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COURS IFSI

L’examen clinique : fondement de la profession infirmière

Publié le 30/01/2017
prise de tension d

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L’examen clinique est une démarche essentielle réalisée par les praticiens de santé (Médecin, Infirmier,...) qui se décompose en deux phases. Rattaché au rôle propre et autonome des infirmiers, il permet une plus-value évidente en ce qui concerne la qualité et la sécurité des soins tout en répondant au mieux à l’évolution et à l’exigence réglementaire professionnelle.

L'examen clinique du patient fait partie du rôle de l'infirmier.

L’examen clinique apparaît avec Hippocrate. Il pratique la médecine au lit du malade en notant les changements de température et en goûtant ou sentant les différentes humeurs. Après lui, des observations mesurables sont mises en évidence, comme le pouls, et des outils comme le stéthoscope continu à développer cette pratique. L’art infirmier émerge en Angleterre au XIX siècle avec les travaux de Florence Nightingale qui lie hygiène, éducation et médecine. Grâce à son engagement, sa notoriété et à la force de ses propositions, elle crée le premier centre de formation d'infirmière en novembre 1855. Pour elle, l’observation nous indique comment est le patient ; la réflexion, ce qu’il faut faire ; la formation, comment il faut le faire. Dans les soins infirmiers, l’observation de l'état de santé de la personne est un axe essentiel de notre pratique qui nécessite une formation. L’examen clinique du patient est au cœur de la pensée des infirmières « Nightingale » et guidera la construction de la profession à travers le monde.

Qu'est-ce que l'examen clinique aujourd'hui ?

L’infirmier est un praticien de santé qui dispense des soins de manière autonome ou en collaboration, à tous les individus, quel que soit son cadre d’exercice1. Il évalue l’état de santé et analyse les situations afin de concevoir des projets de soins personnalisés2 et d’organiser la surveillance des patients. Il planifie, prodigue et évalue des soins qui englobent la promotion de la santé, la prévention de la maladie, ainsi que ceux dispensés aux personnes malades, handicapées et mourantes. L’examen clinique consiste en une évaluation attentive et soutenue des paramètres cliniques physiques et mentaux sans l'aide d'appareils électroniques. Cette analyse des constats tient compte des antériorités du patient et s’organise en utilisant une méthodologie précise faisant appel au raisonnement clinique.

Dans le premier temps de l’examen clinique, l’infirmier s’efforce d’appréhender le contexte de la consultation, l’histoire de santé du patient ainsi que les symptômes exprimés grâce à l’entretien clinique. C’est un échange verbal et non verbal lors d'une discussion, permettant de recueillir 70 % de données, subjectives, orientant la suite de l’examen. L'entretien clinique est une compétence qui est développée au sein des Instituts de Formations en Soins Infirmiers (Ifsi). Une méthode de questionnement mise en avant pour son exhaustivité est le « PQRST » (P : Provoqué par / Pallié par, Q : Qualité, R : Région, S : Sévérité, T : Temps).

Dans le deuxième temps de l’examen clinique, l’infirmier s’efforce de recueillir des informations de façon raisonnée et méthodique grâce à l’examen physique (inspection, palpation, percussion, auscultation). C’est un échange verbal et non verbal lors d’un contact physique, permettant de recueillir 30 % de données, objectives, confirmant ou non les hypothèses diagnostiques de l’entretien clinique. L’examen physique est une compétence peu développée au sein des Instituts de Formations en Soins Infirmiers malgré une méthodologie bien établie.

Le cadre réglementaire

Les reformes réglementaires ainsi que l’évolution de nos pratiques professionnelles font de l’apprentissage et de la pratique de l’examen clinique une nécessitée. Selon le référentiel de formation , il permet d’évaluer une situation clinique afin d’établir un diagnostic dans le domaine infirmier. Il est notamment utile pour évaluer l’état de santé d’une personne afin de planifier des soins et d’organiser des surveillances adaptées3. Selon le code de santé publique, l’examen clinique est une démarche qui se place sans ambiguïté dans le rôle propre et autonome des infirmiers . En effet, l’infirmier contribue au recueil de données cliniques et épidémiologiques4. Il participe à l’évaluation de la dépendance des personnes et à leur surveillance clinique5. Il recueille les observations de toute nature permettant de connaître l’état de santé d’une personne et d’assurer sa surveillance à l’aide de moyens non invasifs6. Récemment, la déontologie professionnelle appuie l’importance de l’examen clinique des patients en précisant que l’infirmier doit l’écouter et l’examiner avec conscience7 et qu’il communique aux autres professionnels de santé toute information en sa possession susceptible d’améliorer la prise en soins8.

Les formations

Il est indispensable que les formations continuent à s’adapter pour répondre à l’évolution du système de santé. La formation initiale à un rôle essentiel pour promouvoir les savoirs nécessaires à la pratique de l’examen clinique. Cette compétence doit être mobilisée tout au long des études afin de permettre une future pratique professionnelle légitime. La formation continue , quant à elle, doit permettre le maintien et le perfectionnement de cette compétence afin d’améliorer les conditions de formation des futurs professionnels ainsi que l’optimisation des prises en soins des personnes.

Une valorisation du rôle propre

L’examen clinique intéresse les infirmiers dès le 19 siècle. Il a depuis énormément évolué, mais en France, dans la profession d’infirmier, il a trop souvent été réduit au seul entretien clinique minimisant l’examen physique. Pourtant, ces deux phases sont indissociables. L’examen clinique est incontournable dans l’exercice de la profession d’infirmier. Il permet de retrouver une identité propre afin de nous détacher de la place d’exécutant qui ne nous correspond plus. Tout en respectant le cadre réglementaire, l’examen clinique permet de valoriser le rôle propre de l’infirmier priorisant l’examen du patient afin d’adapter au mieux les soins. En intégrant cette démarche, l’infirmier gagne en autonomie et crée une dynamique motivante qui permet d’optimiser ses compétences. Il participe alors à l’amélioration et à la sécurisation des soins, en prenant toute sa place dans la collaboration pluriprofessionnelle dans l’intérêt du patient.

Nicolas Sanchez Infirmier Diplômé D’État nicocrf@yahoo.fr

Notes

  1. Conseil Internationale des Infirmiers
  2. Code de santé publique – Article L4311-1
  3. Arrêté de formation du 31 juillet 2009 relatif au D.E.I. – Annexe 1 – Compétence 1 - Activité 1 – 4 – 5
  4. Code de santé publique – Article R4311-1
  5. Code de santé publique – Article R4311-2
  6. Code de santé publique – Article R4311-5
  7. Code de déontologie des infirmiers – Article R4311-11
  8. Code de déontologie des infirmiers – Article R4311-41

Source : infirmiers.com