativiser. Phil par exemple, raconte que, socialement, on remarque bien que la profession ne fait pas rêver. A une soirée où je suis allé, après avoir fait connaissance tout le monde s’échangeait ses adresses... Mon beau-frère est ingénieur en nucléaire, untel était chauffeur d'ambassade... Moi, infirmier, je n'intéressais personne. Pourtant ils ont plus de chance d'avoir un jour besoin d'un infirmier que d'un ingénieur nucléaire... se remémore-t-il. Si certains ont cet avis sur ce métier c’est parce qu’ils ignorent en quoi il consiste vraiment. J'ai fait visiter mon service à ma nièce qui entamait des études de médecine. Elle a pu voir des professionnels en poste de dialyse-plasma-aphérèse. Cela implique 3 machines complexes par patient fonctionnant simultanément. Elle a été impressionnée, elle ne savait pas qu'on faisait tout ça, nous, infirmiers..., poursuit-il.

Pour Leopold Anasthase, le problème est justement là : l’ignorance. Des clichés, vous en aurez. Piquer le postérieur des gens, cela fait partie du métier. Quand Bernard Tapie faisait de la politique, un journaliste lui avait un jour posé une question relative à la pénurie d'infirmiers. Il avait répondu qu’"il suffit de former 50 000 infirmières en six mois". Des amis me demandaient pourquoi il fallait trois ans pour former une infirmière. Apprendre à faire une intramusculaire, une intraveineuse et un pansement, ça ne prend pas trois ans ?. En parallèle, à côté, il existe aussi les admirateurs béats. Apparemment, après une expérience dans un établissement de santé en tant que patient, le jugement change. On comprend mieux ce que cela implique d’être infirmier. Un bon nombre des personnes qui critiquaient mon métier (mes parents, entre autres) sont revenus sur leurs propos quand ils ont fréquenté les lits d'hôpitaux. L'essentiel est que vous soyez persuadé(e) de vouloir faire ce que vous faites. Ensuite, vous pouvez choisir de répondre aux propos désobligeants, défendre votre métier, ou patienter. Un jour ou l'autre, ils auront affaire aux infirmières. Peut-être qu'ils réviseront leur jugement....

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Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com